Slipknot – 9.0 : Live

Slipknot est un groupe qui aura marqué son époque et quoi qu’on dise, c’est difficile de le nier. Le gang masqué de Des Moines, en plus de créer un vrai phénomène à l’échelle mondiale, a su rendre populaire un style néo mais auquel se mèlent tout de même pas mal d’éléments tirés du death, dont ces gros blasts qui réussissent à rendre folles des foules entières à travers le globe. Rien que pour ça, la sortie de leur premier live est une évenement en soi. Bon, pour ce qui est du live, c’est vrai il y avait déjà le DVD ‘Disasterpieces‘… mais c’est d’ailleurs surement pour ça qu’ils ont voulu faire de ce ‘9.0 : Live‘, puisque c’est son nom, quelque chose qui vaille vraiment la peine. Du coup, c’est donc non pas à un, mais à deux cds remplis de Slipknot sur scène qu’on aura droit !

C’est ‘The Blister Exists‘ qui ouvre les festivités et il suffit de quelques secondes pour se rendre compte que le son est tout simplement d’excellente qualité. Sur ce point, tous ne seront donc pas du même avis : d’un côté ceux qui aiment comprendre ce qu’ils écoutent et à qui les cris de la foule et le chant plus spontané suffisent pour s’imaginer en plein concert, de l’autre ceux qui préfèreront les lives plus à l’arrache, ou le son correspond vraiment à ce qu’on entend quand on est effectivement devant la scène. Parce que si sur ce point c’est à chacun de se faire son avis, ce qui est indéniable c’est que ce qui est sur ce double-album est très loin de ce qu’on peut entendre une fois en plein milieu de la fosse ou tout au fond d’un énorme stade. Très loin.

En même temps, pour ceux qui ne sont pas familiers au groupe, pas besoin de connaître les titres pour les apprécier : les guitares sortent parfaitement du lot malgré une batterie ultra-présente. D’ailleurs chaque titre est un vrai régal pour tout batteur désireux d’étudier un peu la technique de Joey, plus en forme que jamais derrière ses fûts. Le blaster fou autodidacte a toujours un style aussi particlulier, alternant ses grooves pur néo et ses gros blasts où ses influences plus brutales ressortent.

En ce qui concerne la setlist, sur vingt-quatre titres, une grande majorité de brutalité pure et ceux qui aiment les facettes plus mélodiques du groupe risquent d’être déçus. Personellement elle me plait plutôt cette setlist et même si le dernier album est bien mis en avant, les quelques énormes tubes désormais devenus des classiques des opus précédents sont bien là : entre autres ‘(Sic)‘, ‘The Heretic Anthem‘ et ‘Wait And Bleed‘ en rappel repris en coeur par un public conquis. Si tout parait presque trop bon et propre, ce live possède bien aussi quelques défauts.

Premièrement, si Corey est motivé et arrive aussi à motiver les foules, ça ne l’empêche pas d’avoir souvent de petits problèmes de voix et son grognement habituel se transforme souvent en petits cris d’ados pré-pubaire. Il manque également souvent de souffle (on l’imagine bien bouger dans tous les sens sur scène mais ça n’excuse pas tout…) et les longs cris enragés sont malheureusement la plupart du temps coupés courts. Ensuite, et c’est ce qui m’a le plus gêné à l’écoute de ce live, on a vraiment un sentiment de petits bouts de concerts collés ensemble : on commence en entendant Corey dire ‘Comment ça va Dallas ?’ pour finir en demandant ‘Alors vous en voulez encore Las Vegas ?’ en passant par un petit ‘Comment ça va Phoenix ?’. Du coup on perd vite le fil de l’écoute en se disant que c’est plutôt facile de choisir les meilleures performances sur plusieurs concerts.

Globalement, ce ‘9.0 : Live possède bien des qualités et reste un indispensable pour les fans (et dieu sait qu’il y en a). Pour les autres, désireux de voir ce que donne le groupe sur scène, le DVD ‘Disasterpieces vaut bien plus le coup, puisque les shows de Slipknot sont aussi très impressionants visuellement, et rendra donc mieux justice au dynamisme que dégagent tous ces musiciens en action. Du côté des petits plus non négligeables on a toujours les quelques incursions du DJ qui sont plus présentes que d’habitudes ou le chant de Shawn à quelques rares moments. En gros, quand même pas grand-chose à lui reprocher à ce live, avec sa production sans failles, sa technique instrumentale au top et son contenu relativement exhaustif : si on aime Slipknot, difficile de ne pas se laisser tenter.