Hatesphere – Ballet of the Brute

Ballet Of The Brute‘ est l’album, Hatesphere est le groupe. Voilà, par ce simple constat, le ton est donné pour les 36 minutes que dure le troisième album de ces quatre Danois à qui ces qualificatifs de brutal et de haineux vont décidément à merveille. Pour ceux qui auront suivi ne serait-ce qu’un peu les nouveaux noms de la scène hardcore internationale, ce tout jeune groupe officiant sous leur nom actuel depuis seulement 3 petites années ne sera sûrement pas passé inaperçu, notamment grâce à des premières parties plus que prestigieuses. Le temps de voler de ses propres ailes est donc venu et cet album s’annonce en quelque sorte comme une confirmation pour le groupe, après la galère des multiples démos et changements de line-up consécutifs. Alors on appuie sur play et on tend les oreilles…

Dès l’intro, on se dit qu’apparemment au Danemark, il est coutume de ne pas perdre son temps : ‘The Beginning And The End‘ balance très précisément dès la dixième seconde tous les instrus sur une rythmique hardcore oldschool des plus simplistes. Pas de fioritures mais tout y est, de la batterie mange-ma-grosse-caisse-dans-tes-dents, à la guitare claquage-du-poignet-sur-un-seul-riff en passant par la basse j’ai-un-son-crade-avec-mon-médiator-qui-joue-que-sur-une-corde (appellations officielles). On reconnaît donc tout de suite le style entre Superjoint Ritual pour la lourdeur et The Haunted, par exemple, pour les ‘mélodies’. Car oui, il y a de la place pour la mélodie aussi dans ce concentré de colère et même s’ils ne sont pas les rois de la nuance, il faut dire que les quatre garçons savent y faire pour ne pas lasser l’auditeur. Tout d’abord, tous maîtrisent leur instrument à merveille ce qui donne droit à de magnifiques et spectaculaires solos comme, tout particulièrement, celui de ‘What I See I Despise‘. D’autre part les mid-tempos sont nombreux, parfois peut-être trop prévisibles, et sont peut-être la seule chose qui fait que certains titre ne basculent pas dans un grind monotone à batterie en boucle, comme ‘Warhead‘. Titre qui n’en demeure pas moins l’un des meilleurs de l’album avec ses paroles ambiguës entre anti et pro-guerre et ses effets de voix multiples et variés.

La voix justement, derrière laquelle se cache Jacob Bredahl, sait tout autant se faire mélodieuse (le mot est peut-être un peu fort, mais bon…) dans des titres comme ‘Deathtrip‘, avec des influences indéniables de groupes comme Destruction ou encore par moments Slayer, que totalement ‘primitive’ révélant alors ses racines complètement death allant de Nile à des vomissements extrêmes à la Macabre. Le principal c’est qu’elle surprend par son honnêteté, et on ne peut s’empêcher de prendre ça au sérieux lorsqu’on entend pour la première fois le ‘I will kill you‘, murmuré avec une sincérité malsaine dans ‘500 Dead People‘, titre de clôture de l’album.

Essai transformé donc pour Hatesphere, qui ne fait qu’avec ce ‘Ballet Of The Brute‘ confirmer le réel talent qu’on avait entraperçu dans ses précédentes oeuvres. Un bon défouloir donc, avec rien à jeter, et même de petites perles sombrement poétiques telles que ‘Last Cut, Last Head‘ dont le sarcasme asséné sur des riffs bien sentis ne lasse pas.