Geese – Getting Killed

Lopocomar
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8
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Trois albums en 4 ans pour les jeunes saltimbanques de Geese. Avec un Projector bien plus propre et lisse que ne laissaient présager leurs lives désarticulés, on sentait bien qu’ils avaient autre chose en tête que des mini-tubes de 3 minutes à la Disco ou Low Era. Qu’en est-il de ce Getting Killed bien haut dans les albums dont tout le monde parle cette année ?

Deux ans après leur premier effort, Country 3D avait déjà confirmé que Geese était une drôle pièce à deux faces. De l’insertion de choeurs quasi gospel à des structures de compositions surprenantes et plus proches de montagnes russes que d’une autoroute, il ne faisait aucun doute que la suite de leurs aventures allaient encore loger nos sourcils bien haut dans nos fronts. Précédemment produit par James Ford, les voici maintenant avec Kenneth Blume connu pour ses travaux sur les deux derniers albums d’IDLES.

Et cette alliance change tout. Getting Killed est plus rêche, plus instable, plus frontal. Blume ne polit rien : il amplifie les angles, laisse respirer et renforce le côté nerveux du groupe. Là où Country 3D ouvrait des portes, celui-ci les défonce sans vérifier s’il y a quelqu’un derrière. Geese semble avoir un moyen de se rapprocher de leur énergie live. On entend les respirations, les ruptures impulsives, les syncopes incontrôlées — ce chaos qui, en concert, lever les sourcils avant de convaincre les foules.

Le groupe assume désormais pleinement son côté imprévisible. Les morceaux démarrent souvent comme un simple croquis avant de s’écharper, se retourner contre eux-mêmes, puis repartir ailleurs — un peu comme si les cinq membres tentaient de tirer la chanson dans cinq directions différentes et qu’on écoutait le moment précis où ça casse… ou où ça se transcende. L’humour noir dont ils usent depuis leurs débuts est toujours là, mais plus acide, presque théâtral. Et dans tout ce foutoir contrôlé, la voix de Cameron Winter joue aux montagnes russes déraillées. Toujours habitée, souvent cabossée, elle participe à la fois à l’identité du groupe, du disque mais peut favoriser l’aspect ‘ça passe ou ça passe’ de ce Getting Killed.

Parmi les secousses  du disque, Husbands s’impose : un morceau qui se tord sur lui-même, avale son propre tempo pour prendre une autre forme dans un mélange d’humour inquiétant et de chaos organisé porté par un gros délire prog rock . Bow Down adopte un angle plus incisif avec une batterie mitraillette en toile de fond soutenue en combo par des riffs stridents. Deux simples aperçus pour vous ouvrir l’appétit et vous inciter à découvrir la suite. Ce troisième disque est autant une progression qu’une affirmation : une écriture plus fine, des prises de risque plus cohérentes et assumées et un sens du storytelling bluffant au vu de leurs jeunes âges. Aujourd’hui identifié par certains comme le premier groupe rock de la Gen Z, il est surtout évident qu’ils sont l’un des rares artistes actuels dans le genre à être imprévisibles.

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