Autrefois rocker étiqueté seventies vu comme le fils caché de Marc Bolan et David Bowie, Ty Segall est entré dans une sorte de force tranquille depuis quelques années. Père de famille solidement installé à Los Angeles, il convie régulièrement sa femme en featurings et à la co-écriture, compose des odes à son chien et s’est même créé son propre studio. Ayant ralenti sa productivité et cherchant constamment à se réinventer, le revoici avec une sortie de qualité.
Avouons-le, plus par lassitude que par baisse de régime, nous avons progressivement perdu de vue les derniers travaux de Ty Segall. Attachant et constamment en quête de nouvelles manières de se renouveler, il s’avère qu’avec un rythme frénétique d’une sortie minimum par an, il est périlleux de rester attentif. Il n’empêche que sa bande-son pour le documentaire Whillybird sorti en 2022 était une belle manière de faire un pas de côté. Nous vient en ce mois de juin 2025, Possession. Violons et harmonies ouvrent la chatoyante Shoplifter sonnant comme un revival de l’album blanc des Beatles. Ce premier titre est des plus accueillants et n’est en aucun cas un leurre pour le reste du programme. Sûrement l’une des œuvres les plus faciles à découvrir de sa discographie, il souffle un vent très seventies, pop et propice aux road-trips ensoleillés. L’ami Ty avait tendance par le passé à souffler le chaud et le froid en termes de rythme : tantôt en sourdine sur ses projets folk et acoustique, tantôt agressif et saturé avec Goggs et Fuzz.
Parfaitement placé à ce moment de l’année, cette collection discrète et savoureuse de titres se place dans les albums les plus agréables à écouter et à redécouvrir cette année. Un gage de qualité et qui ne veut pas dire que l’on doit le prendre à la légère. Lorsque 40 minutes se déroulent aussi vite sans qu’on ne décèle de fausses notes, ni de titres à skipper, c’est que le travail a été bien pensé et nous donne sans hésiter la touche la plus pop de sa carrière. A l’heure de la quinzième édition de ses aventures, il était temps qu’il se penche sur ce style qui lui va à ravir. Le revers de la médaille, c’est peut-être l’aspect monolithique. Le tempo comme le style des morceaux a tendance à naviguer dans le même univers du début à la fin, sans vraiment s’emballer mais si c’est ce que vous manque, l’homme a de quoi vous satisfaire dans ses travaux précédents. Surtout que c’est sûrement parce qu’il est plus concis et condensé que cet album est plus réussi.