Opeth – Watershed

On ne s’étonnera plus dans ces colonnes de cette scène musicale suédoise à rayonnement international. Pour les lecteurs avisés que vous êtes (la preuve, vous êtes sur Visual), vous savez bien depuis longtemps que les exportations de la Suède ne se limitent pas à du contre plaqué de merde mais aussi à une diversité musicale de qualité. Car , il faut bien le reconnaître, de qualité il est bel et bien question. Opeth a cette réputation de qualité octroyée par une base de fans très fervents qui louent littéralement chaque nouvel effort du groupe. Peut-on les blâmer? Non, et pourtant des gens semblent rester dans l’ignorance, je le sais, j’en faisais partie… un hérétique diront certains, une rondelle toute serrée diront d’autres (je laisse le poète au fond de vous s’exprimer à ma place). Bref toujours est-il que ce neuvième album, ‘Watershed‘, pour moi c’était du tout nouveau tout beau.
A vrai dire je ne m’avoue pas déçu du voyage, mais je dois dire ne pas être totalement certain que cet meilleur album soit le meilleur pour appréhender le groupe. Car (pour comprendre encore plus l’engouement de ses fans) il faut dire que chaque album apporte quelque chose de nouveau, le groupe suivant une progression artistique très personnelle et à la fois professionnelle, chose pas très aisée vous en conviendrez, repensez donc aux nombres de bouses musicales qu’à pu générer le music business… Donc perso, ça m’a plus donné envie d’aller jeter une oreille au désormais avant dernier ‘Ghost Reveries‘, déjà très reconnu par la critique et les fans.
Car bon, pour celui-ci, ce fameux death progressif qu’ils distillent, ils nous l’ont servi façon 70s, rien que ça! Alors qu’on soit bien d’accord, hein, mais le death progressif dans les 70s, ça n’existait pas, donc a priori, le résultat pourrait détoner. Pourtant ici, ça n’est pas vraiment le cas. Le problème réside plus, à mon humble goût, en des passages un peu poussifs voire soporifiques écoutés à certains moments de la journée.
Ce n’est pas faute me concernant de détester le rock des 70s, détrompez-vous, j’ai commencé par ça (et le grunge). Et je dois dire avoir fortement apprécié les références à des groupes comme Pink Floyd, The Doors (ce son d’orgue si significatif) ou bien Led Zeppelin. D’ailleurs, c’est un peu à la façon d’un ‘Battle Of Evermore‘ que commence l’opus avec ‘Coil‘, petite balade à la guitare sèche qui sent bon l’Irlande.Suivi par la douce voix de Nathalie Lorichs (chanteuse folk suédoise dont vous aurez oublié le nom dans quelqes lignes), Mikael Akerfeldt (tête pensante du groupe) assure au chant clair, sa voix en reste même relativement envoutante comme dans ses growls qu’il n’a heureusement pas abandonnés.
Ben oui, on n’est pas venu non plus ici pour se faire un bouquet de fleurs des champs, faut que ça déménage aussi un peu quand même! ‘Heir Apparent‘ s’en charge bien, et avec classe. Un début très progressif, les quelques notes de piano esseulées ne sont là que pour mieux se raviser avant que l’enfer ne se déchaine. Et quand je dis ça, ce n’est pas seulement qu’une formule. C’est ce genre de musique, au même titre que certains Neurosis, que j’imagine si jamais Mephisto Feles devait se présenter à moi! Cette impression spécialement grâce aux claviers qui rajoutent un je-ne-sais-quoi de messe satanique, bref je m’égare. ‘Hessian Peel‘ est de cette même veine mais c’est une récompense très inattendue quand on s’est tapé le début du morceau quelque peu poussif.
J’en parlais dans mes digressions de messe satanique mais, le clavier Per Wiberg tire bien son épingle du jeu, on le remarque également forcément aux passages à l’orgue ambiance The Doors, notamment sur ‘Lotus eater‘. C’est nonchalamment groovy, vraiment pas mal. Le titre se distingue également à son début où Akerfeld se lance en voix claire sur des blasts d’Axenrot, contraste assez saisissant qui se répercute bien tout au long de la chanson entre passages cools/voix claire, passages fâchés/growls. Pour d’autres titres comme ‘Burden‘, l’orgue arrive à peine à sauver le morceau : une balade très planante, trop planante à base de vocalises et de solos raffinés, ça a tendance à me gaver. D’ailleurs, il sait très bien ce qu’il fait le Akerfeld, son beau jouet qu’il vient de créer, et bien comme le sale gosse qu’il est, il s’amuse à le casser en désaccordant sa guitare au fur et à mesure de cette si jolie mélodie d’outro. Et en plus ça le fait marrer d’un rire qui se transforme en un son technoïde à en filer des frissons (normal pour un Suédois).
En fait, ce qui est bizarre avec cet album c’est que des passages ne m’emballent pas plus que ça comme par moments dans ‘Porcelain Heart‘ alors qu’à d’autres instants, le morceau me faire kiffer et j’ai l’impression d’attendre une musique qui a de la grandeur où on se sent porté par la mélodie. ‘Hex Omega‘ qui vient conclure l’album le démontre bien aussi avec un grand final un peu souverain. Pas mal du tout. C’est vraiment cette impression qui me reste en écoutant l’album. La construction des morceaux est recherchée, atypique mais intéressante. Les morceaux ne sont pas nombreux, 7 au total, mais on arrive quand même presque à l’heure de musique à 5 minutes près. Presque chaque titre prend son temps, oscillant de 7 à 11 minutes, les ambiances qui s’en dégagent sont variées et riches. Je pense que cet album ravira les aficionados du groupe à n’en point douter, perso j’ai de la découverte sur le feu.