Sikh – One More Piece

En 2005, Sikh sortait son premier album, avec un son propre et -trop- lisse (mixé par Fred & Pendule de Watcha) très influencé par le power et le nu-metal américain des années 1990, avec quelques pointes aux frontières du death, que le combo niçois défendait sur scène avec des apparitions remarquées et pleines de fougue (je n’oublierais jamais cette prestation à l’Open Festival de Vitrolles en 2005, une véritable claque). Pour ce second album, ils ont choisi l’enregistrement à la maison au Kallaghan Studio (dont le boss n’est ni plus ni moins que le frontman de Sikh). Avant d’attaquer la critique, coup d’oeil à l’artwork, sublime et chaleureux, réalisé par C1PC (déjà auteur, entre autre, du visuel de ‘Watch the Sun‘ d’Headcharger).

La précédente livraison du groupe pêchait parfois par manque de personnalité, et c’est avec joie que les fans ont pu lire sur MySpace un communiqué annonçant la sortie de l’album (‘One More Piece‘ est un album qu’on a voulu contrasté et ouvert sur des horizons assez vastes, il a été conçu dans un état d’esprit teinté de second degré et de surréalisme ne soyez pas étonnés si par quelques aspects que ce soit il vous parait bizarre… les textes traitent de la difficulté à faire des choix, et à se situer en tant qu’etre humain‘). Et après écoute et ré-écoute, pas de doutes, ils ne nous ont pas menti. Une évolution à la fois logique et curieuse.

Ce qui frappe en premier, ce sont les influences, encore plus prononcées mais réellement maîtrisées, ce qui accentue l’originalité, ainsi qu’une identité propre au groupe. Sikh a regroupé le meilleur du metal des 90’s pour s’inspirer, et dans ce cas-là, c’est une réussite ! Même si certaines tonalités se rapprochent dangeureusement de l’hommage trop poussé (le néanmoins agréable ‘Box My Balls‘ et ses effets rappelant les grattes de Munky et Head de KoRn en 1998, ou encore ‘Hollywood‘ et ce timbre de voix si Davis-ien), on sent que les niçois ont eu ‘plaisir’ pour mot d’ordre. Que dire de la ligne de basse jouée par Boz (remplacé après la sortie du skeud par Roswell, ex-Eths) sur le morceau d’ouverture, ‘The Quake‘, rejoingnant la luminosité de Les Claypool, ou ‘Ocean‘ et ses mesures évoquant brillamment Machine Head.
Le second point fort, ce sont les ravageuses compositions taillées pour le live, avec en tête le meilleur morceau de l’album, ‘Psychotro‘, qui résume bien le Sikh version 2007 : ouvert, massif, sans prises de tête et second degré. Un sample d’une foule en ébullition lance parfaitement ce morceau, groovy et très efficace, où l’on peut remarquer les progrès de Kal au chant clair. Des particularités qui font des niçois les cousins turbulents de leur confrères hongrois du label Dirty8, à savoir Superbutt (le titre éponyme aurait pu être un morceau venant de Budapest !). Le second degré est traduit par la folie présente sur tout l’album, pour le plus grand bonheur de l’auditeur toujours nostalgique des 90’s qui font frénétiquement taper du pied (l’énorme ‘Halcyon Days‘). Un vrai défouloir !! Sans oublier certains passages empruntés au metal extrême, pour ne pas oublier les racines de la formation.
Sikh sait aussi être là où on ne les attend pas, avec la reposante ‘Ballad Of The Harmless‘, et son côté pop (post-grunge, hein !) de Seattle, impensable lors du premier album, une pause bienvenue après la déferlante de riffs couillus et de plans furieux. Bien joué.

Au final, ‘One More Piece‘ est un très bon album, qui assène la dernière claque de 2007 de la part d’un metal français bel et bien en grande forme. Sans tomber dans le plagiat, le groupe a assumé ses influences 90’s -évidentes, que ce soit KoRn, Machine Head, (hed) P.E. ou Pantera– pour nous offrir un album bien produit dont l’unique but et de faire plaisir en se faisant plaisir. Sikh n’est pas un de ces groupes français qui arrivent dix années après la bataille avec un soupe nu-metal insipide et sans aucune originalité. Définitivement non, les mecs de Sikh sont talentueux, et vous pourrez le vérifier sur scène, avec ces morceaux qui risquent (sûrement) de prendre encore plus d’ampleur sur les planches. On se laisserait presque repousser les dreads…