ROCK EN SEINE 2025 – LE DEBRIEF

Lopocomar
8 min. de lecture

13 années que nous nous rendons à Rock en Seine et nous avons jeté notre dévolu sur les journées de samedi et dimanche afin d’aller se frotter à une programmation électro et rock. Avant bien sûr d’affronter la rentrée de plein fouet.

La déflagration Jamie XX

Peu client de The XX, très conquis par son In Colours, le set de Jamie XX en 2015 nous avait pourtant laissé de marbre. 10 années se sont écoulées et l’anglais a maintenant pris place sur la scène Revolut en face de la Grande Scène. On nous avait vanté les mérites de son concert au Primavera mais rien ne nous avait vraiment préparé à la tarte interstellaire qu’il nous a infligé. Dans une ambiance survoltée où les équipes vidéo se sont amusés à choper les moves inattendus de la foule, le show a été de loin le plus dansant du week-end en n’oubliant pas la violence du son et des lights épileptiques. Gosh, Loud Places, Baddy on the Floor, tous les tubes étaient de sortie et le concert matchait parfaitement avec l’ambiance Boiler Room de son In Waves sorti l’an dernier.

Cette année, c’était définitivement Jamie XXXL.

Tous pour Justice, Justice pour tous

C’est devant une foule compacte et interminable que le duo s’est présenté pour sa dernière date européenne de la tournée Hyperdrama. Sous forme de megamix où chaque titre en comporte 3 ou 4 en prenant soin de mélanger nouveaux titres et anciens. Un exercice qui encapsule donc 17 ans de carrière et 4 albums. On ne pensait pas forcément écrire cette phrase mais il a quand même été difficile de passer derrière la folie du set précédent et de se mettre dedans. Encore une fois un jeu de lumières des plus agressifs et un tempo agité nous a finalement conquis pour ne plus nous lâcher. Un poil déçu par la scénographie sûrement mieux pensé pour les stades ou c’était peut-être lié à la distance qui nous séparait de la scène mais la prestation nous a paru moins irrésistible qu’en 2018.

La confirmation Fontaines D.C.

Via leur quatrième disque Romance, Fontaines D.C. a franchi un cap : celui de quasi headliner de festivals. Maintenant identifiés par tous comme étant l’une des valeurs sûres du rock actuel, les voici prêt à défendre leurs couleurs devant un public définitivement rallié à leur cause puisqu’on a vite arrêté de compter le nombre de t-shirts venant de leur merch dans la fosse.  Bien plus présent sur scène depuis Skinty Fia, Grian Chatten prend toute la place sur scène et use de l’avancée pour aller à la rencontre du public. On apprécie particulièrement les back et harmonies de Conor Deegan, le jeu stoïque et tout en assurance de Conor Curley et le groupe avance tout simplement d’un solide bloc un titre après l’autre. Avec une communication réduite au bonjour/merci/au revoir, ils ont fait plus que le boulot et au vu des circle pit et pogos, la foule en a eu pour son argent. En finish, le combo I Love You / Starbuster termine de conquérir Saint-Cloud et de positionner peut-être le groupe en tant que tête d’affiche d’ici 3 ans.

Josh Homme et ses Queens en opération séduction

Avec sa quatrième apparition en 20 ans, les Queens of the Stone Age font partie des tauliers du festival. Inaperçu depuis 2014, il était temps pour eux de remontrer pourquoi ils sont en clôture. Quelques mois après la sortie de leur Alive in the Catacombs, les Queens sont donc devant nous pour défendre In Times, New Roman… sorti en 2023. Comme lors de leur dernier passage, le groupe allume la mèche avec 2 titres de Songs for The Deaf et leur plus gros tube No One Knows. Au bout de 10 minutes, les pogos ont presque atteint leur climax. La faute à un public statique, de proche comme de loin. Pourtant, on ne les avait pas vu si généreux dans leur jeu de scène depuis des lustres. Josh Homme n’est pas avare en bain de foule, sourire, blagues, compliments et clins d’oeil dragueurs. Il ira même jusqu’à se fendre d’un solo de guitare pour finir un des morceaux, ce qui en 12 shows vus n’est que rarement arrivé pour ne pas dire jamais. Mikey Shoes et ses 40 ans fraîchement fêtés et Troy Van Leuween sont survoltés et font toujours état de cervicales en titane, nous prions pour ne pas être réincarnés en batterie de Jon Theodore et Dean Fertita est une fois de plus tapi dans l’ombre. Existe-t-il un groupe rock aujourd’hui avec ce niveau de maîtrise et d’élégance ? La question est vite répondue de notre côté et la dose de charme irrésistible et de puissance déployée en ce dimanche ont l’air de garder la concurrence encore à quelques encablures. Pour avoir un aperçu, leur performance au Cabaret Vert a été capté par les équipes d’Arte Concert. L’occasion d’y retrouver une setlist assez similaire avec un Make It Chu étiré de 8 minutes où Josh s’amuse à profiter des vocalises de son public et un combo Go With The Flow / Song for The Dead en guise de finish comme souvent depuis une dizaine d’années. Un déferlement synonyme de sautillements et de têtes secouées. Ce n’est pas exactement comme ça que la bande a quitté Paris puisqu’ils ont donné le lendemain une séance de questions/réponses à la Fnac avec aussi l’annonce de leur date au Grand Rex le 20 octobre prochain.

Et à part ça ?

Présent seulement pour deux jours, nous avons pu aussi voir une nouvelle fois les excentriques Fat Dog jamais à prendre en défaut lorsqu’il s’agit de foutre le feu à une fosse. Le set des Stereophonics nous a rappelé l’existence de RTL 2 et nous a encore questionné sur la programmation de Chest. et TVOD en même temps que Fontaines D.C… La vraie faute de goût d’un week-end euphorique et réussi où seul le problème aura été l’accès aux sanitaires complètement saturé le dimanche. Pour la fréquentation, le festival aura enregistré 148 000 visiteurs en 5 jours : on peut mettre ça sur le dos des annulations last minute de Doechii et ASAP Rocky ou sur une programmation ayant du mal à trouver des exclusivités face aux autres line-up français et européens.

Rock en Seine segmente plus ses journées et ce combo samedi/dimanche nous a régalé. Que dire de plus que nous serons sans aucun doute l’année prochaine au même lieu, aux mêmes heures et que c’est bien là la seule raison pour laquelle nous traversons la quasi totalité de la ligne 9 du métro parisien. Sauf si c’est pour y voir les frères Gallagher.

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