Temples – Sun Structures

Ce n’était qu’une question de temps, l’Angleterre a fabriqué son propre Tame Impala. Formés en 2012, les jeunes Temples sentent la réaction épidermique, la riposte de britanniques piqués dans leur orgueil et titillés par le psychédélisme Lennonien des australiens. «Du Beatles post-LSD? Et ça cartonne?» : qu’à cela ne tienne, branle-bas de combat dans un garage du Northamptonshire et dès l’année suivante quatre singles vintage et vaporeux affolent le NME. ‘Shelter Song‘, ‘Mesmerise‘, ‘Keep In The Dark‘ et ‘Colours To Life‘ ont tout pour eux, du refrain ensoleillé, de belles harmonies, du feeling, de la maitrise technique et une prod’ léchée. Un bassiste qui chante, aussi. Ne manquent plus que les adoubements publics de Noel Gallagher et Johnny Marr, les accolades à base de «best new band in Britain», et ‘Sun Structures‘ débarque début 2014 pour une réception… mitigée. Un disque assez facile à zapper en fin de compte, qui à première écoute laisse une impression de déjà entendu opportun, de trop plein d’effets écoeurants, malgré les titres mentionnés. Mais la fin de l’année approchant un petit mea culpa s’impose dans ces colonnes car en dépit de son originalité inexistante ‘Sun Structures‘ s’est réinvité sur la platine en plus d’une occasion et ne mérite pas d’être boudé plus longtemps, d’autant plus qu’il s’agit d’un premier album. Passons donc sur les dégaines de hippies sapés en Dior de James Bagshaw et Thomas Warmsley, et sur deux ou trois chansons redondantes et/ou indulgentes. Le groupe se montre beaucoup plus convaincant dans la révérence aux vieux classiques psychés que lorsqu’il tente de singer le style planant et ultrasophistiqué de Kevin Parker (‘Move With The Season‘, notamment). En fait, l’efficacité pop de compos comme ‘The Golden Throne‘ ou ‘The Guesser‘ parle d’elle-même, surpassant d’assez loin les débuts (maladroits, également) de Tame Impala. Des mélodies, du talent, du potentiel, encore faut-il de l’appétit pour le genre: les Temples connaissent The Nazz et The Byrds sur le bout des doigts mais vu l’avalanche de nouveaux groupes ressassant ces mêmes influences, nous aussi – ne serait-ce que de façon instinctive, sans nécessairement avoir tout un tas d’antiques vinyles sous le coude. Un bon disque porté à bout de bras par ses singles, mais qui prendra plus de valeur si ces révélations parviennent à confirmer.