Recommandé il y a deux ans lors d’une interview avec Warhaus , Sylvie Kreutsch fait une halte à Paris le 29 novembre dernier. La Gaîté Lyrique a vibré au rythme d’une interprète en état de grâce.
Sur scène, ils étaient sept — un petit bataillon resserré, visuellement hypnotique, musicalement d’une chaleur inattendue. Très vite, on comprend que l’on va assister à une sorte de rituel où chacun joue sa part, sans premier de la classe, ni figurant. La chanteuse, elle, impressionne d’emblée. Voix plus grave, plus terrienne que sur album, gestes précis, danse permanente : elle ne laisse aucun silence s’installer, tout est mouvement, tension, relâchement. Elle semble dire chaque phrase avec tout son corps. Le groupe est fusionnel, fait plus qu’accompagner : il respire avec elle. Les chœurs partagés, lancés parfois par l’ensemble des musiciens, donnent une puissance qu’on ne soupçonnait pas forcément en version studio. Tout comme ces passages psychédéliques rallongeant les morceaux à l’envie. Sur la fin du set, Sylvie présente son groupe comme ses besties et on n’a aucun mal à la croire.
Les chansons des deux albums s’enchaînent sans couture, comme si cette musique avait été pensée pour la scène avant même d’être couchée sur disque. Dans la salle, le public est acquis à sa cause, prêt à danser et on ne compte plus les déhanchés. Remarquée en ouverture du dimanche 24 août de Rock en Seine, elle franchit clairement un cap en France. L’ascension ne fait plus débat, elle est en cours. Le rappel de deux titres pousse encore un peu la machine avant de s’arrêter sous les applaudissements et avec le salut qui va bien.
Dernier souffle, dernier sourire : la tournée touche quasiment à sa fin. Dans trois semaines à Amsterdam, le tour bus sera garé pour de bon. Découverte en live à la début novembre au festival Sonic City où elle a été la lueur pop d’une soirée rythmée par Protomartyr et Destroyer. Sorti en novembre 2024 et agrémenté de 4 titres supplémentaires le mois dernier, Comic Trip est un album pop d’excellente facture avec des sucreries comme Ding Dong. Plus intimiste, son Montbray date de 2021 fonctionne tout aussi bien pour faire connaissance avec une artiste qu’on n’a pas fini de croiser sur scène au vu de son charisme, de ses qualités vocales et sa présence scénique naturelle.

