Father John Misty ✖︎ God’s Favorite Customer

Father John Misty n’a pris qu’une petite année pour enchaîner la suite du copieux Pure Comedy et ses 74 minutes. Une cuvée aussi léchée que complexe à appréhender, qui se révéla malgré ses longueurs et défauts avec le temps. God’s Favorite Customer a fuité dès le lendemain de sa sortie. Son auteur s’est trollé lui-même à la suite de ça, comme si ça ne pouvait arriver qu’au plus égocentrique des artistes du moment. Après l’album du mariage, celui de la prise de conscience sur l’état d’un monde en bordel, ce quatrième disque semble être celui de la rupture amoureuse. Écrit pendant un séjour de deux mois à l’hôtel, est-ce que Josh Tillman va encore nous donner envie de partager ses histoires ? 

Petit format.

Porté par « Mr Tillman« , un premier single faussement enjoué proche de Total Entertainment Forever, l’album ne trompe pas sur la marchandise. Finie l’omniprésence du piano, tout le groupe est de retour et de manière constante pour dix titres nettement plus rythmés que Pure Comedy. Sans reprendre les choses où I Love You Honeybear les avaient laissé, on sent ici que les compositions sont plus inspirées des deux premiers disques tout en gardant une production sonore proche du dernier. Avec un œil vers John Lennon ou George Harrison, Father John Misty livre ici certaines de ses lignes les plus justes, pures et honnêtes en gardant une sobriété affichée dans la composition. Bien qu’il est difficile de juger la différence entre réalité et fiction avec ce personnage schizophrène, la musique ici sort grandie de moins de boursouflure et de grandiloquence pour un disque plus direct. Souvent autour des trois minutes, on se retrouve avec un morceau équivalent à une saynète et si la taille ne fait pas toujours la différence, le format plus restreint rend ici la chose plus digeste. 

Les bons morceaux s’empilent donc avec élégance et fulgurance et l’introduction n’en est qu’un bref extrait. « Hangout At The Gallows » brille par ses riffs de guitares rares mais conquérants, son piano puissant, cette batterie au métronome, ses chœurs majestueux et cette voix au-dessus pour couronner le tout. « Dumb Enough To Try » est dramatique mais ne s’appesantit pas pour sortir un morceau de bravoure dont le refrain reste en tête dès la première écoute et ce grâce encore une fois à une montée de la composition préparée avec orfèvrerie. Plus loin dans la tracklist, « The Palace » et « The Songwriter » reviennent à une forme plus restreinte et délivre l’une des perles notamment via la voix si cristalline de son interprète. « Mr Tillman » et « Disappointed Diamonds… » sont les titres dont un album a besoin : fédérateur, mémorable dès la première écoute et facile à écouter en boucle. 

La limite de la dérision du bonhomme se cache sûrement dans le clin d’œil à Shania Twain dans « Date Night » qui plombe un peu le tube de l’album. Pareil sur la déjà entendue et répétitive « Please Don’t Die« , dont l’interprétation et l’harmonica fatiguent assez vite. GFC se livre à l’exercice du best-of sans le dire, grâce à des morceaux qui renvoient au reste de la discographie du bonhomme tout en évitant les défauts de la cuvée précédente ou même de répéter la réussite des deux premiers. Premièrement perçu comme un peu léger, ce quatrième disque n’en est que plus agréable et chiadée au fil des écoutes.