12 Juin. Stade de France. Voilà une date que [team]Theghostchild[/team] n’attendait certainement pas. Pensez-vous donc, Muse investissant un stade de 80 000 places pour y exprimer toute sa mégalomanie, c’en est sûrement trop pour notre enfant fantôme pourfendeur de gremlins. Pour ma part, j’avoue que je m’y rendais avec plaisir. Même si le dernier album du trio anglais m’a finalement peu emballé, le souvenir de leur prestation en 2006 à Lille et les nombreux hits du groupe que je connais depuis leurs premiers albums ont eu raison de ma carte bleue. D’autant plus que le groupe n’en est pas à sa première en stade, habitué qu’il est à les remplir en Angleterre, autant dire que j’y allais relativement confiant.
Bien évidemment, il y a foule ce soir. Le temps de garer la voiture dans le parking du stade, de passer les fouilles pour notamment, jeter ma bouteille d’eau à portée thermonucléaire d’1,5l, pouvant tuer au moins 1000 personnes une fois le bouchon positionné, je finis par découvrir une scène d’aspect géométrique, jouant sur l’effet de perspective et préfigurant sans aucun doute du côté spatial voire cosmique de cette performance. Sympa dans l’idée mais une fois sur la pelouse, je constate aussi vite deux problèmes techniques qui vont littéralement entâcher la soirée de bout en bout.
Le premier, c’est la balance, que ce soit sur le set de White Lies, Kasabian ou Muse, le son m’a semblé bien brouillon par moment, au point qu’il est parfois difficile de déceler un riff ou un pasage de chant et ce, même en connaissant sur le bout des doigts les titres interprétés. Le second, c’est la monumentale erreur d’avoir placé deux écrans géants (pas si géants que ça d’ailleurs) au ras de le scène ! Imaginez, même moi avec mon mètre 95 et en face de la scène sur la seconde partie de terrain, il m’était parfois difficile de voir quoi que ce soit, sur scène, comme sur les écrans. Je vous laisse imaginer pour les personnes plus petites ayant leur place en pelouse qui se sont bien souvent résolues à écouter le concert plutôt qu’à le voir (coucou ma chérie !)
Néanmoins, la soirée avait bien commencé, Kasabian ayant constitué un très bon choix de première partie. La formation disposant de nombreux hits en stock, ils n’auront pas manqué de faire bouger le public comme il fallait, alors que la nuit n’était pas encore tombée sur le stade. Chanteur en verve, guitariste énergique, roadie de 70 ans en marcel dans le champ des caméras, voilà qui faisait plaisir, tout autant que le groupe semblait en prendre (du plaisir).
Et puis 21h30, la nuit tombe doucement, le concert commence à l’heure (appréciable), un groupe de manifestants masqués entre sur scène avec des drapeaux pour le titre « Uprising« , Bellamy en costard argenté chante de tout son soûl « They Will not control us, they will not force us« , le stade surchauffé répond du tac au tac et s’embrase littéralement. Pour ma part, j’ai un sentiment de déjà vu, les paroles apparaissant sur la structure de la scène, servant ainsi d’écran de projection (ou de prompteur si l’on veut chanter) comme en 2006 sur « Knights Of Cydonia » où le groupe utilisait déjà le même procédé. M’enfin, c’est leur droit de recycler après tout, quel groupe ne le fait pas ?
Le groupe enchaine donc les gros titres qui ne manquent pas de trouver leur écho auprès d’un public très très réceptif. Problème, j’ai du mal à rentrer dedans, j’avoue que le jam électro entre Dom et Chris, les pseudo impros guitaristiques de Bellamy me laissent bien plus de marbre que lors de la précédente tournée, comme si le groupe devenu grand public devait afficher un caractère rock en se payant un solo par ci par là alors qu’ils n’ont rien d’improvisé. Pire ! Qui n’apportent rien au show, comprendre que ces envolées musicales ne font en rien suite à un morceau plus nerveux et ne constituent en rien l’exutoire scénique que sous-entend une telle débauche électrique. Dommage car ce n’est pas non plus la guitare double manche de Matt qui me fera croire que ce concert était vraiment rock et destiné à rentrer dans la légende tel un concert de Led Zep’.
Quant au peu que diront les musiciens, je note quand même, et d’après ce que j’ai lu sur le net, que d’un soir à l’autre, ils auront quasiment sorti leurs phrases mot pour mot. Bref, si au fond et avec le recul, je n’ai pas de vrais reproches à faire au groupe d’un point de vue musical, hormis la très mauvaise idée de remplacer la partie de clarinette par un étrange synthé réglé sur la position Charlie Oleg (véridique) sur « I Belong To You« , le groupe ne semble pas pour autant bouder son plaisir et livrera un set sans accroc, propre et conséquent (pas loin des 2 heures habituelles qu’impose un lieu comme le Stade de France).
C’est donc le show en lui-même qui m’a le plus déçu, l’aspect clinquant façon new age « Raelin » de Bellamy m’a fait sourire pour ne pas dire rire, à plusieurs reprises. Le costard argenté de Matthew préfigurait de cette envie d’en mettre plein les yeux avec des artifices peu inspirés, je me suis même dit que le show n’était pas loin d’être un mix entre un show à la Jean Michel Jarre pour ses effets visuels clichés et un 14 juillet auquel il ne manquait, au fond, que des feux d’artifice. Qu’à cela ne tienne papa Matt a pensé à tout puisqu’il n’aura fallu attendre que le titre « Guiding Light » avec sa rythmique d’intro proche des explosions de feux d’artifice justement, pour avoir droit aux visuels des feux d’artifice sur la structure, waow ! Et j’avoue qu’à partir de là, je me suis dit que les carottes étaient cuites. On aura même droit à une soucoupe volante (comprendre gonflée) argentée sortie de l’arrière scène, (nickel, ça suit impec’ avec le costard), soucoupe dont sortira néanmoins et à la surprise de tous, y compris moi je l’avoue, une acrobate virevoltant sur les notes de la première partie de la *ahem* symphonie « Exogenesis« . L »ensemble rappellerait presque une cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. S’il s’agit là d’un choix d’artiste pleinement assumé et sujet à appréciation toute personnelle, il en est autrement de la plate-forme surélevée qui permettra enfin aux gens sur la pelouse et de petite taille (comprendre en dessous d’1m90) d’apercevoir le trio. Ça monte, ça descend, ça tourne sur soi, ça clignote sur les côtés, on se croirait à la fête foraine ! Matt reviendra même dessus en solo mais attention, le costard argenté aura cette fois cédé sa place au costard « sapin de Noël » avec loupiottes qui clignotent de bas en haut et lunettes lumineuses. Je dois dire que j’étais sonné devant ce… »truc ». Moi, la dernière fois que j’avais vu ce type de fringues, c’était une vidéo de David Hasselhoff chantant sur le mur de Berlin en 89. Et je peux vous dire que ce n’était pas de l’admiration que les gens exprimaient dans les commentaires (ou alors si mais pleine d’ironie parce qu’il fallait l’assumer cette veste, même en 89).
Bref, vous l’aurez compris, je ne remets pas en question la performance du groupe qui a livré un set sans accroc, je n’en ai d’ailleurs pas moins apprécié de nombreux titres mais j’ai trouvé que cette grandiloquence scénique était à la limite du kitsch, la faute à des visuels peu inspirés et des effets scéniques douteux. À titre de comparaison, pour avoir vu U2 dans ce même stade, les vieux irlandais m’avaient semblé bien mieux maitriser leur sujet sans pour autant que les mots « clinquant » ou « mauvais goût » ne viennent à l’esprit, ni même parler de la logistique pensée pour contenter tout le monde (mais pourquoi foutre des écrans aussi bas pour Muse ??? Je n’ai toujours pas compris.) Alors certes, l’expérience parle aussi sûrement pour les irlandais mais j’avoue que ce samedi 12 juin, j’ai quitté le Stade de France avec un sentiment très mitigé. Muse a évolué dans son approche des concerts et c’est normal, mais m’a semblé loin d’avoir ce qu’il fallait pour faire de cette date une date que certains osaient qualifier « d’historique » (sûrement dû au manque de recul ou à la prise de drogues douces, voire les deux concernant les mecs situés à côté de moi pendant le concert).
Pas de chair de poule lorsque le public a été plongé dans le noir, pas de sentiments à fleur de peau sous le coup de l’émotion que peut procurer un stade plein à craquer et reprenant en chœur les titres du groupe. Rien ! Juste l’impression d’avoir vu se jouer un blockbuster musical consommé/oublié une fois terminé, n’en déplaise aux plus fans du groupe…
La setlist :
1. Uprising
2. Supermassive Black Hole
3. New Born
4. Map of the Problematique
5. Butterflies & Hurricanes
6. Guiding Light
7. Interlude & Hysteria
8. Nishe
9. United States of Eurasia
10. I Belong To You (+ « Mon Cœur s’ouvre à ta Voix »)
11. Feeling Good
12. MK Jam
13. Undisclosed Desires
14. Resistance
15. Starlight
16. « House of the Rising Sun » (instrumental) + Time Is Running Out
17. Unnatural Selection
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18. Exogenesis (Part 1: Overture)
19. Soldier’s Poem
20. Stockholm Syndrome
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21. Take a bow
22. Plug in baby
23. Knights of cydonia
