Que l’on soit clair : Converge est un groupe qui sur-poutre. Fortement déconseillé aux oreilles délicates, strictement interdit aux âmes sensibles, les natifs de Boston sont une véritable machine de guerre arrachant tout sur son passage, notamment en concert. Pourtant, le parcours discographique est des plus tumultueux, la faute à un Jacon Bannon certes charismatique, mais très irrégulier dans son placement de voix selon les albums. Ainsi, on alterne entre le très bon (‘Jane Doe‘) et l’insupportable (‘No Heroes‘ avec un chant entre le porcin éventré et le gargarisme vomitif).
Sur ce ‘Axe To Fall‘, pas de blagues. La voix se fond dans le son des instruments et se retrouve sur un pied d’égalité avec la batterie, la basse ou la guitare. Et le résultat est prodigieux. Des titres comme ‘Dark horse‘ ou ‘Axe to fall‘ donne l’irrépressible envie de désintégrer tout ce qui passe à portée de main. Ça branle du manche, ça basse grassement, ça enchaine blast et mosh part… It feels good !
Quand on passe en revue les titres de ce nouvel opus, on constate qu’il y a eu du raffinement dans la brutalité. Le fond est toujours punk hardcore dopé au grind (‘Cutter‘, ‘Reap what you sow‘, ‘Losing battle‘) mais la forme laisse apparaître des sonorités diverses. La guitare hallucinée de ‘Effigy‘ évoquent les drogues chimiques de QOTSA. L’hétéroclite ‘Worms will feed‘ et l’inquiétant ‘Damages‘ se font moins violents et plus lourds, avec un traitement rock issu de Cave In. La structure imprévisible et les relances incessants de ‘Dead Beat‘ rappellent immanquablement les tarés de The Dillinger Escape Plan. Il faut dire qu’à l’instar du gang du New Jersey, le niveau technique de Converge est totalement surhumain. Dans un autre style, le riff rock’n roll et le chant clair de ‘Slave Driver‘ aurait pu être joué par Gallows.
Dans toute cette débauche d’énergie, les 2 derniers titres de l’album interpellent, tant par leur douceur que par leur qualité. ‘Cruel Bloom‘ est un blues folk de toute beauté où interviennent piano, mélodica et choeurs soyeux. ‘Wretched world‘ clôt l’album de la plus belle des manières, comme si Archive et Isis s’alliaient dans une valse tragique.
Bref, ‘Axe To Fall‘ est une putain de claque. Une ou deux chansons manquent peut-être un peu de piquant (‘Wishing well‘) mais l’ensemble de l’album est d’un tel niveau qu’on le remarque a peine. Écoutez le, et surtout faîtes le écouter à vos voisins qui vous remercieront chaleureusement (ou appelleront les flics, c’est selon).
