Deftones ✖︎ Boule Noire ✖︎ Paris

vm5
Par
6 min. de lecture

Après certaines soirées on rentre chez soi épuisé, on se pose quelques minutes et on se dit que l’on vient d’assister à quelque chose de spécial. Comme si on regrettait pendant ce moment à part, de ne pas réussir à plus en profiter tellement il paraît incroyable. Ce lundi soir en est l’exemple parfait, mais cette soirée a réellement débuté quelques jours plus tôt.

Mardi 4 mai, Zegut annonce comme à son habitude son lot d’exclusivités dont lui seul à le secret. Aujourd’hui il ne nous annonce pas un énième concert privé de Muse mais bien la venue de Deftones dans une des plus petites salles de Pigalle. Ces mêmes gaillards venant tout juste de sortir un nouvel album qui fait en ces temps fleuris une certaine unanimité. C’est pour jeudi 10h que la guerre est déclarée, plus rien d’autre ne compte, personne ne prend le risque de se faire prendre son ticket. Tout le monde sait et se tait, les webzines tardent à poster des news, certains s’énervent déjà sur Facebook. On pourrait comparer la situation aux grands médias les jours d’élections, il suffit qu’un seul ose poster des résultats en avance pour que les autres puissent le faire en lui mettant tout sur le dos. Ce mini buzz aura été d’une efficacité redoutable. Pour preuve, le site de location plante dès 9h30, le peuple crie à l’injustice (« ce sont les méchants journalistes qui ont volé les places et elles étaient toutes vendues à 9h10 ») et rejoint le « Collectif des rageux qui n’ont pas leur place pour Deftones ». Tout le monde a sa bonne excuse, cela fait bien évidemment pourtant partie du jeu, et aujourd’hui j’ai mon sésame pour voir ce que donne la bande de Chino Moreno en 2010 dans une salle où ne pouvaient pas imaginer les retrouver !

La bande de Sacramento entre en scène à 21h tapante, les accords de « Diamond Eyes » débutent, la fête peut commencer ! Le son est excellent, Chino ne reste pas longtemps au milieu de la scène et s’approche rapidement au niveau de la fosse, où il restera une bonne partie de la soirée. La chanson est rapidement suivie après quelques formules de politesses par « Rocket States« , le public est très réceptif, les fans ont révisé et le frontman est en très grande forme.

A voir le parcours studio de Deftones on peut leur donner une image de ‘gros’ groupe (non pas comme Chino, c’est Max Cavalera le gros de service du métal désormais), et pourtant ! Il n’y a aucune barrière entre le public et la bande ce soir, qui semble vraiment heureuse de se retrouver devant une telle folie.

« Feiticeira« , extraite du grand classique White Poney, fait monter une nouvelle fois la tension et son enchainement avec « Elite » n’arrange rien. La setlist est tout simplement parfaite, mêlant à la fois leur impressionnante discographie et chansons énervées ou planantes.

Tandis qu’une grande majorité de groupe américains enchaine son set en déballant rapidement les compositions dignement retenues, la moindre connerie dite ce soir est exploitée par le groupe. Le mec qui a soif se voit offrir une bouteille d’eau, celui qui demande une chanson qu’ils ne comptent pas jouer a sa réponse. Puis un concert de Deftones est avant tout un vrai plaisir pour les musiciens, même si le groupe n’est pas connu pour jouer la carte de la technique. On a le plaisir de retrouver Stephen Carpenter derrière une « huit-cordes » pour les chansons du nouvel album tandis que Sergio Vega fait tout juste ce qu’il faut derrière sa basse, en toute humilité.

Les chansons extraites de Diamond Eyes sont très bien reçues mais il faut attendre « Be Quiet And Drive » pour que la soirée prenne une toute autre tournure. Place uniquement aux classiques, nous sommes dans un autre monde, c’est indescriptible.
« Around The Fur« , « My Own Summer » ou « Back To School« , tout y passe devant les yeux émerveillés de la fosse. Chino reprend sa guitare pour « Change » qui prouve une dernière fois la puissance musicale du combo. Le groupe sort de scène mais Stephen ne prend même pas la peine de se retirer et attend ses acolytes pour assurer « Root« . Le concert se termine par le commencement avec « 7 Words« , les applaudissements sont bien plus longs que d’habitude, le groupe nous remercie et part définitivement après plus d’une heure et demi de show, rien que ça.

Alors que tout le monde se serait contenté d’un set de 45 minutes avec de nouvelles chansons et 2/3 classiques, ils nous ont offert tout ce que l’on pouvait espérer de n’importe quel groupe. Deftones a joué ce soir comme si tout était à prouver et démontre bien qu’on est loin de pouvoir les enterrer. Une vraie leçon de musique. Autant dire que se foutre à poil pour gagner sa place dans Bring The Noise n’était pas cher payé. Les 27,50 € les mieux investis depuis bien trop longtemps.

La setlist : 

Rocket skate
Diamond eyes
Feiticeira
Elite
Knife Party
CMND/CTRL
You’ve Seen The Butcher
Sextape
When girls Telephone Boys
Minerva
Birthmark
Beauty school
Be Quiet And Drive
Around The Fur
Lotion
My own summer
Back to School
Change

—-
Root
Seven word.

Taggué :
Partager cet article