Cavalera Conspiracy – Inflikted

La patience paie toujours. Douze ans, DOUZE ANS!!! Je me souviens encore du moment où, apprenant le départ Max Cavalera de Seplutura, et après avoir versé une petite larme (intérieurement, hein, quand on écoute du métal, il faut savoir être fort, et ne répandre que sueur, sang et crachats comme fluides corporels), j’avais pensé directement à cette [url=http://www.dailymotion.com/video/xvfda_marie-laforet-viens-viens]ôde[url] de Marie Laforêt, et prié pour qu’il revienne (après tout Ozzy n’était-il pas revenu dans Black Sabb’?)
Bon au final, mes prières ont été à moitié exaucées puisqu’à défaut de le voir ré-intégrer la formation c’est une partie de la formation qui vint à lui, et nul d’autre que son propre frère Iggor. Mais ça évidemment, vous le savez déjà.
Alors, voilà, plus récemment, le départ d’Iggor de Sepultura a dû être un signe assez significatif pour que les deux gars se recausent et fassent la paix; du coup, les fans ont commencé à espérer car très vite les frangins ont officialisé leur nouvelle entente par la musique (ils se sont manqués les cocos pendant tout ce temps). Imaginez la gueule des gens qui se sont rendus au 10ème D-Low Memory Festival de 2006 (ce festival étant tenu pour la mémoire de Dana, le fils adoptif de Max, assassiné par balle en 1996 et dont le meurtrier court toujours) et qui ont assisté à leurs premières retrouvailles musicale depuis ces 12 ans (les frangins en ont pétoché).
Fatalement, on était tous en droit d’espérer encore plus, et chose fût faite en lieu et nom de Cavalera Conspiracy, d’abord à demi annoncé comme Inflikted, mais le nom étant déjà pris, Max l’utilisera comme titre d’album et chanson d’ouverture.
Pour inscrire encore une anecdote à la ‘légende du rock n’ roll’, c’est en parcourant les CDs de son neveu petit Igor (le fils de Max, 14 ans et fan de death metal old school… mais quelle famille…) qu’Iggor (le grand) est tombé sur l’album Seven Churches de [url=http://en.wikipedia.org/wiki/Possessed_(band)]Possessed [url] (reconnu par certains comme le 1er album de death metal) et qui avait bercé la tendre jeunesse des deux frères (des tarés, oui!). A la question ‘quelle sera donc l’orientation de l’album?’, la réponse était toute trouvée.
Il fallait encore se trouver des acolytes, pour la lead guitare, Max s’est hyper creusé la tête pour dégoter Marc Rizzo de Soulfly. Par contre, assumant toujours son intérêt pour notre contrée, c’est dans Gojira qu’il ira compléter sa section rythmique, et après que Jean-Labadie ait refusé l’invitation, c’est Joe Duplantier qui se retrouvera embringué dans l’affaire, troquant de ce fait sa guitare pour la basse.
Niveau label, Roadrunner tient toujours et encore le haut du pavé. La production, elle, fût assurée par un ancien gratteux de Soulfly mais surtout de Machine Head, en la personne de Logan Mader qui officie sous l’égide Dirty Icon Productions. Alors, après son gros fiasco Medication (ah! [url=http://www.amazon.fr/Prince-Valium-Medication/dp/B00006832J]Prince Valium[url], un playmobil stone en pâte à modeler, peut-on faire encore plus tarte? Quel glandu aurait pu acheter un truc pareil?… hum), on peut dire que le bonhomme sait aussi bien triturer des boutons (note ça je le fais très bien aussi) que de triturer des cordes de guitare. Rien à redire donc pour le son.
Je parlais plus haut de la ligne directrice de l’album, Possessed, tout ça, death metal, et bien je vous laisse imaginer ce que ça peut donner quand tout ça passe à la moulinette Cavalera, on arrive à un résultat, une énergie très punk, mais c’est ce qui arrive quand on joue sur 4 cordes et quand on détermine comme mot d’ordre ‘on se retrouve ensemble et on y va à fond’. D’un aspect général, si on met à part le symbole des retrouvailles, l’album est plus qu’honnête mais n’est pas non plus un chef d’oeuvre qui marquera toute une époque. Ceci dit, il est difficile de faire abstraction du dit symbole et de bouder son plaisir de retrouver la frappe sèche et puissante d’Iggor aux côtés des primiti’riffs et de la voix écorchée de Max. Les envolées de Marc Rizzo sont une valeur ajoutée non négligeable, le bougre fait preuve de toute la virtuosité dont il est capable, donnant un aspect moins brut de décoffrage à l’album. Joe Duplantier lui assure le mortier et l’aspect compact du skeud, il arrive en plus bien souvent à tirer son épingle du jeu. L’ensemble de l’album est taillé pour le live et les morceaux ne délivreront, à mon avis, toute leur intensité qu’au beau milieu d’un moshpit débridé (mais ça c’est mon côté bourrin).
Quelle autre scène imaginer d’ailleurs à l’écoute des 2 premiers morceaux : ‘Inflikted’ et ‘Sanctuary’ (1er [url=http://www.dailymotion.com/video/x4m3zd_cavalera-conspiracy-sanctuary_music]clip[url] de l’album)? Les 2 titres sont tout simplement imparables, le 1er laissant monter gentiment la pression avec sa guitare stridente, quand arrive le martèlement de la caisse claire, on sait déjà qu’on y est, le morceau déboule comme une locomotive imperturbable qui se transforme en TGV grâce à Marc Rizzo et son solo débridé. La fin du morceau m’offre une vision d’une foule de chevelus puants la bière et la sueur et reprenant en coeur ce ‘IN-FLIK-TED!’. Le 2ème titre lui met les pieds dans le plat direct et cravache ferme jusqu’à ce break répétitif, entêtant, headbangable à souhait. Le morceau offre une bonne vibe qui ne sera pas sans laisser les nostalgiques de Beneath The Remains indifférents. La conclusion est pleine d’inspiration avec ce fameux ‘Everybody dies tonight!’, ôde au bonheur et à la joie selon Max Cavalera.
D’ailleurs pour tous ceux qui aiment la poésie basique du gars, vous ne serez pas déçus par ‘Nevertrust’, qui n’est pas sans me rappeler un peu ‘No’ sur Soulfly. Rien de nouveau pour les thèmes abordés : la politique, la religion, les manipulateurs, et puis un petit pied de nez à Fall Out Boy qui prennent la place des Hootie & The Blowfish (c’est sûr qu’il se mouille pas trop tailler un costard, mais ça fait toujours rire). Musicalement c’est tout aussi basique et dans ta face mais qu’est-ce que c’est bon. Dans le même genre ‘Hex’ n’est pas en reste non plus( rha, ce martèlement à la double pédale lors du refrain…).
Pour autant, Max sait innover en restant lui-même. ‘The Doom Of All Fires’ avec ses répétitions et variations en chaque début de vers est assez novateur à mon sens et rend le titre particulièrement catchy et terriblement entrainant. ‘Bloodbrawl’ qui lui embraye le pas est du même acabit avec un côté sauvage plus prononcé encore. La ligne de basse au moment du break est simplissime mais efficace au possible.
Pour ce qui est d’un ‘vrai’ dépaysement, il faudra aller chercher du côté d’‘Ultra-violent’. Seul titre à avoir été co-composé avec Joe Duplantier; et comme qui dirait ça se voit comme le nez au milieu de la figure, si tant est que l’on connaît Gojira et son art de la micro pause au niveau du rythme faisant presque croire à vos cervicales qu’elles vont pouvoir se reposer. A noter, la présence de Rex Brown (Pantera, Down) qui passait par là et à enfilé sa basse pour l’occasion, après tout pourquoi se gêner?!
L’autre collaboration de l’album se trouve sur le très mystique et intriguant ‘Black Ark’. Toujours très famille-famille, c’est Ritchie Cavelera (un autre de ses fils adoptifs et hurleur de Incite) qui vient appuyer le chant de son p’tit papounet, les deux voix se mêlant sans quasi distinction mais redoublant l’effet guttural et brutos de l’affaire.
Seul petit bémol de l’album, ‘Terrorize’ qui commençait pourtant bien avec sa petite rythmique brésilienne en intro, j’apprécie le morceau pour son côté rapide et lourd à la fois mais l’intervention de Rizzo me vrille les tympans et les neurones, alors je lui demanderais bien : ‘il était vraiment nécessaire ce passage, Marc? Et le répéter 3 fois, ça aussi c’était nécessaire?!’.
Enfin, loin de moi l’idée de cracher dans la soupe pour un malheureux instant d’inconfort car le reste est tout à fait à même de ravir les fans des frères Cavalera, même si somme toute, c’est album n’est ‘qu’un’ bon album, il fera à mon avis date de par l’événement qu’il a représenté dans la communauté métal, nouveau chapitre d’une longue histoire qui recommence enfin.