Imaginez une bande de gros barbares tatoués, en train de siroter du Jack Daniel’s dans un bar pour fêter leur récente sortie de prison. Ils sont barbus, leur crane chauve luit dans le reflet bleu de la lumière anti-moustiques, et leur odeur de transpiration est encore plus nauséabonde que celle de Roseanne en pleine canicule. Voilà, je pense qu’avec ça, vous devriez avoir un bon aperçu du groupe dont je vais vous parler aujourd’hui. Brand New Sin, bien qu’originaire de New York, nous propose un rock méchamment couillu qui semble tout droit venu du sud des Etats-Unis… Un petit paradoxe, mais vue la dégaine des 5 gaillards, on va éviter de leur dire…
Pour vous la faire courte, on va dire que BNS se ballade entre le rock et le métal, un peu comme Drowning Pool ou Damageplan. La seule différence, c’est que là le groupe s’assume à 100% et que ça le fait grave ! Les compos sont variées, sans compromis, et incroyablement puissantes (même sur les ballades acoustiques, c’est dire…). La formule gagnante de nos pêcheurs américains peut se résumer à trois éléments : deux guitaristes d’exception, un chanteur fan de grunge et surtout une prod’ démentielle. Je vous détaille tout ça.
Après un bruit de canette décapsulée, ‘Recipe For Disaster‘ commence sur les chapeaux de roue par un riff dissonannt et particulièrement lourd. Brand New Sin est arrivé dans la place, et ça tombe bien, le morceau en question s’appelle ‘Arrived‘ ! Par la suite, Kris Wiechmann et Kenny Dunham, les 2 guitaristes, nous épatent pendant 47 minutes plus captivantes les unes que les autres : avec des rythmiques carrées et des soli incroyablement fluides (ex : ‘Once In A Lifetime‘), on pense beaucoup à Zakk Wylde de Black Label Society, sauf que là le tempo d’ensemble est bien plus rapide. Qui plus est, l’utilisation d’harmoniques naturelles sur les premiers titres de l’album nous montre que ces 2 musiciens étaient de gros fans de Dimebag Darrell. Certains riffs sont de pures tueries hard rock, bien dynamiques et incroyablement heavy : écoutez par exemple le single ‘Black And Blue‘, ‘Freight Train‘ ou encore l’excellente ‘Dead Man Walking‘, et vous verrez que le rock US n’est pas si mou qu’on veut bien nous le faire croire…
Joe Altier, le chanteur au look de tueur, est également l’un des gros atouts de BNS, avec son timbre clairement inspiré par Scott Stapp (Creed). Le mec en fait des tonnes, avec son accent texan bien accentué sur les fins de mots, après c’est un style, faut aimer, mais si vous êtes dans ce trip, vous devriez apprécier l’énergie incroyable qui se dégage de cette voix. En tout cas, personnellement, j’adore ! Les paroles ne sont pas très fouillées, c’est une certitude, mais on n’écoute pas ce genre de groupe pour réfléchir : en gros, Brand New Sin parle de bottes, de guerre, et de flingues, et parfois des trois à la fois (cf. le refrain ‘My boots, my price and my gun‘ sur le dernier morceau). On aurait affaire à des partisans de George W. que ça m’étonnerait pas…
En plus de nous faire taper du pied avec son rock méchamment puissant, Brand New Sin excelle dans l’exercice des ballades. 3 titres acoustiques particulièrement prenants parsèment ce disque, et sur chaque coup de médiator, on sent toute l’énergie de Kris et Kenny. Si ‘Running Alone‘ et ‘Once In A Lifetime‘ mettent en avant le côté sombre du chant, ‘Another Reason‘ nous montre une formation en pleine expérimentation : ainsi, pendant un break de 90 secondes, le groupe part dans un trip hawaïen minimaliste étonnamment cohésif avec le reste de l’album. Mais ce n’est rien à côté de ‘Wyoming‘, alias le morceau qui clôt l’album : avec un chant tout en retenue et une guitare carrément entêtante, Brand New Sin nous démontre qu’il peut faire du gros rock sans forcer le rythme. Assurément le meilleur morceau du disque…
Décidément, Century Media nous gâte en cette fin de printemps, avec une succession de sorties toutes plus intéressantes les unes que les autres (notamment Gotthard et Settle The Score). Autant être clair : Brand New Sin m’a mis une claque, une vraie, avec ce disque que je me passe en boucle depuis que je l’ai découvert. ‘Recipe For Disaster‘ est une vraie réussite, un disque de rock US à ranger entre ceux de Black Label Society et de Corrosion of Conformity… Pour peu que vous aimiez le rock boosté aux hormones de croissances et à la créatine, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire le 30 mai.