Gojira – The Way Of All Flesh

2008 pour certains a été musicalement morne, perso elle m’a plutôt bien régalé les cages à miel. Démonstration absolue de ce qu’a pu donner cet éclatage de tympans 2008 : ‘The Way Of All Flesh‘. 4ème album de nos p’tits gars de Bayonne (d’ailleurs comment on appelle une nana qui habite Bayonne, une Bayonnette ?) et grosse grosse attente au tournant car Gojira est devenu en quelque sorte le porte étendard du métal français (prenez la voix d’un présentateur des années 20 et répétez après moi : ‘Tellement mieux !!!‘). Si vous l’ignoriez encore, les Américains ont eu un choc, ils ont découverts que des français, ce peuple sodomite, sont capables d’envoyer du bois en matière de sauvagerie musicale.
Après donc avoir tourné aux USA, notamment avec Lamb Of God (on en reparle pus loin), après que Joe Duplantier ait participé au projet réunifiant les frangins Cavalera, il était logique que nos frenchies creusent l’aspect ‘ricain.
Car oui, il faut bien le dire, ce nouvel opus sonne comme une bonne grosse machine de guerre US, le travail de Logan Mader (Divine Heresy, Cavalera Conspiracy) au mix n’y étant évidemment pas pour rien.
Pour autant, et même si je dois avouer être fan de ce gros son ‘made in USA’, nos petits frenchies n’en ont pas moins perdu leur âme et leur identité (l’exception culturelle française, ça vous dit quelque chose ?). Gojira fait du Gojira et il le fait très bien, ce ‘TWOAF‘ s’inscrit d’ailleurs dans une évolution logique du groupe. On retrouve avec plaisir des sonorités des 3 premiers albums mais avec une touche metalcore totalement assumée, digérée, intégrée et qui se retranscrit par un groove violent, dévastateur sur des titres comme ‘Toxic Garbage Island‘ et ‘Esoteric Surgery‘. A la fureur que dégage le 1er s’allient des passages rageusement lancinants (rhalala ce ‘Pain is killing me !!!‘ m’a tué la voix en live) soutenus par la double pédale de Mario Duplantier qui aurait très bien pu doubler la sulfateuse de Schwarzi dans Terminator 2. Le 2ème titre quant à lui n’a qu’une seule envie : celle de te choper par les 2 épaules pour te secouer dans tous les sens, encore une fois le travail de Mario aux cymbales est à souligner (mais le travail de Mario est en règle générale toujours à souligner) venant se payer la membrane de ton tympan comme carton de tir.
Il est clair que l’ambiance générale de l’album est très lourde voire même pachydermique à certains moments, leur style en est quelque peu plus dépouillé mais horriblement efficace à l’image du single ‘Vacuity‘. Des passages dans encore une fois ‘Toxic Garbage Island‘ ou ‘Wolf Down The Earth‘ me donneraient presqu’envie de valser avec un troupeau de bisons traversant les plaines du mid-west.
Le groupe ne se contente pas non plus de recycler son savoir faire et d’assurer dans la lourdeur, il incorpore aussi des nouveaux éléments à son univers, avec des passages plus stoner comme sur ‘A Sight To Behold‘ où ceux-ci s’alternent avec des moments plus furieux ou encore sur ‘Oroborus‘, plus insistants sur la durée, l’exemple parfait restant la fin d »Adoration For None‘ avec ces grosses notes glissées sur les manches de Joe et Christian et répétées encore et encore jusqu’à en devenir hypnotiques.
Ce dernier titre n’est pas anodin dans l’album puisqu’il marque la collaboration du quatuor avec le vocaliste de Lamb Of God, Randy Blythe, devenu rapidement un véritable ami et fan N°1 du groupe aux USA. Le morceau qui déboule comme un pitt bull est taillé sur mesure pour Blythe mais reste dans une veine toujours Gojiresque. Randy et Joe se renvoient très bien la balle et même si notre Frenchie n’a pas l’envergure vocale du Ricain, il se rattrape parfaitement et en devient son égal grâce à l’intensité qu’il met dans sa prestation, remarque d’ailleurs valable pour tout l’album.
Les passages plus trippants ne sont pas pour autant délaissés avec les diverses intros et outros disséminées un peu partout, l’exemple majeur restant ‘Silver Chord‘ qui vous laissera quelques secondes respirer et errer le long de votre filin argenté.
Comme toujours, une partie est réservée aux percussions sur bambous avec le titre ‘The Art Of Dying‘, et comme à l’instar du CD, la mélodie est laissée un peu en retrait pour faire place à quelque chose de plus primaire voire primal car très tribal dans l’âme. Hummm amusant et certainement pas anodin comme expression puisque le thème global des chansons est bel et bien l’âme et sa relation avec la mort sans que cette dernière soit perçue négativement, juste comme une partie du cycle de la vie. Ici Gojira laisse un peu tomber les métaphores présentes sur leurs précédents opus pour parler concrètement de ce sujet, amener un questionnement chez l’auditeur et parfois même lui proposer quelques amorces de réponses. Bien évidemment, libre à chacun d’y apporter de l’importance ou pas.
Bref pour toutes ces raisons, ‘TWOAF‘ est pour moi un pur petit bijou où tout colle ensemble : le son, les compos, les paroles. Tout y est énorme, pas une seconde, un souffle, une virgule ne sont à jeter. Un vrai travail d’orfèvre qui vous régalera les cages à miel mais aussi cette petite partie de divin qui se trouve à l’intérieur de chacun de nous.