Eastpak Antidote Tour ✖︎ Elysée Montmartre ✖︎ Paris

Alors que l’affiche de l’édition 2008 du Eastpak Antidote Tour mettait tout amateur street-punk et punk festif aux anges avec Floging Molly, Street Dogs (groupe de l’ancien chanteur des Dropkick Murphy’s), Skindred et Time Again, cette année elle divise beaucoup plus. Pourtant, la réputation d’une partie des groupes présents n’est pas à refaire, Anti Flag, Alexisonfire, Four Year Strong ainsi que The Ghost of a Thousand sont loin d’être des formations dont la qualité est à prouver. Cependant d’un point de vue purement discographique, Anti Flag n’a rien sorti d’intéressant depuis maintenant bien trop longtemps, Alexisonfire a pondu un album très en dessous de ce à quoi nous étions habitués et Four Year Strong a fait un raté avec leur enregistrement de reprises. Sans grande surprise, l’Elysée Montmartre est loin d’être pleine ce soir, pas bien plus de la moitié de la salle semble occupée.

Il est 19h lorsque The Ghost of a Thousand entre sur scène. L’ouverture ne semble pas évidente mais le groupe met tout de suite les points sur les i avec leur punk-hardcore stoner. C’est très visuel, ils occupent bien tout l’espace qui leur est alloué et ne se soucient pas une seconde de jouer devant une salle particulièrement vide. Le groupe se place dans un registre à la The Bronx, avec quelques influences plus vieux rock 80’s, on a presque envie de penser aux français de Sna Fu devant cette prestation. Le chanteur se paye le luxe de venir faire le show au milieu de la foule à plusieurs reprises tel le leader de Gallows, un pari osé mais réussi. Tout le monde adhère et nous assistons à vraie bonne surprise signée Epitaph, pour qui cela faisait bien trop longtemps. Respect.

Festival oblige, la ponctualité est de mise et c’est dès 19h45 pétantes que Four Year Strong vient faire trembler les planches de cet ancien cabaret. Car derrière ce pop-punk jovial se cachent des musiciens particulièrement imposants qui auraient totalement leur place au sein d’Every Time I Die d’un point de vue strictement physique. Nous avons affaire avec un groupe visiblement attendu qui livre un set entièrement extrait de leur premier encensé album « Rise Or Die Trying« . La bande offre sans doute la version la plus mélodique et poussée de cette vague éduquée par la pop-punk californienne de Blink 182 et consorts. On y ajoute quelques breakdowns et le résultat est explosif, malgré un son très en dessous du début de soirée, le synthé est inaudible, ainsi que certaines voix. Lorsque le groupe demande un circle pit la salle ne peine pas à s’écarter pour voir au final peut être 15 mecs tourner entre eux sur 5 m² alors qu’une bonne centaine leur était allouée, aucun miracle en vu, ce soir nous sommes en petit comité. Cela dit Four Year Strong ravi tous ceux qui s’étaient déplacés pour eux et confirment simplement leur savoir faire.

Alexisonfire est le premier groupe réellement attendu de la journée et ils se faisaient vraiment attendre en France depuis qu’ils nous avaient quitté sur cette même scène en ouverture pour Billy Talent en 2007. George arrive torse nu le bide bien rempli avec ses acolytes, aucune gène, juste du son et ça commence plutôt fort avec « Drunks, Lovers, Sinners and Saints« . Le bassiste, totalement taré, en fait des tonnes entre roulades et sauts dans tous les sens, c’est bien plus divertissant qu’une soirée au cirque. La setlist bien que critiquable à sa lecture est bien dosée, entre une sulfureuse « No Transistory » et l’excellente « Waterwings » extraite de leur premier album les plus moyennes chansons du dernier enregistrement trouvent leur place sans titiller nos oreilles. Dallas Green vend toujours autant de rêve avec sa voix derrière sa guitare, voici toute la magie d’Alexisonfire, un mélange très bien dosée de post-hardcore et rock. Une prestation de haute volée devant laquelle il est difficile, voire impossible de s’ennuyer, et qui nous confirme la référence en live des canadiens.

Changement de plateau, c’est à 21h30 qu’Anti Flag monte en scène sur les accords de « The Press Corpse« , enchainée par « Sodom« , qui m’est inconnue et alors visiblement extraite de leur dernier enregistrement. « Turncoat » remet presque les pendules à l’heure, le groupe bouge bien comme à son habitude et Pat Thetic est toujours aussi expressif derrière sa batterie. Il faut attendre quelques chansons pour le classique discours de Chris #2, qui arrive à décrédibiliser un groupe en quelques minutes. On va mettre cela sur le dos de l’improvisation, Bush n’est plus président, il fallait rapidement trouver une chose à critiquer… Le Capitalisme ! C’est mal, c’est à cause de cela que le monde va mal et bla bla bla. Et Anti Flag ils ont raison, ils font payer une entrée 30 € pour un festival sponsorisé par Eastpak (trop underground) et vendent des t-shirt à 20 € : le reflet parfait de leur discours ! La suite du concert est dans la veine du commencement, mais Paris c’est la ville la plus romantique du monde, donc un slow est indispensable et vu que les français ne comprennent rien aux paroles, on leur balance « 1 Trillion Dollar« . Et vu qu’on a aussi bien compris l’art de casser les rythmes que Jojo le DJ du Camping, on enchaine avec une chanson super rapide, « Fuck Police Brutality » qui fera que le public ne comprendra pas comment réagir. Bref, épargnons la suite, j’apprécie particulièrement Anti Flag et les ai vus sur scène à plus d’une reprise, mais ce soir il y a un manque cruel de sincérité et de promiscuité avec le public. On mettra cela sur la salle non adaptée à un événement comme celui-ci, la fin du concert se marque par la sympathique reprise de « Should I Stay Or Should I Go« , le rappel est inévitable, dommage j’ai piscine.

Merci à T-Bow, Hilikkus, Ross et Christine de Roadrunner.