Refused ✖︎ Freedom

J’avoue, je ne sais plus trop comment j’en suis arrivé à écouter le dernier Refused car malgré mes écoutes il y a quelques années, le groupe suédois ne m’avait pas poussé – à l’époque – à récidiver mes écoutes avec son punk/hardcore assez exigeant. Toujours est-il que ce nouvel album s’annonçait tout aussi événementiel qu’un autre album (qui a dit Faith No More ?) Deux groupes, deux légendes du milieu qui tournent actuellement ensemble aux États-Unis. Question, que reste-t-il de Refused après 17 ans de silence, quelle(s) définition(s) le groupe semble-t-il avoir voulu donner à son album « Freedom » ?

La liberté, selon Refused, c’est :

  • Pouvoir revenir 17 ans après un hiatus sans chercher à le faire pour du fric mais par envie musicale.
  • Pouvoir faire ce que le groupe veut (« Fuck what people expect of us »). Quitte à déplaire à ses fans hardcore vivant sous l’égide « The Shape of Punk to Come » et malgré quelques fulgurances hxc (la montée sur « Dawkins Christ »).
  • Impliquer le producteur Shellback sur le titre et single « Elektra », celui-là même qui bosse avec Britney Spears, Maroon 5 ou encore la très bankable Taylor Swift sans que le morceau n’en souffre, bien au contraire.
  • Impliquer à nouveau Shellback sur le titre « 366 » retournant aux sources plus punk du groupe. Le producteur ayant été sollicité sur les titres les plus hardcore pour apporter sa vision et son approche afin de canaliser certaines structures de chansons.
  • Balancer des refrains atomiques dans nos têtes à en risquer une sanction de l’ONU (« Thought Is Blood ») malgré une intro clairement moins sentie.
  • Claquer des cuivres sur « War On The Palaces » sans qu’on n’en soit choqués et malgré un refrain un peu rock FM.
  • Dennis Lyxzén renvoyant la France à ses responsabilités sur le titre « Françafrique » avec des paroles très engagées (logique) « Genocide was Paris will » ou encore « Mobuto Congo pimp and whore, As Paris’ puppets guard the door ».
  • Utiliser des choeurs de gosses sur ce même titre (« EXTERMINATE THE BRUTES ! EXTERMINATE ALL THE BRUTES ! Murder, murder, murder.. ») avec une prod’ à faire chialer de jalousie les Daft Punk et des riffs funky à souhait rappelant la période « One Hot Minute » des Red Hot.
  • Balancer un titre rock encore plus funky avec l’imparable « Servants Of Death » !
  • Balancer des pamphlets très engagés comme « Françafrique » mais aussi des plus simplistes comme « Useless Europeans » (« Outside your pretty walls, There’s an ugly world »).
  • Balancer des breaks vocaux et des effets de modulation un peu dégueulasses comme sur « Old Friends/New War » alternant partie gueulée et chant posé pas toujours convaincant.
  • Abuser des chœurs sur « Destroy The Man » (« Hou ! Hou ! Hou ! »), quitte à en rendre le titre, mené par une ligne de basse écrasante, quasi insupportable.
Conclusion

On pourra reprocher ce que l’on veut à ce groupe, surtout en tant que fan puisque Refused semble s’être fait un malin plaisir à illustrer la définition de la liberté (selon le CNRTL) :
I. − [Correspond à libre I] État de celui, de ce qui n’est pas soumis à une ou des contrainte(s) externe(s)*.
*Comprendre les fans de la première heure.
Subsiste donc un album compact, de 43 minutes, qui divisera très très clairement, entre ceux qui attendaient un disque sans concessions et ceux, moins familiers, de cette référence HxC, qui pourront se régaler d’un disque qui ne manque pas de morceaux de bravoure rock malgré quelques petites faiblesses. Et si votre souci principal est de trouver le groupe moins hardcore, pour rappel, voici ce que déclarait Dennis sur ce nouveau disque.

« [..] we have to adapt what Refused is to 2015, and not say, « We have to be like what we were in 1998. »

Évolution/Révolution, voici deux termes qui semblent bien définir le dernier Refused et qui entrainera son lot de réactions en conséquence.