Nine Inch Nails – Y34RZ3R0R3MIX3D

Puisqu’il restait à Trent Reznor le devoir de sortir un dernier album sous l’égide du label Interscope, celui-ci a décidé de sortir une compilation de remixes de l’album ‘Year Zero‘. Ainsi, Interscope obtenait son album et Reznor sa liberté artistique. Alors justement, sachant que l’album sort dans de telles circonstances, que peut-on en attendre ? Car ‘Year Zero‘, c’est avant tout un ensemble, un album hyper cohérent dans son désordre sonore dont la conservation eût été étonnante vu le nombre de personnes conviées. Verdict.

Les remixes, c’est selon moi… Une affaire très délicate ! Bien souvent relégués au rang de bouche-trous sur les maxis, on comprend bien souvent pourquoi ils ne servent que de faces-B. Même si quelques invités semblaient faire figure de caution morale, il me paraissait évident que le tout serait fait de hauts et de bas. ‘Year Zero‘ bénéficiant d’un sacré karma, il apparaissait plus que judicieux d’en amplifier certains aspects, tenter de battre Reznor sur son propre terrain, à savoir celui de l’électro, prenant des allures de mission suicide.
Modwheelmood va par exemple transformer la tonitruante ‘The Great Destroyer‘ en composition apaisée, proposant ainsi une agréable reprise lorgnant clairement du côté de la ballade électro-acoustique là où Ladytron exacerbe l’aspect électro-dansant de ‘The Beginning Of The End‘ façon Depeche Mode. De la même manière, ‘Meet Your Master‘ de The Faint s’appuie sur des beats très tranchés et le chant retravaillé, désormais haché de Reznor. Les fans eux-mêmes ne s’y trompent puisque c’est l’un d’eux qui se cache derrière le pseudo Pirate Robot Midget et le réussi ‘My Violent Heart‘. Fennesz va à son tour capter toute l’émotion du titre ‘In This Twilight‘ et la conserver en rendant le titre plus planant encore façon Sigur Ros. Á l’inverse, d’autres artistes se réapproprieront franchement les compos tel que Stefan Goodchild (Feat. Doudou N’diaye Rose) transformant ‘The Warning‘ en titre quasi-tribal, les percussions prenant ici le dessus. Attendu au tournant, Saul Williams va faire du titre instrumental ‘Hyperpower!‘ un nouvel exercice vocal de Niggy Tardust. Efficace à souhait, le flow enlevé du chanteur contraste énormément avec son second remix (‘Survivalism‘) transformé en titre lent et ennuyeux sans réelle personnalité.
Á ce titre, le reste des invités semble beaucoup moins inspiré, certains voguent entre exercice sans risque et manque d’originalité (‘Vessel‘ de Bill Laswell ou ‘God Given‘ de Stephen Morris et Gillian Gilbert qui n’apportent rien du tout) quand d’autres ont fait le choix très risqué de la réappropriation totale et si dans certains cas, cela passe à la manière de Saul Williams, tous ne bénéficient pas d’une identité musicale aussi forte et c’est bien là, toute la différence !
Si on saluera l’initiative du Kronos Quartet qui rappellera assurément l’hommage déjà réalisé par le string quartet à NIN, seule votre sensibilité personnelle aux cordes permettra de dire si c’est un bon titre ou non.
Pour les autres, le constat est moins clément ! Epworth Phones se cassant littéralement la prise jack sur ‘Capital G‘, transformé en titre house. Plus rien n’émane du titre, si ce n’est une rythmique syncopale correspondant plus à une compil’ estampillée Dancefloor FG que NIN… Ç’aurait pu être intéressant malgré tout si ce n’était pas aussi mal foutu. Dans le même ordre d’idée, Olof Dreijer a su faire de ‘Me, I’m Not‘ un titre purement instrumental aussi palpitant qu’un chant de baleine perdu dans la nuit (ceux qui y auront déjà jeté une oreille sauront de quoi je parle). Quant à ‘Zero Sum‘, le titre n’a cette fois pas la capacité à refermer l’album avec un sentiment de plénitude tant il est anecdotique…

Je n’attendais pas grand-chose de cet album de remixes car je n’ai jamais été un fan de l’exercice même quand Trent Reznor lui-même s’y colle. Et pour cause, il me parait souvent bien difficile de surpasser un titre que l’on a pu apprécier dans sa version de base. Le tout vogue finalement entre le passable et le sympa mais force est de constater que l’on reviendra plus facilement sur le Year Zero original que le remixé malgré ses quelques qualités…