Huit ans, 3 albums de chaque côté et un déménagement. Voilà ce qui sépare les Last Shadow Puppets de leur Age of the Understatement. Maintenant placés sous le soleil de Los Angeles, Miles Kane et Alex Turner ont parcouru un chemin conséquent depuis leur incartade en duo. Si le premier a toujours le statut d’homme de l’ombre avec quelques concerts en propre et des disques en solo, son comparse a sorti 3 disques avec les Arctic Monkeys, composé une bande-son pour le film Submarine de son pote Richard Ayoade et est devenu l’un des chanteurs les plus surveillés et adulés de la scène à guitares. Et ce, même si la qualité des productions n’a pas toujours été crescendo…
Association de bons faiseurs.
Comme sur le premier, le duo est toujours aidé dans ses compositions par Owen Pallett aux cuivres, James Ford à la production. A la basse et aux claviers, les deux autres Mini Mansions (Zach Dawles et Tyler Parkford) viennent compléter le crew en studio comme en live. Pas étonnant que ces deux échappés participent activement au vu des ressemblances musicales, du rapprochement géographique et du featuring de Turner l’an passé sur un des titres de MM. Le poids des années ou le changement de lieu expliquent sûrement l’orientation différente de ce disque. Finie la grandiloquence et l’ambiance presque western de 2008, la pop est ici au cœur des 12 titres. Frontale avec « Bad Habits« , la bluette de cowboy avec « Sweet Dreams, TN » et globalement chiadée et cuivrée sur l’ensemble avec un fil rouge dans les paroles, les relations homme/femme influencés par le charme des demoiselles.Une pause de poseurs ?
Pour un retour s’étant fait attendre, cette suite souffle le chaud et le froid. De bonnes surprises avec un enrobage toujours soigné (« Dracula Teeth » ou « Aviation » comme exemples), un désir de ne pas répéter le premier effort vraiment présent et un nouvel univers plus « laid back » à appréhender. Plus gênant, on sent que nos deux interlocuteurs ont un melon de la taille d’un palmier californien, l’album sent la suffisance. Référencé mais peu inspiré, il est surtout très bien emballé. Doté d’un orchestre de 27 personnes sur sa première moitié, il tourne à vide sur la seconde et montre son vrai visage : celui de la vanité. Peut-être que pour leur prochaine sortie, les deux meilleurs potes anglais de la côte Ouest se regarderont moins et travailleront plus. En attendant, on passe d’un projet parallèle différent, fouillé et apprécié à une belle coquille à moitié vide. Preuve encore une fois qu’il n’y a pas que la Joconde qui subit les affres du temps.
