Childish Gambino ✖︎ Awaken, My Love

Profession Ambianceur

Donald Glover, alias Childish Gambino, enchaîne les projets et se voit comme un entertainer plus qu’un chanteur, comique de stand-up ou acteur. Vu sous cet angle, cela permet de comprendre sa discographie bordélique composés d’albums, de mixtapes et ayant démarré sur des impros sur des sons de Grizzly Bear postés sur YouTube. Ce « troisième » disque arrive juste après sa série Atlanta, entouré d’un beau succès critique. Question récurrente avec le bonhomme : à quoi s’attendre ?

Si Awaken, My Love ne me séduit pas entièrement, il rentre complètement dans la logique de son auteur. Autre démonstration du talent de son chanteur dans le divertissement, il ajoute la funk à son escarcelle avec tout ce que cela implique. Bye-bye le flow assassin, ses raps furieux et fougueux. Comme l’embrayaient ses mixtapes, le virage est rétro, sensuel, funk. Si l’on pouvait le confondre avec Michael Jackson sur Kahuai, on pouvait déjà le prendre pour Prince sur « Redbone ». A tel point que ce disque ne retrouve la voix du Gambino qu’on connaissait sur son dernier titre. Bardé d’effets, on pourrait même croire que l’album est une usine à featurings. Une couleur Macy Gray sur « Baby Boy », n’importe quel autotune dégueulasse sur l’horrible « California », du Bootsy Collins par endroits. Donald Glover est en perpétuel mouvement. Rappeur show off sur son premier disque, qui s’amuse avec les formats d’albums et de morceaux sur le suivant et lissant son style sur sa mixtape suivante en glissant vers le R’n’B.

Le rap, c’était mieux quand Gambino en faisait. Et inversement.

Là où la hype critique sur ce disque m’échappe, c’est que le vernis funk finit par craquer. Les morceaux ont du mal à finir et s’étirent sans raison(« Stand Tall », « Terrified »), sont juste too much (« Baby Boy », « Zombies ») ou sonnent clichés et déjà entendus (« Boogieman »). Autre écueil, le groupe prend clairement le pas sur la voix à l’image de « The Night Me and Your Mama Met » qui nous balance carrément une instrumentale.

Si l’on ne doit garder que les titres fonctionnant du début à la fin, seuls « Riot » et « Redbone » résistent au choc. On ne reprochera à un artiste de ne pas vouloir se répéter mais les virages prennent parfois des tournures assez délicates à négocier. Tantôt dans l’ambiance robe de chambre bougies et éclairage tamisé, parfois à deux doigts de chansons avec une instrumentale jouée avec des instruments pour enfants (encore cette immonde « California ») : difficile d’accrocher. Grande déception personnelle, carton critique, Awaken, My Love est un album complexe. Sûrement pas autant que son auteur et c’est pourquoi j’attends la suite avec une très grosse impatience.