Arctic Monkeys – Favourite Worst Nightmare

On en est toujours au même problème quand il s’agît d’aborder le second album d’un groupe qui a tant marqué les esprits dès les débuts, surtout quand c’est au point de bénéficier d’un buzz à vous en rendre malade. Personnellement, je n’aurai prêté une oreille aux Arctic Monkeys qu’une fois cette tendance ‘hype’ passée pour mieux apprécier l’album ‘Whatever People Say I Am, Thats What I’m Not‘ avant de tomber (déjà) sur le second rejeton du combo, ‘Favourite Worst Nightmare‘.

Une fois la surprise de la pochette appréhendée façon Titeufhoooooo, y’a des zizis dans le livret‘, on se dit que la sobriété de celle-ci ne laisse aucunement augurer du déferlement de watts qui nous attend sur ce nouveau disque servi par un premier single aux guitares survoltées, ‘Brianstorm‘. Un titre au tempérament accrocheur qui en fait déjà un tube reconnu grâce à une section rythmique à faire baver plus d’un musicien. L’album continue donc avec ‘Teddy Picker‘, titre un chouïa moins enlevé mais tout aussi sympa à écouter, le groupe étant à la perpétuelle recherche du riff accrocheur via une section basse/batterie parfaite de communion, des guitares sans temps mort, n’hésitant pas à se tailler de beaux passages dans la composition et des choeurs qui en font un titre imparable. La formation semble d’ailleurs s’en donner à coeur joie, puisque le schéma musical se retrouve sur d’autres titres tels que ‘D Is For Dangerous‘ (qui ne peut m’empêcher de penser à The Hives pour le coup). Les musiciens prenant un malin plaisir à casser les rythmes de leurs compositions sur des titres d’une durée moyenne de trois minutes qui ont un autre point commun, vous donner une sérieuse envie de vous trémousser ! Oui, je ne le cache pas, ce que j’aime avec cet album, c’est sa pêche, une bonne dose de vitamines D-cibels à vous réveiller un pingouin congelé !
L’album propose ainsi une succession de titres plus entrainants les uns que les autres, ‘Balaclava‘ (par exemple) qui semblerait presque se reposer sur une formule assez facile, est au final emmené par un refrain pêchu à souhait et une mélodie particulièrement lourde. Ainsi en va des titres ‘This House Is A Circus‘, ‘The Bad Thing‘, ‘Do Me A Favour‘ ou encore ‘Old Yellow Bricks‘, titre très prenant lorgnant presque du côté de The White Stripes grâce à sa guitare sautillante et sa batterie, dont la rythmique basique et incisive ne fera que renforcer la ressemblance.
Seul reproche à formuler, un petit ventre mou en milieu d’album avec ‘Fluorescent Adolescent‘ qui s’inscrit dans un registre un peu trop lisse à mon goût. Le groupe s’y révélant presque dénaturé de toute personnalité le temps d’un titre assez britpop finalement. Quant au second titre, vous connaissez mon goût peu prononcé pour les titres ‘mollassons’, ‘Only One Who Knows‘ ne me fait pas changer d’avis et la voix lointaine d’Alex Turner, presque nostalgique, agrémentée de guitares cristallines n’y est pas étrangére. Moment d’accalmie qui pourra sûrement plaire à certains malgré tout.
Me concernant, on retourne aux choses sérieuses via un titre comme ‘If You Were There Beware‘ qui propose un effet assez intéressant avec son intro identique à sa conclusion, les instruments s’y montrent plutôt retenus et lui confèrent même un certain groove, le tout étant surmonté d’un chant impeccable. Ambiance très travaillée donc, j’ai même envie de dire quasiment unique sur l’album, le groupe en ayant le temps, puisqu’il s’agît du morceau le plus long de ce ‘pire cauchemar préféré‘ avec plus de 4 minutes au compteur ! Quelques précieuses secondes qui font que le groupe prend le temps de poser sa mélodie, de placer ses riffs et même de se la jouer Muse avec une partie de chant au mégaphone. Du même acabit musical et de durée, ‘505‘, dernier titre de l’ouvrage, se dissimule derrière une entrée en matière franchement calme pour monter crescendo et se révéler aussi catchy que les titres précédents. Une fort belle manière de conclure cette galette avec un savant mélange balançant entre volupté et rythme.

Certes, on perd ici un peu de la spontanéité du premier album, fait qui me parait pourtant évident dans le cadre d’un secon album néanmoins, l’ensemble se révéle si prenant grâce à ses parties instrumentales inspirées et sa rythmique enlevée, développée de bout en bout de l’album, qu’il me paraît difficile d’y résister. Les fans de la première heure crieront peut-être à la trahison face au caractère simpliste (d’apparence) de cet album mais je suis persuadé que la formation saura aussi convaincre les sceptiques de la première heure avec ce nouveau skeud, que j’ai désormais bien hâte de voir défendu sur scène par le quatuor de Sheffield. Alors franchement, pourquoi bouder son plaisir quand c’est aussi bon ?