Radiohead ✖︎ A Moon Shaped Pool

Dans la lune.

Qui se souvient de King of Limbs ? Un disque plus connu pour son premier clip, sa danse improbable et ses t-shirts que pour son contenu. Atoms for Peace, Tomorrow’s Modern Boxes, la carrière de DJ de Thom Yorke, les B.O de Johnny Greenwood et les albums de Phil Selway et nous voici 5 ans plus tard avec A Moon Shaped Pool. Attendu le rictus au coin des lèvres et l’œil suspicieux, ce petit nouveau de Radiohead est sorti une fois de plus sans respecter les codes de « l’industrie » musicale et a été partagé deux jours après son annonce.

Calme, sérénité, apaisement sont les mots revenant le plus souvent lors des premières écoutes. L’album revêt de suite un caractère majestueux qui sied parfaitement à l’ambiance qu’il dégage. Un constat précipité lié à l’attente, à un groupe qui ne passionne plus et nous ferait sauter sur le premier morceau correct ?

Entre deux.

amoonshapedpoolradiohead100000x100000-999Ce Radiohead 2016 sonne comme le chaînon manquant entre Hail to the Thief et In Rainbows. Moins tordu que le premier, moins touchant que le second, AMSP échoue parfois à trouver la juste note. Sans être assommant, il ne s’excite jamais. L’engouement vient par touches : les guitares sur la fin de  » Decks Dark « , le rythme up-tempo d’une « Burn The Witch » voire la folk d’une  » Desert Island Disk  » flirtant presque avec certains titres d’OK Computer.  » Daydreaming  » est une lente descente, sans tomber dans la complainte. L’album ne manque pas de beaux moments mais suffisent-ils pour convaincre ?

Est-ce que ce nouveau disque est à la hauteur de l’ampleur médiatique qu’il suscite ? Est-ce qu’il est meilleur que son décrié prédécesseur ? Pas vraiment. L’atmosphère délétère peut s’expliquer par la rupture récente de Thom Yorke après 23 ans de relation. Si ils n’avaient pas le statut de roi de la fête, cet album ne sera toujours pas le départ de beaucoup de farandoles. Les sons n’apportent pas grand-chose de nouveau, à part l’intégration du London Contemporary Orchestra qui ajoute du corps aux compositions élaborées par Johnny Greenwood réconfortant les inspirations de ces récents travaux pour Paul Thomas Anderson. Mais plus que tout, on a l’impression d’entendre un album solo de Yorke. Ce qui ne veut pas dire que les autres sont en retrait. Plutôt que la clarté laissée à la voix la place au premier plan, comme si elle n’avait jamais été aussi importante.

Hélas, pour quelques perles ( » Tinker Tailor… « ,  » Burn The Witch « ), A Moon Shaped Pool s’enfonce dans un ventre mou et plonge parfois Radiohead dans l’ennui. Subsiste de jolies mélodies, propice à l’abandon mais manquant désespérément d’énergie. Si les premières écoutes sont agréables, l’aspect roupillant de l’entreprise prend pas sur les créations. L’officialisation de quelques morceaux longtemps entendus en live ici présents sur la tracklist donne un côté « fin de cycle » à l’ensemble. Est-ce que c’est là une autre raison expliquant le spleen entourant ce neuvième disque ? Encore une question sans réponse…