Last Train ✖︎ Fragile

Vous le savez, régulièrement, nous recevons des liens, des CD nous expliquant que ce qui se trouve sur la galette ou dans le fichier MP3 est la prochaine sensation qui donnera un sens à notre vie. Bon okay, j’abuse. Néanmoins, tout le monde sait qu ce genre de discours est forcément faux. Il n’y a qu’un Dieu à même de donner la vie, Trent Reznor. ARRÊTEZ DONC LES MENSONGES CHERS MESSIEURS-DAMES DES LABELS. Plus sérieusement, on a quand même régulièrement de belles surprises et Last Train en fait finalement partie. À mon plus grand désarroi. Explications pleines de mauvaise foi.

Thèse.

last-train-fragileVous voulez vous assurer que je n’écoute pas un album ? Dites-moi que le groupe est français. Qu’il fait du rock. Que le chanteur s’appelle Jean-Noel et que lui et ses joyeux copains ont moins de 20 ans. « Non mais les gars, Visual n’est PAS un refuge pour amateurs frustrés de BB Brunes ». Tout faux Jean-Pierre, ici, déjà on chante en anglais, ce qui est un bon début ! Au-delà de la langue, Last Train a surtout réussi à me surprendre, musicalement, et pourtant ça partait de loin. Les 4 garçons de Mulhouse (non mais Mulhouse, ça rime avec lose à la base et pas rock n’roll), bien que jeunes, ont déjà claqué 120 dates live ! Et même assuré la première partie des dinosaures Johnny Hallyday ou encore les Insus (portables, n’oubliez jamais la seconde moitié, c’est la plus importante chez eux) et pourtant, ET POURTANT ! Je ne vais pas devoir forcer énormément pour jeter une oreille encore et encore sur ce nouvel EP. Nan mais moi, me dire qu’ils ont fait la première partie de Johnny, autant me dire qu’il ont déjà fait une reprise de « Highway To Hell ».

Antithèse.

Cet EP, « Fragile », qui préfigure leur premier album (prévu dans quelques mois) attaque d’entrée avec un single redoutable « Way Out », la basse est énorme et le son fait penser direct à Royal Blood. Les alsaciens se paient même le luxe de claquer un solo de guitare quasi dissonant sans que cela ne choque, le tout porté par une utilisation d’un son qui fuzz(e) bien comme il faut. Oui, putain, je suis surpris, je dois l’avouer.
Le groupe ne semble pas se cacher derrière des postures ou des « simil-imitations » de grands groupes, allant jusqu’à créer une vraie rupture dès le second titre « House On The Moon », plus mid-tempo et s’appuyant sur la voix de Jean-Noel, jeune gamin de moins de 20 ans,  qui prend toute sa place grâce à un timbre plutôt rauque. Alors même si au fond, je suis moins fan de ces compos plus lentes, je ne peux que concéder l’habile composition qui en ressort avec son clavier soutenant la rythmique, tout en discrétion. Parce que tout le monde sait que le rock, c’est de la drogue et des guitares. Et éventuellement des dragsters.
Retour aux affaires de gros son avec le troisième titre « One Side Road », très rock n’roll laissant la part belle aux guitares (cette basse qui vrombit en permanence), pas étonnant que les 4 musiciens se soient félicités un temps de partager la scène avec les Black Rebel Motorcycle Club tant on les imagine aisément vouloir s’offrir le même destin musical, surtout à l’écoute de ce type de titres.
Le quatrième titre « Fragile », permet au groupe d’approcher les 7 minutes de composition en tension permanente, à deux doigts de l’explosion mais finalement contenue, le titre n’a rien d’un pétard mouillé.
Alors certes, je pourrais évoquer le fait qu’il ne s’agit que de 4 titres mais déjà en 2015, le quatuor enregistrait un premier EP de 4 titres qui ne dénote pas plus et comprend quelques petits moments de bravoure (l’enthousiasmant « Cold Fever » qui pourrait être sur bon nombre de compil’ rock US).

Synthèse.

Le groupe ne se cache pas et semble doté de cette assurance effrontée de la jeunesse, celle qui ne se pose pas de questions et imagine chaque jour que le monde lui appartient, ça tombe bien ! C’est sûrement cette même volonté qui permet aux Last Train d’aller rouler des mécaniques avec une certaines réussite, signalons au passage que les compos sont souvent autour de 5mn, preuve que l’on peut être jeunes et pressés d’aller à la rencontre du public mais en le faisant avec une certaine capacité à poser ses mélodies. Chapeau, je surveillerai la suite, en espérant quand même qu’on sera plus dans le rock musclé que les titres plus posés (pure sensibilité personnelle sur ce point), même si le premier EP tendait plus au son décomplexé, je reste donc confiant !