Agora Fidelio – Les illusions d’une route – Barcelone

Sortir un concept album en 3 volets, sans label ni distributeur, voilà ce qui s’appelle avoir du panache – ou se suicider dignement, c’est selon. C’est en tous cas le pari d’Agora Fidelio, décidé à se tourner uniquement vers ses fans et les médias indépendants. Initiative payante ou pas, l’avenir nous le dira. En attendant, penchons-nous sur ce premier volet des Illusions d’une route.

C’est avec une voix chaude et avec des mots choisis que l’on pénètre dans Barcelone. Agora Fidelio nous livre son besoin de changement permanent, sa soif d’éveil artistique, sa quête de symbole ; sa frustration aussi. Pour mieux habiller ses textes, le groupe joue un rock à la fois sombre et planant, navigant un rythme lancinant où les mélodies rivalisent de gravité. Si le son se permet de soudaines poussées de chaleur, ce n’est jamais dans la fureur. L’intensité dans la maîtrise, tel semble être la devise. On pense pas mal à A Perfect Circle, de temps en temps à Aussitôt Mort dans les moments les plus tendus (Le pharaon blanc)

Pourtant, on n’arrive pas à se plaire totalement dans Barcelone. La faute à des titres certes prenants mais gâchés par de mauvais choix. Outre la reverb abusive sur les guitares, on trouve des phases rock FM qui sentent trop la facilité, voire qui rappelle des choses que l’on préfèrerait oublier (au hasard, Staind) On conservera un silence poli quant à la tentative loupée de slam sur GPS. C’est d’autant plus dommage que des titres comme Je suis venu, aux paroles et à la mélodie très réussies, mais dont la construction tarabiscotée empêche de s’emballer.

Agora Fidelio a une sensibilité rare, un son agréable, des textes qui interpellent. Ils ne leur restent plus qu’à épurer sa musique. Ça tombe bien, il va falloir alléger les bagages pour nous emmener jusqu’à Bagdad.