Qui aurait cru un jour que je me repointerai à un concert de Rise Against ? Il n’y a qu’à lire mes commentaires accompagnant les quelques news des américains, leur dernier passage français se résumant probablement à mon pire samedi soir subit en 2006, à croire que je me serai moins ennuyé devant « Bigard bourre Bercy » sur M6, quoi que…
Le groupe était statique, peu communicatif, on les sentait clairement comme des gars qui doivent aller travailler : « et merde, on a du boulot ce soir ». C’est donc avec beaucoup d’humour que je pouvais parler de cette date du 17 Février : 30 € pour voir Rise Against, quelle blague ! Mais à voir la vitesse à laquelle se sont vendus les tickets, c’est à croire que plus un groupe est mauvais plus il attire les foules, on peut cependant imaginer que l’effet Guitar Hero soit passé par là. On me propose de couvrir la date quelques jours avant et c’est avec la présence de Strike Anywhere, un des meilleurs groupes de punk-rock/hardcore contestataires du moment ainsi que de Rentokill au top de la scène punk-rock européenne que je me décide d’y aller et après tout, je n’ai rien d’autre à faire ce soir.
Aujourd’hui, pas le temps de faire le journaliste, si je n’arrive pas à 19h30 pétantes je rate l’unique groupe qui m’est inédit de la soirée. C’est sans compter sur la coopération de la SNCF et sur l’humour, digne de Bigard, des parisiens qui trouvent drôle de sonner l’alarme du RER. J’arrive à la salle limite, le temps de prendre mon accréditation et de me placer en fosse photo. Rentokill[/grpiê} monte sur scène et le ton est donné très rapidement, ça va vite, c’est carré et ça ne fait pas semblant ! Les Autrichiens n’ont pas de mal à se faire apprécier et ne semble pas inconnus par une partie du public. Entre riffs punk-hardcore et quelques touches plus mélodique, le spectacle est intense, ils sautent, sourient, prennent du plaisir et on en attendait certainement pas plus. Le groupe ne cherche pas à se la jouer américain à l’écoute de l’accent très prononcé de son frontman, il ne révolutionne pas non plus la scène mais mérite très amplement sa réputation, le niveau est mis haut pour le reste de cette soirée.
Changement de plateau oblige, une constatation est immédiate, les espagnols se sont déplacés nombreux ce soir et ils ne sont pas là pour faire leurs poseurs, à la française.
Les lumières s’éteignent et les américains de Strike Anywhere commencent fort avec Detonation, chanson extraite de leur premier enregistrement. Thomas et ses longues dreads assure le show avec sa voix toujours aussi saccagée et s’enchainent les tubes. Hollywood Cemetery est suivie de Chalkline, le groupe puise dans toute sa discographie pour une setlist qui n’aurait pu être plus complète. Tout le monde reprend l’introduction de To The World et qu’elle réussite ! Thomas bouge partout, fait participer, chaque kid a sa place ce qui renforce l’aspect punk-rock du quintette. Sedition ou Infrared ne calment pas les foules, ils profitent de l’occasion pour nous faire découvrir un morceau inédit extrait du nouvel album à paraitre, dont l’efficacité ne semble pas être un problème. Arrive l’enchainement Amplify/Blaze et il n’y a plus rien à faire contre la déferlante, ce soir le groupe nous propose probablement une des meilleures prestations punk-rock que la salle ait connue, leur tête d’affiche à la Maroquinerie de 2007 n’est comparable à ce court mais mémorable set. Étant un petit peu en avance, un rappel s’impose avec sans surprise Sunset On 32nd Boulevard devant un Trabendo totalement acquis.
Je n’ai plus rien à attendre de cette soirée mais on va voir ce que peut bien donner le retour, vraisemblablement attendu, de Rise Against. Dès le changement de matériel, on a bien affaire à un « gros » groupe: « Trois chansons sans flash » me dit-on, ce que je traduis, non sans-peine, au camarade espagnol. Les lumières s’éteignent tandis qu’une longue intro est mise en fond sonore, à l’américaine, et le public montre son enthousiasme, à croire qu’être dans le noir pendant qu’on nous fout un cd est plus excitant que les deux pointures qui ont ouvert la soirée. Drones annonce la montée du groupe sur scène et je constate que le groupe s’est nettement amélioré depuis mes souvenirs. Le nouveau guitariste, aussi chevelu qu’un célèbre goal de l’équipe de France, bouge dans tous les sens et sa motivation a visiblement sorti les balais des derrières des autres membres ! Suit Give It All et le show pour l’instant irréprochable, Tim McIllrath joue très bien son rôle de leader, tout va très vite, on pourrait presque croire que l’on est en face d’un vrai show de punk-hardcore. Chamber The Cartridge ne change rien à tout cela mais arrive le premier extrait du dernier, peu recommandable, enregistrement du groupe. Re-Education (Through Labor), loin d’être la chanson la moins recommandable du dernier opus passe incognito, et on apprécie de ne retrouver qu’un faible nombre de chansons de cet album.
Malgré toutes ces bonnes attentions, Rise Against reste un groupe mainstream ne fait rien au hasard. Pas très bavard, le quatuor ne laisse pas place à l’improvisation et on sent le contact avec le public moins sincère que pour les groupes le précédents. C’est sans compter sur les camarades espagnols qui profitent bien de la non présence de grosses barrières et de vigiles devant la scène. C’est un vrai défilé qui a toute son importance. Que ce soit la fille qui après avoir tenté son premier slam en enchaine une dizaine ou le mec qui vient montrer ses fesses (qui entrainera le seul sourire de la soirée du bassiste) sans oublier le classique bisou sur le crane du guitariste. C’est sans doute une des raisons qui me fait apprécier cette soirée, j’en oublie presque le coup reçu sur mon objectif. Cependant le groupe ne porte pas grande attention à ces fans et le roadie est toujours au taquet pour les pousser dans la fosse.
Les anciennes, et efficaces, chansons continuent de s’enchainer, que ce soit Life Less Frightening ou la culte Like The Angel, le groupe est toujours aussi à l’aise que les fans sont ravis. Le groupe quitte la scène et Tim revient sans surprise accompagné de sa guitare acoustique pour une logique Swing Life Away, aussi inutile que reprise par toute la salle. Survive remonte le niveau tandis qu’Audience Of One, dernier single en date, passe le cap du live sans aucun problème grâce à son refrain catchy à souhait.
Prayer Of The Refugee marque la fin de ce finalement difficile à admettre très réussi set. Rise Against nous a livré ce soir un show de bonne qualité, ce concert que nous attendions il y a trois ans. Le groupe est cependant bien un groupe de rock aux sonorités punk-hardcore, très carré, justement un petit peu trop. Mais tout fan appréciant les efforts studios des américains était ravi ce soir et c’est bien l’essentiel.
