Rock En Seine ✖︎ Domaine de Saint Cloud ✖︎ Saint Cloud

vm5
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Déjà dimanche… Les jambes commencent à se faire lourdes mais peuvent bien souffrir encore quelques heures, les dernières avant le tant redouté retour à la vie normale. Après deux premières journées très réussies mis à part le facteur temps que nous ne pouvons pas mettre sur le dos de Rock en Seine (un vrai scandale !), on attend tous le grand événement de la fin de l’été : le retour d’Arcade Fire ! Vu qu’on reste rock’n roll jusqu’au bout, et qu’on tient à rester hype car un k-way ne va bien qu’à Dany Boon (allez chercher pourquoi), rien n’est prévu pour protéger nos brushings des méfaits des averses. Après tout, Evelyne Dhéliat ne nous aurait pas menti… non ?

Il fait pourtant beau lorsque Wallis Bird ouvre les hostilités en montant avec sa guitare folk sur la scène de la cascade. L’Irlandaise nous balance illico ses titres, en se tortillant dans tous les sens. La joie incroyablement communicative de la dame est le meilleur argument possible pour nous faire rester découvrir ses titres. Nous sommes loin de la claque d’une prestation de Jason Mraz mais c’est une nouvelle fois une façon des plus agréables de débuter une journée. Pour les amateurs de Kate Nash peut être ?

The Temper Trap ouvrent à leur tour la Grande Scène. Les américains, découverts comme beaucoup grâce à leur mise en valeur très réussie dans la BO de 500 Days of Summer (500 jours ensemble) font parties des formations attendues de la journée. Aucune espérance scénique de leur part, ils jouent tranquillement leurs chansons toutes… tranquilles ! Leur indie-pop séduit, ne bouscule certainement pas et on est juste heureux de pouvoir se poser sur l’herbe devant un groupe autant sympathique à découvrir.

On passe voir ce qui se passe sur la pas si petite scène de l’Industrie. Success y met rapidement, et sans exagération, le feu. Les français déboulent un peu débarqués de nulle part et ne se cherchent pas. Tantôt rock, tantôt électro, leur musique est résolument dansante. Scéniquement déjanté, Mister Eleganz mène avec brillo sa bande rennaise et on adhère à l’univers du groupe.

Tout droit sortis d’un western, autant dans certaines sonorités que pour le manque de goût vestimentaire évident du guitariste, The Black Angels entre en scène aux alentours de 16h00. Les cow-boys sont pas facile d’accès, difficile de s’en faire une idée. Dommage.

On se précipite plutôt du côté de la grande scène pour la venue de Eels. Non, je n’écoute pas régulièrement Eels mais [team]theghostchild[/team] est si insistant avec ce groupe que je ne peux pas trop me permettre de me contenter d’un “ok, pas mal”, nul ne sait dans quelle colère l’homme pourrait se mettre. Et pourtant, il n’est pas si aisé de savoir quoi penser de Eels en les redécouvrant aujourd’hui à Rock en Seine. L’aspect cuir-moustache des dégaines des messieurs me convainc sans aucun problème mais j’ai du mal à entrer dans les sonorités des américains qui semblent vieillir aux fils des albums malgré l’adoration que j’ai pour leur premier enregistrement. Rien de bien marquant donc, et je semble pourtant être le seul à avoir cet avis.

I Am un Chien a déjà commencé du côté de la scène de l’Industrie et crachent leur electro-rock énervé. Ambiance Skins Party devant la tonne de minettes déplacée, look ultra typé de chaque côté de la barrière. Quelques phases qui passent mais on se retire pourtant avant que le chanteur des Stuck in The Sound vienne faire une petite apparition.

L’élégant Wayne Beckford commence alors à jouer sur la scène de la Cascade à présenter sa pop, qu’on peut décrire comme dans la continuité de bons vieux Motown. Aucune claque cependant mais un passage plutôt réussi, dansant où la joie de sa bande est aisément partagée.

Beirut fait très clairement partie des artistes qui font l’affiche de cette édition 2010 de Rock en Seine. Zach Condon et ses copains ne se font pas prier, et à 18h00 tapantes balancent d’emblée la superbe “Nantes”. L’américain nous démontre d’autant plus tout son talent de trompettiste en enchainant avec “The Shrew”. Tantôt tzigane, tantôt folk, et s’avérant être un curieux mélange de planant et de festif, la musique de Beirut touche très facilement tout ceux aux abords de la Grande Scène. Comme s’il n’en avait pas déjà fait assez, il sort le ukulélé pour “Elephant Gun”. C’est déjà trop tard, je suis amoureux. Cet amour ne peut malheureusement durer, j’ai rendez-vous avec Arcade Fire dans l’espace presse…

C’est bien l’événement du week end du côté du parc de Saint Cloud dont l’entrée nécessite de sortir un pass ou un gros clin d’oeil non privé de sens. Le message est bien passé et je ne prends aucun risque pour obtenir une place pour le rendez-vous. Mister Eleganz de Success a aussi bien senti l’engouement et est venu en toute simplicité se poser sur le canapé de la salle de presse une dizaine de minute avant l’arrivée prévue d’Arcade Fire.

Les questions commencent donc et il est difficile de savoir quoi penser du personnage tant il débute par des réponses tout à fait intéressantes sur le son du groupe, sa façon de voir la musique et son perfectionnisme recherché. Success n’est pas un trip entre amis mais bien un projet recherché, cependant le leader tombe légèrement au fil de l’entrevue dans un snobisme sur-joué. On regrette de constater que c’est la méthode utilisée par les français pour faire parler d’eux tant l’homme semble sympathique sorti de l’entrevue.

Quatre membres d’Arcade Fire entrent enfin dans la salle et on retrouve tout simplement la quasi-totalité des journalistes accrédités sur le festival. Impossible de circuler, encore moins de trouver une place assise même pour ceux arrivant à l’heure pour l’entrevue. Concrètement, on ne découvre pas grand chose de nouveau concernant les montréalais, on apprend surtout à les apprécier davantage. L’ambiance est folle, malgré des questions allant du très classique “pourquoi vous avez appelez ceci ainsi” au beaucoup plus précis “pourquoi la dame n’aime pas jouer là bas”, on passe plutôt note temps à rigoler. L’apogée de cette rencontre reste le “Ressentez-vous la pression du fait d’être le meilleur groupe d’aujourd’hui ?”. La réponse s’apprécie par ici et est la meilleure démonstration de ce moment passé avec Arcade Fire. On constate surtout avec beaucoup de plaisir que le “meilleur groupe du monde” est une belle bande d’amis et non un simple rassemblement de très talentueux musiciens. La tension est encore remontée. Plus que quelques heures d’attente.

On regarde de loin la venue des Ting Tings sur la Grande Scène. La bassiste est toujours aussi belle, leur musique toujours aussi catchy. C’est dimanche, la fatigue certaine fait que l’on apprécie avec un sandwich à la confection douteuse dans l’herbe.

Arrive le vrai problème du week end : Roxy Music. Enfin, le problème vient de votre serviteur… Mais qui est donc Roxy Music ?! Là aucun mensonge, l’effroyable [team]justme[/team] est bien synonyme qu’un amateur de musique autour de la vingtaine n’a pas nécessairement connaissance de ce qui était considéré par tous, organisateurs compris, comme un très grand événement de la cuvée 2010. Tous les photographes deviennent fous dès l’ouverture et ce pendant la totalité du set. La moustache est de mise, et Bryan Ferry exerce une attraction presque malsaine sur ceux qui m’entourent. Jean-Paul Huchon vient se poser tranquillement devant les crash-barres pour apprécier le spectacle. On félicite le travail particulier fait sur les effets vidéos (comme quoi ce sont les hommes âgés qui se servent au mieux des nouvelles technologies) mais découvrir Roxy Music en 2010 ne me marque décidément pas. De toutes façons la venue d’un groupe de la galerie de feu approche et je ne peux penser à autre chose.

Ready To Start” marque l’entrée des nombreux québécois sur la Grand Scène. La disposition est telle qu’il y en a partout, impossible de savoir où mettre la tête. Un écran géant simule un road trip, l’expérience est déjà totale. “Keep The Car Running” est suivie de “Neighborhood #2 (Laika)”, chanson pour laquelle il m’est difficile de décrire l’état d’euphorie que me fait provoquer son refrain. Arcade Fire est un groupe dont l’unité est bluffante, chaque membre semble indispensable et ils ont bien l’air de jouer avant tout pour eux. Que dire de l’enchaînement avec la magique “No Cars Go” ? Rien, il est parfait. L’ambiance se calme légèrement avec “Haiti” et “Modern Man” pour mieux prévenir l’explosion de la fin de “Rococo”, extraite de leur nouvel album. On a tout simplement envie de danser aux premières notes de “The Surbubs”. Suit alors très discrètement “Ocean of Noise”, pour laquelle le final n’est qu’accentué par l’invitation de la trompette de Beirut. La pluie commence à s’inviter, rien de bien méchant cependant. Même avec les paroles pas évidente d’”Intervention”, le groupe continue à autant entrer dans ceux intéressés par leur prestation.

We Used To Wait” marque le premier round du combat d’Arcade Fire contre la force de Zeus. Chaque frappe sur la batterie entraîne une avalanche d’eau et Win Butler tout trempé continue à assurer le chant derrière sa guitare. La vraie prestation a lieu maintenant, le groupe se bat – sans jeu de mot – contre la pluie, aucune fausse note, nous sommes les seuls à rester sans voix. Le titre fini la musique est coupée, tout se bouscule sur scène, les instruments sont couverts et on pense tous au pire.

Inutile de décrire mon état, c’est comme si je m’étais pris quelques sauts d’eaux sur la tête, en rappelant que je ne dispose vraiment pas de la veste adaptée à ces intempéries (Evelyne tu m’as menti !), mais la question ne se pose pas. Arcade Fire ne peut pas nous quitter. Je suis totalement absorbé, la pluie ne se calme pas et il est impossible de concevoir que la soirée se termine ainsi. Ils nous expliquent que pour une question de sécurité ils sont obligés d’écourter la fête. Ils prennent les instruments acoustique et interprètent sans surprise “Wake Up”. Beirut s’invite une nouvelle fois, tout comme l’intégralité des festivaliers. Les “hoho” sont repris par absolument tous, et on a l’étrange sentiment de réellement vivre quelque chose de grand, d’appartenir à une grande famille. Nous faisons tous partie d’un événement pour le moins unique, pour lequel le mauvais temps aura simplement réussi à nous faire profiter infiniment plus de l’alchimie folle créée par Arcade Fire.

Et si cette année, ce qui aurait pu être la malédiction Rock en Seine 2010 serait plutôt la raison pour laquelle on s’en souviendra avec un sourire en coin ? C’est bien dans l’indie-rock que Rock en Seine excelle dans ses choix de programmation. Inutile de se battre contre le rhume que nous aurons inévitablement demain, c’est si peu en comparaison à ce moment magique que nous venons tous de partager. Ce final est bien l’une des raisons pour lesquelles la musique a une place si importante dans ma vie. Je ne pensais pas qu’il serait encore aujourd’hui possible de ressentir de telles choses. Rock en Seine 2010 m’a définitivement marqué.

Un très grand merci à l’incroyable équipe d’Ephelide pour son travail tout au long du festival, [team]Bjorn[/team] pour son aide, [team]Phoenix[/team], [team]theghostchild[/team], [team]Ross[/team] pour ses bannières pleines de nicotine, Travis Barker pour viser ma tête lorsqu’il jète des baguettes et Arcade Fire pour tout cet amour.

Les organisateurs annoncent une grande tête d’affiche féminine l’année prochaine, place aux rumeurs tandis que France 3 annonce d’une source sûre (évidemment), que Daft Punk y serait invité. On n’est pas prêt d’arrêter d’entendre parler du festival de la rentrée.

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