Opeth – Ghost Reveries

S’il y a bien une chose qu’on peut accorder à Opeth, s’est d’avoir su développer à travers ses sept albums un style vraiment original. Qu’on reconnaisse la voix innimitable de Mikael Akerfeldt ou ses compositions interminables, on reconnaît toujours quelque chose comme étant du Opthe au bout de deux secondes d’écoute. Alors voici qu’arrive le petit dernier du groupe, ‘Ghost Reveries‘ depuis deux ans qu’on l’attendait impatiemment. Alors la musique du quintet suédois est-elle toujours aussi enchanteresse au bout de ces dix longues années de carrière ?

Première chose à savoir pour ceux qui n’auraient jamais eu l’occasion de se pencher sur l’ovni qu’est ce groupe, Opeth ça ne s’écoute pas à la légère : ce sont la plupart du temps des compos avoisinnant les dix minutes de longueurs et pratiquant des sortes de variations de genres passant souvent d’un extrême à l’autre, de la ballade mélancolique au death le plus brutal en une fraction de seconde. Les fans seront ravis d’apprendre que rien n’a changé pour ce huitième opus : huit morceaux pour plus d’une heure de musique. Et même si le titre d’ouverture, ‘Ghost Of Perdition‘, commence par envoyer la sauce dès les premieres secondes sur un chant hurlé des plus agréables, on se rend vite compte qu’Akerfeldt n’a pas perdu ses bonnes vieilles habitudes : harmonies vocales s’enchainent avec des solos arythmiques, de longs passages de guitare acoustique, le tout pour une ambiance plus mystique que jamais.

En effet, le groupe joue toujours autant sur l’ambiance, l’atmosphère que dégagent ces mélodies difficiles à mémoriser mais si envoûtantes, l’effet de surprise de riffs constemment en évolution, passant d’un instrument à l’autre en empruntant à chaque fois un timbre nouveau pour former ces longs passages instrumentaux. Et des instruments différents on en trouve beaucoup. Au-delà des nombreux effets qui se superposent aux performances de ces techniciens sans failles, on trouve de nombreux claviers et nottement le magnifique mellotron d’Akerfeldt, ce sorte d’orgue à la complainte mélancolique qui donne cette petite touche jazzy à certains titres. Le meilleur exemple reste l’excellent ‘Hours Of Wealth‘, véritable petit bijou de pur blues à la sauce suédoise. En toute simplicité la voix se pose sur ce fameux orgue accompagné d’une guitare solitaire pour cinq minutes de pur bonheur.

Du côté plus ‘bourrin’ on trouve entre autres ‘The Grand Conjuration‘ qui décline sur toute sa longueur un riff simpliste à toutes les sauces, en passant en son milieu par un pont pour le coup vraiment death ou la puissance de la voix de Mikael se fait enfin sentir : profonde et gutturale, elle se fond parfaitement à ces quelques blasts de batterie bienvenus (et on sait à quel point Martin Lopez derrière ses fûts sait y faire…).

Malheureusement, malgré ces quelques éclairs de génie dont Akerfeldt a le secret, à de nombreux moments, on a une grosse impression de déjà entendu. En tout cas ceux qui ont déjà eu l’occasion de se familiariser avec la discographie du groupe retrouveront pas mal de ces tournures rythmiques et structurelles qui ont fait le succès du groupe. Mais le problème est que ce qui surprenait il y a encore quelques années a tendance à devenir une norme : on s’attend à ce qu’un riff évolue innévitablement de telle ou telle façon, on s’attend toujours à ces longs passages en voix claire après quelques growls, on s’attend même à certaines sonorités caractéristiques comme ces inspirations indiennes sur ‘Atonement‘ qui donnent cette désagréable impression de se retrouver au sein d’une communauté de hippies.

Du coup, à force de s’attendre à tout, c’est plus dur d’être surpris. Et quand on est plus surpris, sur une heure de musique, on a une fâcheuse tendance à s’ennuyer. Alors oui, comme musique d’ambiance, Ghost Reveries, y’a pas mieux, mais là ou les précédents albums faisaient rêver par leur créativité, ce petit dernier est tout juste agréable.