Samedi 26 Juin, il fait curieusement très beau – plus personne n’espérant du soleil en juin – et c’est avant tout le grand retour de Green Day en France. Après de nombreuses péripéties dans les transports parisiens, où j’ai pu apprendre sans trop d’efforts que c’était la Gay Pride en plus des Solidays, je me dirige vers le Parc des Princes. Ce soir c’est une affiche assez particulière, de part la présence en ouverture de Billy Talent et Paramore. Cela revient à un programme que je me devais de couvrir, pour suivre Billy Talent depuis leurs débuts (j’ai même un site les concernant), avoir apprécié Paramore lorsqu’ils ne remplissaient pas la moitié d’un Nouveau Casino, et pour avoir été le gamin avec son appareil photo jetable au Zenith de Green Day en 2005.
Les copains de Billy Talent investissent la scène ensoleillée à 18h10 pétantes avec les accords de « Devil in a Midnight Mass« . Aucune surprise, le set des canadiens est très rodé et la fougue de Benjamin Kowalewicz est inimitable. Ils sont seulement 4 et envoient du gros son, la surprise est sans doute bel et bien présente pour ceux se déplaçant seulement pour Green Day. Et comment mieux enchainer cette ouverture qu’avec « Try Honesty » ! Premier single du groupe, vraie bombe rock s’il faut encore le préciser, de quoi mettre tout un stade d’accord. Quelques formules de politesse et c’est la mélodie de « Rusted From The Rain » qui sort de l’ampli de Ian, guitariste à la coupe de cheveux la plus cool du monde. Pourtant peu adepte de l’enregistrement de cette toune (comme on dit au québec), elle a toute sa place sur scène. On regrette cependant qu’ils n’essaient pas d’aller un peu plus loin dans leur démarche de groupe un peu « fou » sur scène, au risque de devenir secondaire une fois l’étonnement des premiers concerts passé. Ils nous partagent leur joie de jouer sur la scène de Green Day et on imagine que la suite de leur set était dans cette veine. Ce sont les règles, les photographes doivent quitter le stade après les trois premières chansons et attendre patiemment non loin des backstages.
Que dire de l’attente ? Un groupe de photographes qui regarde ses photos, ça papote matos et élabore des plans très compliqués et dangereux pour ne pas mourir de soif. J’en ai probablement déjà beaucoup trop dit.
La vraie première surprise de la soirée est le passage de Paramore. L’esthétique d’Hayley Williams a beau être une chose, l’évolution avec leur premier concert parisien – joué dans une certaine indifférence – est flagrante. On oublie tout, et avons rendez-vous ce soir (laissez moi rêver) avec un groupe maîtrisant parfaitement l’art de la scène et du contact avec le public, aussi important soit-il. Leur passage débute par une introduction rapidement suivie par « Looking Up que je découvre à cette occasion, et quelle claque ! Après l’incident « Decode » (ou plutôt sa présence dans un mauvais film avec des vampires) j’ai quelque peu mis le groupe de côté, et ai raté quelques bombes de leur dernier album ! La chanson commence par quelques accords avant d’être rejoints par les grosses frappes de Zack Farro puis le reste du groupe et cela sonne comme il faut, en toute simplicité. Paramore représente clairement le son pop-punk d’aujourd’hui, mais ne s’en contente pas : l’américaine bouge dans tous les sens, et n’a clairement rien à envier au frontman de Billy Talent. Le groupe enchaine rapidement avec « Careful« , toujours avec une énergie très communicative. S’ensuit « Pressure« , retour à la base avec une chanson extraite de leur premier album et très catchy. On nous invite une nouvelle fois à quitter le stade, et autant dire que c’est bien plus difficile que pour Billy Talent. Tout le monde ressort obligatoirement amoureux après ces quelques chansons, et nous avons la confirmation que Paramore n’est pas une formation pop-punk anecdotique, ils ont juste eu le très mauvais goût de composer une chanson pour Twilight. Tant pis pour ma street credibility et je vous laisse deviner ce que j’ai écouté en rentrant du concert.
Il faut attendre 20h15 pour que Green Day entre en scène, et comme à leur habitude ils ne font rien comme les autres. Peu après que le désormais célèbre Lapin rose ait quitté la scène après avoir bien chauffé le stade à coup de YMCA, le trio fait son entrée. Tré Cool arrive, fait un rapide tour de scène et va se placer derrière ses futs pour y interpréter « Song Of The Century« . Les américains courent partout comme des gamins qui découvrent une nouvelle aire de jeu et enchainent avec « 21st Century Breakdown« . Un concert de Green Day n’en serait pas un si le public n’était pas convié à y participer, et Billie Joe fait directement monter un jeune fan, le prend en photo et l’invite à sauter dans le public. Suit « Know Your Enemy » reprise en masse puis « East Jesus Nowhere » pendant laquelle le chanteur / guitariste coloré fait monter quelqu’un pour tenir le drapeau français.
C’est bien toute la particularité d’un concert, ou plutôt spectacle de Green Day. Appelons cela une pièce de théâtre participative, le show étant très calculé mais les surprises arrivant surtout du côté des fans invités à venir s’amuser avec le groupe.
Rien à ajouter sur le reste, la bande proposant une setlist pour tous les gouts, entre les chansons « nouvelle génération » piochées d’American Idiot et 21st Century Breakdown et des classiques : toutes les générations d’auditeurs en ont pour le déplacement. Et il faut finalement attendre « Longview » pour le grand moment de la soirée, où comme toujours le groupe fait monter un fan pour y interpréter la chanson et se voit finalement assommé par la prestation d’une certaine Melissa, qui bien que chantant relativement faux a totalement assuré, dans une folie extrême et aisément partagée.
Le frontman abuse de toutes sortes de « Wohoooo » et se permet quelques medley en piochant dans des classiques d’ACDC et des Guns N’ Roses pendant « Brainstew » avant remettre ça lors de la reprise de « Shout » de The Isley Brothers avec cette fois-ci des extraits de « Stand By Me« , « Always Look On The Bright Side Of Life« , « Hey Jude » et « I Can’t Get No) Satisfaction« .
Le trio nous quitte une première fois sur l’incroyable « Minority » avant de revenir et mettre le feu sur « American Idiot » suivie de « Jesus of Suburbia« , ce qui ne leur suffit visiblement pas. Billie Joe revient peu après avec son acoustique pour interpréter « When It’s Time« , rejoint ensuite par sa fanfare sur « When September Ends » et conclure dignement avec « Good Ridance« .
Et que dire après ces 2h45 de concert ? Green Day a énormément évolué depuis la sortie d’American Idiot pour devenir un vrai groupe de stade. Certes Muse impressionnait beaucoup plus au niveau des effets et visuels dans ce même endroit, et bon les flammes et 2/3 explosions de Green Day ça fait un peu Johnny, mais c’est à se demander s’ils en ont vraiment besoin. Réussir à créer une proximité avec tout un stade, cela relève de l’exploit. La bande de Billie Joe Armstrong assure un punk-rock accessible à tous et confirme être une incroyable référence sur scène, pas mal !
