Quelle heure est-il ? L’heure d’aller discuter avec les TVOD, groupe de Brooklyn ayant décidé d’être les nouveaux représentants de la bringue et du rock. Le sourire aux lèvres et bien installés dans les canapés des loges de l’Aéronef en marge de leur concert lillois pour nous expliquer leurs débuts et leur folle vie de tournée.
Préambule nécessaire : si vous ne connaissez pas les TVOD et leur album Party Time, notre chronique est ici.
Coup de coeur de l’année, votre album s’est coincé dans nos oreilles pour ne plus en sortir : félicitations pour ça pour commencer ! Avant ce disque, vous aviez sorti d’autres disques dont on peut retrouver quelques titres. Pouvez-vous nous en dire plus sur la création du groupe, cette époque passée et ce qui vous amène aujourd’hui ?
J’étais seul pendant la pandémie et je faisais tous les instruments en solo, sur un 4 pistes. C’est l’EP Daisy qu’on peut retrouver encore aujourd’hui en streaming. Je l’ai sorti assez rapidement car on ne savait pas quand le monde allait redémarrer. Le dernier album, c’est enregistré aux Gamma Studios à Montréal avec nos producteurs Félix et Sam.
Nous étions super bien entourés, notamment avec notre label Mothland. C’est un groupe assez différent depuis ce disque. C’est nettement meilleur depuis. J’ai trouvé ma famille. Ce sont de bien meilleurs musiciens et je peux chanter seul au micro sans me charger du moindre instrument.
C’est aussi ce qui vous différencie des autres formations actuelles : vous êtes 6 ! Comment vous êtes vous connus ?
On faisait tous partie de la même scène à Brooklyn, on est devenus potes naturellement. En jouant des concerts ou en buvant dans les bars jusqu’à 4h du mat. J’étais dans une première version du groupe avec d’autres personnes où on était 4 et je m’occupais de la guitare. J’ai toujours voulu être seulement au micro donc maintenant, c’est comme dans un rêve.
Dans une période où on est dans un rock généralement assez râleur, porté par la politique et le post punk vous revenez à quelque chose de fun et délirant. C’est quoi votre source d’inspiration et comment démarre une chanson de TVOD ?
La source d’inspiration principale est le fait de se libérer. On vit tous dans une période très complexe, l’ambiance aux États-Unis actuellement est horrible et faire la fête est comme un acte de résistance. Sans forcément passer par chanter sur ce qu’on déteste. Participer à mettre en place une atmosphère où on peut tous danser et prendre du plaisir, c’est assez unique et c’est ce qui a porté les titres de ce disque.
Votre musique est très immédiate, addictive, sonne comme une évidence. Est-ce que vous travaillez à rendre compacte vos morceaux pour garder ce côté efficace ou la première mouture est déjà comme ça ?
J’amène une démo à l’équipe faite avec une boîte à rythmes. L’idée ensuite, c’est de donner du coffre, d’apporter de nouvelles paroles et idées si besoin. Si les chansons sont si immédiates, c’est sûrement parce que j’ai un niveau d’attention assez faible. Ça ne peut donc pas durer trop longtemps. C’est pareil pour finir la chanson : si elle n’est pas bouclée en une semaine et que nous ne l’avons pas joué en concert dans la foulée, elle sera sûrement mise de côté.
Vous avez eu l’occasion de faire quelques dates en France ces dernières semaines. Comment trouvez vous le public et quels sont vos retours sur la Chartreuse ?
C’est plutôt le public qui nous a trouvé j’ai l’impression. Plusieurs fois on s’est demandés ce que les gens foutaient là et pourquoi ils étaient venus nous voir. Notre booker vit à Paris et il nous a monté cette tournée, c’est grâce à lui si nous avons pu vivre ces moments après une rencontre au Canada.
Pour la Chartreuse, nous avons encore une bouteille en stock : on a peur de la finir. Après cette date parisienne, on a fini dans un bar où l’on a joué au piano jusqu’à une heure très tardive.
Comment construisez-vous vos sets ? L’album a déjà cette faculté à sonner très live. Quel est l’ingrédient supplémentaire sur scène ?
L’avantage de la version live, c’est que nous avons eu l’occasion de jouer un paquet de fois les morceaux depuis. Alors que sur l’album, c’était juste pour quelques prises. Notre challenge n’est pas sur le concert parce qu’on a l’habitude de le faire. Le vrai défi, c’est d’arriver à capturer cette énergie sur disque. On souhaitait y retrouver cette énergie chaotique qui caractérisent nos sets. Sam & Félix ont fait un très bon boulot là-dessus : ils sont musiciens et produisent pas mal d’albums. Notamment celui de La Sécurité.
Pouvez-vous nous en dire plus sur Empty Boy qui est le morceau le plus surprenant de l’album ?
On ne la joue pas en live parce qu’elle est trop lente et parce que je ne veux pas le faire. Cette chanson m’est venue lorsque j’ai passé du temps à écrire à propos de la rupture de mon frère. Il m’appelait tout le temps et il était déprimé. Pool House en fait aussi partie parce qu’après la séparation, il est allé vivre dans une pool house le temps de retrouver un appartement. Quand je lui ai fait écouter pour la première fois, il a pété un câble mais je crois qu’au final, ça l’a aidé à passer à autre chose.
Comment se porte la scène rock de Brooklyn et plus généralement de New-York en ce moment ? En comparaison au Royaume-Uni, elle semble en retrait ces dernières années.
Le pays ne soutient pas vraiment les artistes et c’est donc difficile de percer, de récolter des fonds et des bourses, de tourner. Ça se résume à ne pas faire d’argent et à dormir sur des canapés. Aussi, la scène new-yorkaise était très assimilé au punk mais maintenant elle est plus diversifiée. Tu peux y voir du jazz et bien d’autres styles.
On parle régulièrement de la communauté dans la musique entre les groupes en ce moment. Est-ce que c’est quelque chose que vous ressentez également ?
Totalement. On voit les groupes venir aux shows, parfois par goût mais aussi simplement pour nous soutenir. Même si dans notre cas, je crois que c’est surtout parce que la musique est suffisamment bonne. (rires)
Pouvez vous nous en dire plus sur la pochette de l’album ?
Je me suis mis un jour à dessiner ces petits diables. Je les avais fait pour un t-shirt, j’ai trouvé ça cool et je me suis dit que ça nous représentait bien. Nous en train de traîner, à foutre le bordel. A la base, je l’ai fait sur du lino. Ca m’a pris une semaine et je me suis rendu compte une fois fini que c’était à l’envers. J’ai donc du tout refaire. Le tout m’a pris quelques mois. Je ne m’occupe pas du merch du groupe mais j’en ai déjà fait quelques uns.
Quelle est la dernière chose qui vous a fait rire ?
On se marre tout le temps, on a des rires très bruyants et distinctifs. On est 6 clowns donc c’est difficile de rester calme. On a souvent des phrases qui reviennent et en ce moment c’est “Mickey, no !”. Mickey est super maladroite et ça lui arrive régulièrement de casser quelque chose ou de se faire mal. Voire les deux en même temps. (rires)