Vans Warped Tour ✖︎ Parc Jean Drapeau ✖︎ Montréal

Allo, Mec, écoute ça : cet été… je vais… prendre des photos… du Warped Tour ! Non je ne déconne pas, cette année pas besoin de lire Alternative Press et se dire que c’est mieux ailleurs, j’y vais !

Qui aurait imaginé que j’aurais un jour la possibilité de couvrir le festival le plus fantasmé de tout kid ayant passé des étés en Dickies et Vans Authentic à boire des bières en reprenant approximativement du Blink 182 et du NOFX ?

Mon escapade au Québec commence donc fort, avec la venue du plus grand festival itinérant du continent sur le Parc Jean Drapeau, petite île au sud de Montréal. Dès ma montée dans le métro le ton est donné, les wagons sont pleins à craquer, les t-shirts Sum 41, Bring Me The Horizon, Every Time I Die et autres sont omniprésents et me confirment que je ne me suis pas perdu malgré mon sens de l’orientation légendaire.

Après quelques minutes de marche sorti du souterrain, premières constations : il y a du monde, il fait chaud et la parité homme-femme (ou plutôt mec-meufs, on est dans un concerts de “punk-rock” les enfants !) semble particulièrement respectée, j’évolue déjà dans une incompréhension totale, serait-ce cela, l’Amérique ?

Récupération de l’accréditation, et après un rapide aperçu des horaires de la journée on retombe rapidement sur terre : aujourd’hui, à moins d’aller voir 2/3 groupes et de se la jouer journaliste français (“je m’en fous je prends ma bière au bar si tu veux que je ponde un article”) il va falloir faire du sport pour profiter pleinement – ou plutôt “au possible” – du programme proposé par cette édition 2010. Néanmoins soyons clairs, on ne retrouve cette année rien de bien excitant vu qu’il n’y a aucune réelle exclusivité, tous les groupes qui nous intéressent viennent déjà nous faire coucou en France (= à Paris), mais nous verrons que ce n’est finalement pas plus mal.

Les hostilités commencent dans une demi heure, et avec The Dillinger Escape Plan s’il vous plaît, ce qui sera ainsi réglé et nous n’aurons plus à attendre la prestation la plus escomptée de la journée. Mais avant toute chose visualisons les lieux :

– 7 scènes dont deux grosses (la Main – Teggart – Stage, et la Altec Lansing, évidemment bien éloignées l’une de l’autre), les scènes Glamour Kills et AP Advent, collées dont les concerts s’enchaînent, la Skull Candy ainsi que la West 49 qui sont moyennes et éparpillées et pour finir la Ernie Ball, la dernière et particulièrement étroite et mal placée.

– 75 groupes et quasiment autant de tentes de merch placées partout où il y a de la place…

Le plan à 2$ parlera probablement mieux : recto / verso.

Cette exhaustivité est finalement assez déroutante, et contrairement aux copains d’Admiral’s Arms qui avaient visiblement eu pas mal de chance au niveau du public, il n’est clairement pas évident pour un groupe émergeant de ne pas se retrouver à jouer devant l’herbe et le soleil tant la programmation est vaste. Pas mal de groupes viennent te distribuer des flyers de leur propre concert, comme si nous n’y étions finalement pas déjà et que nous sommes pour le moment juste entré dans le “village” du Warped Tour.

Après un rapide aperçu d’Artist vs Poet – aucune méchanceté gratuite, mais n’en ayant réellement aucun souvenir je vous laisse conclure – les camés/épileptiques/déséquilibrés de The Dillinger Escape Plan inaugurent la Main Stage et la prestation est à la hauteur de leur réputation. Il n’est pas encore midi et ces tarés nous partagent leur maladies avec leur jazz-math-metal couplé à leur mythique schizophrénie. Il faudrait vérifier, mais en France nous serions passible d’une arrestation tant l’intégralité de la foule se trouve être en situation de non assistance à personne en danger : ils sautent et bougent dans tous les sens, un vrai bonheur. On se doute que toute cette folie est passagère et qu’ils retournent mettre leur peignoirs et leurs pieds dans de l’eau bouillante un cigare à la bouche en sortant de scène mais autant féliciter une nouvelle fois ce respect du live, et de rendre finalement un son très difficile d’accès totalement envisageable pour la gamine venue voir l’imberbe de Never Shout Never.

La scène Altec ne se fait pas attendre et Suicide Silence y entre à 12h20 avec au micro une version masculine d’Oli Sykes, quoi qu’après vérification cela semble être juste un mec avec un aussi incroyable manque de confiance en soi pour se tatouer un diamant ou dragon dans le cou. Et bon, sans le sex-appeal du gamin de Bring Me The Horizon cela passe moins bien. Rien de bien excitant sonorement parlant, une sorte de Death Metal, tout l’intérêt du set (si nous pouvons appeler cela ainsi) est la danse du frontman, un mélange de danse-africaine et de celle du teufeur vers 6h du matin dans le champ du coin. Oui, mais non merci.

Avec Every Time I Die sur la scène principale autant dire que la journée reprend des plus belles ! Les américains assurent un set explosif avec leur punk-hardcore’n roll. Leur folie ne fait pas prier les kids malgré le soleil, et à défaut de donner mal à la tête comme leurs collègues de Dillinger Escape Plan, ils invitent leur chanteur à venir les rejoindre sur un titre. Bref, un set tout simplement rock’n roll, dans une énergie communicative, une bonne grosse claque qui fera on espère aussi mal pour leur retour français à la rentrée.

Petit jogging pour ne pas manquer le début de la prestation des bucherons de Four Year Strong sur la scène Altec Lansing. Ce n’est pas la première fois qu’on parle des barbus dans nos pages et leur set est une nouvelle fois des plus plaisants. Ces fans refoulés de Blink 182 assurent leur happy-hardcore (à traduire “du Blink 182 avec des breakdown”) et évoluent des plus positivement avec la mise en avant du clavieriste, qui à défaut de faire quoi que ce soit derrière son jouet assure bien plus derrière un micro lors de quelques nouvelles compositions. L’ambiance est bonne, cela respire la joie de vivre et on n’en demandait certainement pas tant !

Après toutes ces émotions c’est sans aucune conviction ni réelle motivation que je vais voir du côté de la scène principale ce que donnent les anglais de Bring Me The Horizon. Après tout, ce n’est pas comme si je ne parlais pas en connaissance de cause, et pourtant ! La bande au tatoué entre en scène et n’attend pas une seconde pour aller meugler au dessus de la foule. Ils enchaînent un set totalement adapté aux conditions du festival, et font finalement exactement ce qu’il faut pour vendre leur bruit. Cela ne rend pas leur son plus excitant mais on passe un bon moment devant cette vraie bonne surprise.

On passe rapidement voir ce que font les Automatic Loveletter sur la West 49. Leur chanteuse est jolie, voila c’est déjà pas mal. Face To Face enchaîne peu après sur la scène principale, du punk-rock à l’ancienne, ce qui n’est pas étonnant vu l’âge visible de ses membres. C’est probablement une formation culte, mais la magie du Warped Tour fait qu’il est impossible de rester plus de 3/4 chanson par groupe si on souhaite assister à une partie des concerts espérés, tant pis.

On préfère finalement se presser du côté de la seconde scène pour la venue de Set Your Goals, qui ont énormément gagné en popularité depuis la sortie de leur dernier album chez Epitaph avec enfin une production digne de ce nom. Le registre est clairement à la Four Year Strong avec du happy hardcore qui va vite joué par des glabres ! Les deux chanteurs bougent bien et les rythmiques donnent méchamment envie de faire de même, un prestation taillée pour ce type d’événement.

Confide joue en même temps sur la Skull Candy une sorte de metalcore aux cheveux long plutôt efficace. Du crab-dance en veux-tu en voila. Aussitôt quitté, aussitôt oublié.

Les papis de The Bouncing Souls montent sur la grande scène et gère leur punk-rock old school en toute simplicité et avec surtout beaucoup de classe. Un set finalement assez discret, où l’homme de l’avant de scène vient faire coucou aux premiers rangs, ambiance familiale et une agréable parenthèse dans cette journée pour hyperactifs.

Car bon, nous les jeunes ce qu’on veut c’est de la violence, et c’est tout le rêve gracieusement offert par Parkway Drive sur la Altec. Malgré ma grande réticence, pouvant très difficilement écouter un enregistrement des australiens en entier, la surprise n’en est qu’exponentiellement plus importante. Les messieurs nous proposent un savant mélange de technique et d’efficacité. Entre des guitares qui s’envolent et des breakdowns à répétition le set est musicalement parfait, et absolument délicieux à regarder. J’en reste sans voix, sans doute la grande découverte de la journée, qui me suivra sans souci tout le reste de l’été.

Tout ce qui intéresse le lecteur lambda (oui, je parle de toi mon ami) est Sum 41 donc arrivons-y rapidement voulez-vous avec la tag-review des groupe précédents :
Polar Bear Club : #jumps, #punk-rock, #cool, #très-cool
All American Rejects : #pas-mal, #bonne-ambiance, #que-des-filles-au-premier-rang, #pop-rock-à-la-cool
Emarosa : #scène-horrible, #mais-une-vraie-voix, #mais-scène-qui-gâche-tout
White Chapel : #lol, #trompé-de-festival, #cri-de-corbeau, #chanteur-pas-content
Alkaline Trio : #on-connait, #on-n-a-pas-le-temps, #deux-photos-et-basta

Il n’est même 18h et la grande tête d’affiche de ce Vans Warped Tour 2010 est attendue sur la scène Glamour Kills, bien trop petite pour accueillir la bande de l’ex de la blondinette la plus désirée des Sk8er Boy. Autant dire que la fosse photo est 3 fois plus remplie que pour le reste de la journée, les vigiles ont peur : la fête peut commencer !

Les canadiens arrivent directement avec “The Hell Song” et c’est l’euphorie générale, jamais autant de monde s’est retrouvé autour d’une scène et personne ne joue au malin avec son t-shirt hardcore : de 10 à 40 ans tout le monde chante avec le groupe. Et les Sums ont bien compris que plus personne n’écoute ce qu’ils sortent aujourd’hui et nous offrent alors une set-list parfaite en enchaînant avec “We’re All To Blame” puis “In Too Deep”. La prestation est impeccable, le groupe est très actif, les hommes de la sécurité sont débordés… C’est exactement ce que l’on attend en assistant à un festival comme le Vans Warped Tour ! On regrette finalement qu’ils nous quittent après huit titres et on repart avec un gros sourire plein de nostalgie.

On passe rapidement voir ce que donne Attack Attack ! sur la Altec. Après leur magnifique parcours vidéo on est en [u]droit[/u] d’attendre du crab-dance à foison et autres nouvelles danses ridicules qu’il sera possible d’importer en France pour avoir l’air cool lors de concerts au Batofar ! Et non, une chanson, une deuxième et toujours rien. On se retrouve à subir une sorte d’electro-hardcore inintéressant. Ce n’est pas très cool les gars car c’est de la [u]publicité mensongère[/u] !

Comme si cela ne suffisait pas, et qu’il était possible de trouver une minute dans la journée où aucun groupe n’est susceptible de nous plaire, le Warped Tour propose certaines activités. L’aspect très commercial reste gênant, avec toutes ces tentes de merch ou de marques entre quelques causes intéressantes comme PETA. Certains labels ou marques proposent des séances de dédicaces lors de la journée tandis qu’il est possible de boire de la Monster Energy et tester mieux que jamais ses effets énergétiques. La rampe de skate où est organisé un contest pendant la journée reste l’élément le plus significatif de l’événement. Nous sommes bien dans l’endroit rêvé de tout amateur de punk-rock ! Il est même possible de déposer ses parents dans un endroit qui leur est destiné, c’est Mini Rock en Seine à l’envers, non vous ne rêvez pas.

Andrew WK entre sur la grande scène en même temps et il n’est pas facile de décrire son passage. Entre une sorte de danseuse habillée d’un costume particulièrement moulant et un bassiste à faire peur aux directeurs de la Fistinière, le maître d’orchestre assure le spectacle et même si on ne sait finalement pas trop ce qu’il faut en penser, on rigole bien. Pas sûr que ce soit cependant ce qu’on écoutera une fois reparti.

Il n’est pas encore 19h et l’heure de passer au cas Alesana. Ne nous mentons pas, les américains assurent plutôt bien leur emocore / post-hardcore avec un dernier album loin d’être inintéressant, mais pourquoi la teinture noire faite à l’arrache sous une fontaine du festival ? C’est trop 2003 ça les copains ! On a presque l’impression de se retrouver devant des hommes après une crise de la trentaine ayant décidé de s’habiller comme sur la première photo promotionnelle de Funeral For a Friend et prendre un gamin à la basse pour faire une bonne moyenne âge et ainsi appâter les jeunes filles. Bon mis à part ce souci stylistique la prestation est bonne, ils bougent bien, le guitariste monte sur les enceintes et le chanteur nous crache sa haine dessus. Une certaine réussite.

We The King monte alors sur la scène principale, et à l’écoute de tubes pop comme “Check Yes Juliette” ou “Whoa” j’attendais une réelle surprise de la part de ce groupe. C’est malheureusement une grande déception devant cette prestation nian nian, à coup de coeurs fait avec les mains du chanteur (oui, comme Justin Bieber, mais Justin il a 16 ans) et deux autres membres qui agissent comment s’ils jouaient devant un stade. C’est vraiment dommage mais je n’insiste pas et me dirige vers la scène AP Advent où se produisent déjà les Casualties.
Les punks font réellement partie de l’histoire du Warped Tour et ne déçoivent pas en livrant un set très honnête. Le cri inimitable de Jorge plait toujours autant aux fans déplacés aux couleurs du combo et entre sauts à répétition et dégustation de budweiser en s’en mettant partout on passe un vrai bon moment devant cette prestation. Le frontman fini dans le public lors de l’ultime chanson et très appréciée reprise de “Blitzkrieg Bop” des Ramones. Cette certaine authenticité fait vraiment du bien autour de tous ces jeunes groupes.

Enter Shikari entre juste après sur la scène Glamour Kills, qui pour rappel commence ses concerts dès que cela se termine au niveau de la AP. Je ne souhaitais pas particulièrement voir les Anglais aujourd’hui, pour connaître leur show par coeur et avoir trouvé leur dernier passage à la Maroquinerie vraiment raté. La claque n’en est que plus violente, la bande de Rori est déchainée et part dans tous les sens. La touche electro prend toute sa saveur en extérieur, le public est conquis et ces petits voisins européens n’hésitent pas à s’y jeter dessus. On se retrouve à danser sans même s’en apercevoir et ces quelques minutes réussissent à me réconcilier avec un groupe que j’aurais presque enterré. Comme quoi les bonnes surprises sont toujours les plus inattendues et que le public d’un concert peut réellement avoir une influence sur la prestation d’un groupe.

Hey Monday joue un peu plus loin sur la Altec Lansing et… non franchement on se retrouve avec une mauvaise copie de Paramore, donc forcément sans Hayley Williams. Un groupe de pop-punk au chant féminin n’apportant réellement rien de novateur, ce avec une dame ne dégageant rien derrière son micro, on passe, qu’il soit 20h ou 13h.

Motion City Soundtrack a alors la “lourde” tâche de clôturer cette édition 2010 du Vans Warped Tour avec leur pop-punk joyeux au synthé et la prestation est sincèrement agréable devant le couché du soleil. La fatigue est néanmoins plus forte que les quelques notes de “My Favourite Accident”, les scènes n’ont de toutes façons prévues aucune sorte de lumières, on apprécie de loin et on commence plutôt à se diriger vers la sortie.

Comment réussir à conclure sur un festival aussi spécial et incomparable par rapport à ce que l’on connaît en France ? Il est réellement compliqué de savoir quoi en penser, j’ai en une demi-journée vu une bonne trentaine de groupes, des démos de skate et toute sorte d’animations à faire rêver tout amateur de cette “scène” typiquement américaine. Le Warped Tour représente finalement une bonne vision de ce qu’est aujourd’hui la musique depuis sa dématérialisation, une surabondance incroyable mais nécessaire pour ramener autant de monde. Difficile de savoir si j’ai finalement pu apprécier tant de groupes que ce que l’on peut imaginer, appelons plutôt cela de la consommation. C’était une très bonne journée, une incroyable expérience mais une toute autre façon d’apprécier la musique. C’est finalement peut être ça, l’Amérique.