Father John Misty ★ L’Alhambra, Paris

En première partie, le trio texans Khruangbin a fait sonner le psyché. Les inspirations voguent entre le surf-rock et la bande-son des films de Tarantino pour ce sympathique groupe de début de soirée qui aura su récolter les applaudissements, malgré un set traînant un peu la patte. Reste un son très cool, plus à l’aise sur l’instrumental que sur le chant où les « na-na-na » ont peu d’intérêt. On te laisse les découvrir en vidéo ci-dessous et essayer de répondre à cette grande question : comment de temps ça prend de se laisser pousser la frange quand on est un mec ?

Father John Misty est un habitué de Paris. Jamais radin en visite il avait fait le Grand Chelem à la sortie de ‘I Love You, Honeybear‘. Concert à Emporter, live en solo à la Maroquinerie, le Pitchfork Festival et donc le 23 Mai un passage au Grand Journal et l’Alhambra. Au vu du contexte, comment éviter la redite ? En commençant par provoquer une panne électrique ! Le premier morceau («  Every Man Needs A Companion » ) s’arrête au dernier refrain. Josh Tillman et sa répartie infernale nous dit que c’est un choix : cette première chanson est tellement puissante qu’elle a pompé toute l’électricité.

Plus de courant ? C’est pas grave.

 

Connu pour son excentricité et son jeu de scène exubérant, il nous communique 3 minutes plus tard que la panne prendra 5 minutes à être réglé. Il prend le temps de questionner la foule pour prendre la température, lâcher des vannes et répondre aux questions. Est-ce que les Fleet Foxes vont revenir ? Où va-t-il finir la soirée ? Quel est son bouquin préféré ? Des interrogations qui sonneront comme des perches pour des punchlines aiguisées, faisant mouche du premier coup. Comme si il était tranquillement en train de préparer une carrière dans le stand-up.

Profession ? Ambianceur.

Après nous avoir annoncé son passage à Canal + pour le LGJ où il a pu chanter la chanson titre de son deuxième disque, il enfile sa guitare pour se lancer dans un nouveau morceau. A l’image de ses titres, une longue  diatribe cynique et bourrée d’auto-dérision ponctuée de nombreux rires de la foule en grande partie anglophone. Sachant que l’ami Josh a chauffé le public à blanc en insistant qu’aucun smartphone ne le pointe de l’objectif pendant ce titre inconnu. 

Josh Tillman est un homme à tout-faire. Il saute, chante, danse, hurle, susurre, blague, pointe du doigt, signe des autographes, pique un téléphone, claque des clins d’œils, serre des mains. Tout dans une facilité et une justesse qui séduit les dames et souffle les mecs. Vraiment impressionnant et très drôle, lui et sa bande ne manquent pas de générosité avec 20 morceaux au menu malgré la panne de courant. La nouvelle formation du groupe à 7 personnes permet aussi de nouvelles orchestrations, par rapport au dernier set vu au Pitchfork. Ce qui donne un show assez musclé, très proche des arrangements présents sur ‘I Love You, Honeybear‘ sur lesquels il ne manque plus que les cuivres. Les meilleurs moments restants ceux où on revient à l’acoustique, mettant en valeur la qualité des mélodies tout comme l’humour des paroles.
Tout le long de sa tournée, Father John Misty a ponctué son rappel de reprises avec notamment « Closer » de NIN, un morceau de Rihanna, sans compter les nombreux morceaux uploadés sur Soundcloud ou ailleurs reprenant du Taylor Swift, Ryan Adams, le Velvet Underground ou Arcade Fire. Ici, c’est Patti Smith qui fait irruption dans le set  » Because The Night « .

Sexy Motherfucker.

 

Répartie de tueur, voix d’ange, déhanché Travoltesque, groupe de cowboys au diapason : Father John Misty a tous les ingrédients pour maîtriser sa tournée et il le fait. J’ai beau voir une trentaine de concerts par an, j’ai du mal à me souvenir d’artistes signant 20 morceaux alors qu’ils ont 2 albums au compteur. Toujours en équilibre entre son personnage de dandy prétentieux et de chanteur folk nous contant son amour pour sa femme, il n’oublie pas la générosité et la qualité en cours de route. Cette panne de courant meublée par un Q&A et un titre acoustique en sont la preuve. Si tu n’as pas encore succombé au charme de Josh, on te laisse découvrir  » I Went To The Store One Day « ,  » When You’re Smiling and Astride Me « ,  » Holy Shit « , « I’m Writing A Novel » ou  » Nancy From Now On « .

Vus deux fois en 8 mois, nous attendons la prochaine avec impatience.  

« Josh, au cas où tu n’aurais pas compris : c’est quand tu veux. »