Anthrax – The Greater of Two Evils

Depuis l’éviction de Joey Belladonna en 1992, Anthrax n’a jamais réussi à s’imposer son nouveau chanteur auprès du public. John Bush, malgré ses immenses qualités, a toujours été comparé à son prédécesseur. Pour se libérer de son passé, le groupe new-yorkais a donc décidé d’enregistrer ce que beaucoup de fans attendaient : un best-of des années Joey Belladonna avec John Bush au chant !

Début 2004, Anthrax a donc proposé aux visiteurs de son site web de choisir les morceaux qu’ils voulaient entendre sur ‘The Greater of Two Evils‘. Le résultat n’a pas été respecté à 100%, sans quoi la tracklist aurait été trop proche du best-of sorti en 1998, mais force est de constater que ces 14 morceaux ont de la gueule ! A la limite, seules ‘Deathrider‘, ‘Be All End All‘ et ‘Gung Ho‘ surprennent, mais pas de quoi crier au scandale tant ces morceaux sont bons.

Première chose à savoir sur ce disque : il a été enregistré très rapidement, en 2 jours si je me souviens bien. Un feeling live se fait donc ressentir, d’autant plus qu’un paquet de morceaux se terminent par un brouhaha sonore généralement entendu en concert. Outre ces nouvelles fins, d’autres modifications de taille ont été apportées aux compositions originales, et c’est surtout le cas sur ‘Deathrider‘, ‘N.F.L‘, ‘Keep It In The Family‘ et ‘Madhouse‘. Mais la grosse différence, c’est bien évidemment la présence de John Bush : celui-ci est fidèle à lui-même, très propre, rageur et sans fausses notes. Avait-on besoin de ce disque pour s’assurer de son talent ? Evidemment que non !

L’autre différence de taille se fait ressentir au niveau des soli : l’excellent Rob Caggiano a un style plus fluide et moins décousu que Dan Spitz, et certains lead sont méconnaissables (‘Keep It In The Family‘ pour n’en citer qu’un). Qui plus est, Rob ne cherche pas à imiter son aîné et il lâche ça et là quelques effets surprenants pour du Anthrax (‘A.I.R‘, ‘Gung Ho‘). Autant dire que l’on est parfois étonné : toucher à des classiques, c’est risqué, un peu comme si Metallica revisitait ‘Master of Puppets‘ !

Au final, que dire de cet album ? Et bien tout d’abord la production est plus moderne, et le son est bien plus dense que sur les originaux. La guitare de Scott Ian est extrêmement heavy, la basse est parfaitement audible et la batterie de Charlie Benante me semble plus dynamique que par le passé. Mais au-delà de la technique, il en ressort un son très froid, limite mécanique, comme si le groupe était en répétition dans notre salon. Certains apprécieront, d’autres (comme moi) trouveront que le son d’époque avait bien plus de charme. De plus, quelques morceaux ont perdu en intensité (‘Caught in a Mosh‘). Et puis merde quoi, il manque des classiques comme ‘In My World‘, ‘Make Me Laugh‘, ‘Anti-social‘ et ‘Got The Time‘ ! Ces 2 derniers ne sont peut-être que des reprises à la base, mais ils ont contribué à la gloire d’Anthrax. Toutefois, ne croyez pas que je sois négatif vis à vis de ce disque, c’est juste que j’en attendais vraiment plus en tant que fan du groupe. Les compos restent pour la plupart des monuments du thrash, et on ne peut s’empêcher de bouger les cheveux sur les infernales ‘Panic‘, ‘Gung Ho‘ et autres ‘Metal Thrashing Mad‘.

The Greater of Two Evils‘ apparaît donc comme une tentative désespérée de rattraper la gloire passée. L’album est évidemment très bon, et on sent que le groupe maîtrise vraiment ses morceaux à la perfection, mais on aurait pu espérer plus d’efforts au niveau de la production et un choix des morceaux plus fidèle au sondage organisé sur le site officiel. Qu’importe dans un sens : avec ce disque, Anthrax a enfin mis John Bush au même niveau que Joey Belladonna, et les plus jeunes d’entre vous qui souhaitent découvrir ce mythique groupe du Big 4 seront plus réceptifs à ce disque qu’aux vieux CD des années 80.