Rock En Seine ✖︎ Domaine de Saint Cloud ✖︎ Saint Cloud

vm5
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On a presque envie d’être heureux de voir la fin de l’été – enfin, de la saison des pluies qui l’a remplacé – au vue de cette édition 2010 de Rock en Seine. Tabarnak, réussir à ramener sur trois jours des formations comme Blink 182, Foals, Black Rebel Motorcycle Club, Queens of The Stone Age ou même Arcade Fire à quelques minutes de Paris, cela suffit à me rendre heureux de retrouver la capitale abandonnée pour des destinations où le bikini remplace le kway.

La synchro est parfaite, et la pluie s’acharne sur les festivaliers arrivés à l’heure dès les premières notes de Minus The Bear entrant sur la scène de la Cascade dès 15h00. Les américains ont pourtant tout pour plaire et nous permettent de rentrer tout en douceur dans le Parc de Saint-Cloud. Leur indie-rock assez pop pour amateurs de sonorités à la Foals ou Circa Survive séduit facilement, la pluie s’arrête tout doucement après les trois premiers titres, il est déjà l’heure de se déplacer vers la Grande Scène.

La présence d’All Time Low ravi tous les plus jeunes fans de Blink 182, ces américains étant la référence actuelle en matière de pop-punk. Le show est très rodé, et la bande évolue en terrain conquis d’avance avec leur son typiquement californien. C’est trop propre pour envisager de réellement “toucher” le pourtant ancien hardcore fan de Blink que je suis mais on apprécie ce petit passage, en se chuchotant que c’était tout de même bien mieux avant. Cela a au moins la qualité d’être très en place.

On retourne voir ce qui se passe du côté de la scène de la Cascade et c’est au tour de Band of Horses de monter sur les planches. C’est clairement le type de groupe que nous ne sommes pas étonnés de découvrir dans un festival comme celui-ci. La troupe fan du PMU nous présente leur pop-rock qui arrive à monter un peu en puissance sans pour autant donner une envie de se remuer. On passe un moment sympathique devant cette prestation ni incroyable ni désagréable.

Kele, dont l’assurance n’est plus à démontrer avec les Bloc Party, monte dès 16h55 sur la scène principale et on arrive à la première grande surprise de la journée. On oublie tout ce que nous connaissons des sonorités de son autre groupe car nous avons rendez-vous avec de l’electro-rock pour faire bouger son booty. Mr Okereke nous sort son plus gros sourire pour enchaîner les titres de son premier album, et le public ne se fait pas prier pour danser devant l’efficacité de ces quelques tubes. On regrette que sa prestation soit programmée si tôt, nul doute qu’en fin de soirée le Parc de Saint Cloud se serait transformé en gigantesque dancefloor devant l’anglais qui a réussi le pari de proposer une nouvelle formation que nous ne pouvons tout simplement pas comparer avec Bloc Party.

Je quitte en avance ce spectacle pour être certain de ne rien manquer de Foals, pour qui mon adoration n’est une surprise pour personne sur VisualMusic. Comment réussir à expliquer l’état ridicule dans lequel me mettent les gars d’Oxford à chaque fois que je croise leur chemin ? Rien qu’une chanson de leur catalogue bien placée par un DJ qui a du goût peut suffire à me faire passer une bonne soirée. Autant dire que malgré tout l’aspect euphorique qui précède le fait de revoir Blink 182 six ans après leur dernier passage français, mon excitation est déjà à son comble en ce milieu d’après midi. Le groupe monte en toute discrétion avec les notes de “Total Life Forever” devant une foule déjà importante. Titre directement suivi par « Cassius » qui suffit à déchaîner la fougue de chaque festivalier assez curieux par passer du côté de la scène de la Cascade. Foals en live c’est un mélange de guitares en toute liberté avec des successions de notes qui s’entrechoquent entre les cordes de Yannis et Jimmy ainsi que d’une réelle intensité musicale – en totale adéquation avec l’indie / math-core proposé en enregistrement. L’incroyable « Baloons » ne réussit évidemment pas à calmer mon état, probablement comparable à celui de Jean Luc Delarue qui peut retrouver sa farine pendant une page de publicité. Les photos terminées me voici debout au milieu du parc à chanter atrocement mal, le tout accompagné d’un show de air-batterie approximatif : merci, mais c’est raté pour demander le numéro des demoiselles à mes côtés. Suit l’efficace « Miami » puis le groupe part sur un autre registre beaucoup plus planant avec « After Glow » avant de lâcher la monumentale bombe de « Spanish Sahara« . Mais comment font-ils pour livrer une chanson aussi épurée et puissante à la fois ? Un réel climat de paix plane sur les jardins, c’est tout simplement la traduction du respect provoqué par ce tube. La supériorité et la suprématie de Foals ce soir-là n’étant plus à démontrer, place à la fête avec « Red Socks Pugie » / « Electric Bloom« , qui montrent qu’ils n’ont rien perdu à leur don de faire danser. “Two Step, Twice” est la dernière qu’il nous proposent, tout a été dit, et je suis incroyablement en retard pour le retour de Skunk Anansie sur la Grande Scène.

Inutile de mentir, je n’avais jamais écouté la bande de Skin avant leur programmation sur l’affiche de ce vendredi, cette prestation me permet donc de découvrir le groupe culte Anglais dont la reformation fait partie des passages qu’il ne faut pas manquer de la cuvée 2010 de RES. La dame envoie du lourd et est déchaînée, même avec un énorme costume sur le dos. Difficile de décrire autrement leur son que par de l’alternatif chanté par une frontman à une voix superbement maîtrisée. Dans les montées comme dans les passages avec davantage d’agressivité. Elle fait le show, ses musiciens s’éclatent, je n’imagine pas la folie que ça devait être avant leur séparation. Une bien belle surprise, et ce avec seulement quinze ans de retard, tout va bien.

The Kooks doivent jouer sur la Scène de la Cascade, c’est bien pour eux mais aucun membre de l’équipe de s’est déplacé les voir, et ce sans même s’être concerté avant. La classe made in VisualMusic.

On préfère sincèrement attendre tranquillement devant la Grande Scène l’arrivée de Cypress Hill prévue pour 20h00. Là, c’est parti, peu importe d’être venu pour Foals ou Blink 182, tout le monde est bien en accord devant les MCs californiens. Une avalanche de singles dévale sur la région parisienne avec ce Hip-Hop très facile d’accès, et qui trouve tout son intérêt sur la même affiche que Blink one eighty two, le hip-hop et le punk-rock ayant toujours été liés notamment via le milieu du skate qui n’a jamais privilégié un des genres. On se souvient des heures passées devant Tony Hawk Pro Skater et on bouge nos bras comme si on était des rapeurs, “si si t’as vu”. L’ambiance est très très bonne, le son est excellent, il est seulement dommage que le groupe ne soit pas accompagné de musiciens sur scène, d’autant plus que leur son a pris une tournure de plus en plus rock avec le temps.

Black Rebel Motorcycle Club, groupe très médiatisé malgré lui dernièrement suite au drame survenu au Pukkelpop, est bien présent sur le domaine de Saint Cloud aujourd’hui et monte les potards à 21h00 sur la Scène de la Cascade. La tension est palpable dès les premières notes de “Beat the Devil’s Tattoo”, dont la profondeur est bluffante. Les lumières se font discrètes et sans aucun contact au public ni autres acrobaties la performance est des plus exhaustive. Sans jeu de mot : le son parle pour lui même et cette attitude presque hostile met parfaitement en valeur les chansons qu’ils sont venus nous proposer. On est réellement absorbé par cet univers et la sincérité visible de la démarche. Le rock en 2010, BRMC nous en a fait une belle démonstration.

Direction la Grande Scène pour ne pas risquer de manquer quoi que ce soit de la venue de Blink 182. Difficile d’expliquer mon lien avec ce groupe tant il a été essentiel dans mon évolution. Vous lisez le papier d’un pur spécimen de la scène californienne / skate / punk-rock / “on veut faire des soirées avec des red-cups pendant qu’un mauvais groupe joue du pop-punk”. Bref, j’étais le gamin à aller skater le vendredi soir en sortant du collège pour passer le reste du week-end à jouer du Blink 182 avec les copains. Le compte rendu de ce concert était déjà écrit à l’avance, et devait être conclu par une phrase comme “Blink 182 joue du Blink 182, et j’ai en l’espace d’une heure pu retrouver ce sentiment incroyable et intacte des heures passées à idolâtrer ce groupe”… Dommage pour moi, cela s’est déroulé autrement.

L’entrée est pourtant aussi parfaite que ce que l’on pouvait imaginer, un grand rideau noir est placé et l’excitation est au sommet pour chaque kid déplacé pour revivre un peu de nostalgie. « Dumpweed » débute, le rideau s’abat brutalement, Mark et Tom ont l’air très en forme pendant que Travis commence déjà à cracher toute sa maîtrise. « Feeling This » commence peu après, le public est aux anges, et « The Rock Show » ne calme pas les festivaliers en t-shirt Famous et casquette New Era.

Après avoir rapidement déposé mon appareil je retourne au cœur de la fosse, je m’avance autant que possible et… où est l’ambiance ? Tant pis, je chante tout seul… ah non, tout le monde reprend en cœur “I Miss You” ! Au niveau de la fête dans la fosse ce n’est clairement pas ça malgré des chansons choisies intelligemment et qui se s’enchaînent parfaitement.

Ne jouons pas aux surpris, cela chante et joue très approximativement et nous n’avons jamais attendu d’une prestation de Blink 182 d’être impressionnante à ce niveau. On regrette surtout que Tom s’obstine à tenter d’avoir un son plus “vintage” emprunté à son très mauvais nouveau groupe, qui gâche clairement l’efficacité des riffs de Blink. Le tout semble particulièrement lent, on imagine que Travis joue au clic pour éviter d’accélérer, mais c’est du live, pas du studio les amis ! On entend plus la basse qu’autre chose et… comment dire… ce n’est pas forcément la partie la plus intéressante du combo.

First Date”, “Man Overboard”, “Don’t Leave Me”, les tubes sont bien présents mais on a le sentiment qu’il manque quelque chose, autant au niveau de l’ambiance générale, de la prestation du groupe que de la sincérité de ce retour.

Blink 182 a été en hiatus pendant 5 ans, et c’est comme s’ils reprenaient exactement où ils s’étaient arrêtés. Ne comparons pas, mais lorsqu’on voit l’énergie de Sum 41 aujourd’hui ou la très nette évolution de Green Day, on est en droit de penser que Blink 182 a pris pas mal de retard sur ses camarades pop-punk et qu’il sera très difficile pour eux de plaire à un public différent des nostalgiques présents ce soir.

Le groupe quitte la scène après “Anthem Part Two” pour que Travis revienne nous prouver toute sa maîtrise avec un solo comme on les aime sur du bon hip-hop. A l’endroit ou à l’envers, il envoie du rêve et nous montre une nouvelle fois que sans être un membre fondateur du groupe, il est très clairement ce qui lui permet de justifier sa présence en tête d’affiche aujourd’hui. Place aux classiques, “Carousel” – que certains semblent découvrir – puis “Dammit” pour nous montrer une nouvelle fois qu’ils sont à la tête de chansons qui ont marqué une génération. “Shit, Piss, Fuck, Cunt, Cock-suck, Mother-fucker, tits, fart, turd, and twat…”, c’est “Family Reunion” et c’est sur ces beaux mots qu’ils nous quittent pour de bon.

J’aurais vraiment apprécié être capable d’avoir un réel manque d’objectivité digne du pire fan-boy du monde. Je souhaitais sortir de ce concert en me disant que c’est exactement ce que j’aime et que tous leurs défauts font leur charme. Je ne peux que me remettre en question : “ai-je été fan d’un mauvais groupe pendant toutes ces années ou sont-ils seulement devenus assez mauvais ?”. Impossible d’y répondre aujourd’hui, nul doute cependant que chaque festivalier s’étant présenté à la Grande Scène dans l’espoir de découvrir les fameux californiens dont il a entendu parler n’a pas du se faire prier pour aller voir si un bar était encore ouvert de l’autre côté du parc. Ne regrettons rien, faisant visiblement partie d’une grande minorité à avoir été déçu par ce passage, Blink 182 fait toujours partie essentielle de ce que je suis et j’attends toujours avec une certaine impatience leur nouvel album.

[team]Phoenix[/team] est toujours présent sur le site pour me remonter le moral et étant donné qu’il a aussi pleuré – mais de joie – devant le retour des californiens, nous avons réglé nos différents dans une battle de danse du robot devant les quelques folies d’Underworld devant la Scène de la Cascade.

Demain c’est Queens of The Stone Age et Two Door Cinema Club, autant dire que la fête de Rock en Seine ne fait que commencer !

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