On savait déjà que Rhian Teasdale et Hester Chambers pouvaient pondre un tube qui reste collé à ton cerveau plus longtemps qu’un jingle de pub. Mais avec Moisturizer, elles ont décidé de troquer le côté “sage campagne indie” du premier disque contre une version plus musclée, plus rentre-dedans, limite prête à t’en coller une si tu fais le malin au premier rang.
CPR : le bouche-à-bouche musical qui m’a ferré
Je vais être franc : mon point d’entrée, c’est CPR. Catchy à souhait, paroles qui t’attrapent dès la première écoute, groove accrocheur… Ça te sauve pas la vie, mais ça te donne envie de vivre un peu plus vite.
Ce morceau résume le nouveau Wet Leg : fun, incisif, et assez sûr de lui pour ne pas demander la permission avant de te rentrer dedans.
Rhian Teasdale reste notre front-woman take-no-shit, et Moisturizer assume ses thèmes avec presque autant d’ironie que de sincérité : relations queer, love songs rehaussées d’un twist subversif, combats pour le respect. Des sujets condensés sur la pochette de l’album où le sourire de la frontwoman est changé pour un sourire en IA ultra creepy et qui se veut une juxtaposition de sexy et de dégoûtant, un pied de nez aux regards masculins posés sur elles et leur art.
Plus de muscle, moins de dentelle.
Dès Pond Song, t’as compris que la tonalité avait changé. Là où le premier album flirtait souvent avec une pop champêtre, Moisturizer sort la section rythmique en mode bulldozer. Dan Carey (oui, le gars derrière Fontaines D.C.) donne aux guitares et à la basse un côté “live band qui transpire”, et ça s’entend.
La prod est plus épaisse, plus brute, et surtout elle colle parfaitement à ce nouveau Wet Leg en formation élargie. Les nouveaux titres sont plus affirmés, plus cohérents. Le fait d’avoir officialisé leur line-up en quintet (Teasdale, Chambers + Durand, Mobaraki, Holmes) a rendu l’album plus organique, précis sans se calmer en mode déco. Tout coule mais ça cogne quand il faut .
Le grand écart : pop, groove et baston
Évidemment, le duo n’a pas totalement enterré son côté pop léger. Liquidize ou Davina McCall en sont la preuve : plus sucrés, plus proches du premier disque. Perso, c’est moins ma came, mais je reconnais que ça se défend si t’aimes ton Wet Leg un peu moins rentre-dedans.
Mon cœur, lui, balance plutôt du côté des morceaux qui groovent et cognent : Catch These Fists avec sa basse épaisse et son air de “viens, on règle ça sur le parking”, ou Mangetout, petit bijou sucré-salé qui t’embarque direct.
Et puis y’a Pillow Talk, où les guitares se font sensuelles et bavardes, comme si QOTSA avait décidé de passer par l’île de Wight pour enregistrer.
Sans oublier Pokemon, ultra pop et parfaitement assumé, comme un bonbon trop sucré que tu bouffes quand même.
Confirmation et uppercut
Moisturizer est un vrai second album réussi : il confirme le talent, change la formule juste ce qu’il faut, et gagne en puissance sans perdre l’ironie et la légèreté qui font le sel de Wet Leg, entre caresse et claque pleine tronche pour un second album qui sonne comme une véritable réussite.


