Pixies – EP-1

Les Pixies sont fantastiques.

On l’écrit pour les trois malheureux qui l’ignorent encore, à moins qu’ils ne soient les trois chanceux qui un jour vont découvrir le Graal, émerveillés. Toutefois telle la scène finale d’Indiana Jones et la dernière croisade, on ne saurait que trop conseiller aux novices de ne pas se tromper de coupe et de choisir judicieusement tant ce EP-1, première sortie discographique du groupe depuis le mirifique ‘Trompe le monde‘ (exception faite du chouette ‘Bam Thwock‘ signé Kim Deal en 2004) en 1991. 22 ans après, l’évolution du son du groupe est finalement logique : une simple écoute des 4 albums du groupe montre l’enterrement dans les profondeurs du mix de la basse pneumatique de Kim Deal au son fantomatique au profit d’une domination sans partage du gros Black Francis. Lorsque ce dernier était touché par la grâce, la puissance de ses compos pardonnait tout (au hasard ‘Letter to Memphis‘, meilleure chanson du monde), maintenant qu’il est rongé par la graisse, créativement cramé et enfin délesté de Kim Deal, Charles « Frank Black Francis » Thompson n’a plus de garde fou. Et il faut être fou pour baisser la garde de la sorte et publier ces 4 chansons et tenter de faire vivre les Pixies autrement qu’en mode jukebox avec ça. On comprend maintenant. Depuis des années des rumeurs de nouvel album des Pixies et c’est Kim Deal qui met son véto (« one band member does not want to make a new album, I can’t tell you who she is » avait malicieusement dit Black Francis). Imaginez la tête de l’émouvante Kim en entendant les boudins que sont ‘Andro queen‘ et ‘Another toe‘. De quoi partir reformer les Breeders… (C’est d’ailleurs la seconde fois que Kim part vers Last Splash au moment où Black Francis tente un dernier plongeon). 4 titres dont la qualité il faut l’admettre à tendance à aller crescendo mais on part d’une bassesse sans nom. ‘Andro queen‘… ‘Another toe‘… Attention on ne parle pas de « c’est nul parce que c’est les Pixies et qu’on en attend monts et merveilles ». Personne n’attend quoi que ce soit des Pixies en 2013. C’est affreux, faussement trippant, loin, très loin de la personnalité sonore du groupe. Comme conscient de l’égarement, les deux chansons suivantes tentent elles de revenir vers quelque chose plus familier. Le mi parlé mi chanté, le solo à trois notes (mais pas la basse hein…)… Une mauvaise parodie, même pas digne. Entre 88 et 91 Black Francis a écrit plus de bonnes chansons que ces 22 dernières années cumulées, ça ne veut pas dire qu’il n’en écrira plus une seule mais on n’a pas fini de se demander pourquoi ces 4 chansons sont sorties sous le nom Pixies. Et Kim Deal se marre surement quelque part.

PS : l’artwork est naze