Linkin Park – A Thousand Suns

La guerre, c’est pas bien. Ça tue beaucoup les gens, ça les sépare… Il faut redonner plein d’espoir et de confiance aux victimes, parler pour eux à nos fans. Et si on faisait un album les copains ?

Voilà à peu de choses près ce qu’ont du se dire les ringards de Linkin Park. Si si, à peu de choses près. A vrai dire, c’est même un ‘multi-concept’ album selon Mike Shinoda. Autant dire que ça vend du rêve pour les fans. Le groupe a du se dire qu’en plus de paraitre intelligent, il vendrait encore plus d’albums que s’il était seulement ‘concept’. En voilà une astucieuse stratégie marketing, en plus d’être ambitieuse.

Mais pour conquérir qui ? Les fans du premier jour ? Certainement pas. Il y a bien longtemps que Linkin Park et le néo-métal, c’est fini. Les riffs saturés ont été oubliés, ainsi que les quelques notables mélodies pour ne laisser que la mièvrerie. Les fans se sont barrés en pleurant. Ne restent que les amoureuses de Chester et Mike. Le public lambda d’MTV alors ? Bingo ! De ce côté-là, ‘A Thousand Suns‘ a tout pour plaire au public le plus facile qui soit. Le schéma éculé que l’on retrouve à travers le Billboard: structures sans surprises, mélodies tellement éculées qu’elles hérissent le poil, breaks et ponts ridicules aux trois quarts de la chanson… Je ne puis vraiment citer les chansons concernées, vu que ça concerne la presque totalité de l’album, qui, n’en doutons plus, est mièvrement pop avec des relents vomitifs de r’n’b. Entre le piano lamentablement utilisé comme arme à ambiance tristounette et le chant/rap insupportablement doucereux, il n’y a aucune chanson pour sauver l’honneur et limiter les dégâts d’une motivation artistique nulle et cupide. Même pas les plus lourdes ‘Wretches And Kings‘ et ‘Blackout‘, qui, justement en fait, sont lourdingues. Les agaçants déchets de chansons s’enchainent et demandent à s’accrocher pour parvenir à tous les écouter dans leur intégralité. Inutile donc de dire que c’est mauvais signe pour un album, pire encore s’il est conceptuel. C’est comme un discours: si celui qui le prononce provoque le désintérêt le plus total voire le dégoût de son auditoire, ce dernier sera autant blasé par la présentation que par le présenté. Vu le sujet de ‘l’oeuvre’, c’est plutôt grave, en l’occurrence pour ces ‘artistes’.

Et qu’en est-il justement de de cet aspect pluriconceptuel ? Oh, il doit peut-être s’agir des ridiculement nombreux interludes, intervenant le long de l’album (DEUX servent d’introduction ! Le groupe se noie dans sa tentative de paraitre intelligent et audacieux). On entend bien une armée sur ‘Empty Spaces‘, ou encore des combats à la fin de la chanson ‘When They Come For Me‘. Et puis il y a ce ‘Wisdom, Justice, And Love‘, prônant les valeurs implicitement mais confusément défendues par le groupe qui servent de titre, avec ce discours pêché on-ne-sait-où. Ça se prend pour Maybeshewill en somme, bien qu’il soit improbable que l’influence viennent de ces derniers. L’album est en tout cas un échec dans le fond, car purement et simplement médiocre voire merdique dans la forme. Difficile de sculpter un semblant de message dans de la daube pareille, le résultat n’est guère meilleur qu’en faisant un bonhomme en crottes de nez. Et ce sont les auditeurs qui les mangent.

En clair, cet album ne vaut pas rien. Il vaut pire. Linkin Park est désormais entré une bonne fois pour toutes -si ce n’était pas déjà fait avant- dans cette catégorie de groupes radio-friendly en ignorant qu’il ne s’agit que d’une vulgaire poubelle, destinée à n’avoir comme amateurs que des pré-pubères et des gens au bon goût proportionnel à leur culture.
Si ‘A Thousand Suns‘ est dédié aux victimes des guerres et conflits du tiers-monde, à leur place je me sentirais insulté.

Et le pire dans tout ça, c’est que ça va quand même marcher. Ô Fatalité…