Déjà [s]un[/s] [s]deux[/s] trois mois ?! Ah oui tiens, c’était il y a trois mois déjà. C’était en tout début d’été, voici quelques souvenirs du Hellfest 2011.
Tout avait débuté par un trajet Toulouse/Bordeaux/Clisson qui enleva les derniers doutes sur la météo pour le weekend : ça va être moche. Les quelques heures de route dans les pattes et les errances pour trouver Clisson («non, pas de GPS, c’est pour les losers» qu’il disait…) sont vite oubliées pour laisser place à une excitation de pucelle à l’arrivée sur la plaine du festival. La pluie battante nous fera avoir pitié pour les deux toulousains et leur pack de Kanter. Forts sympathiques, ils sont également généreux et nous laisserons de quoi boire. Ils auront même pris soin de nous ouvrir accidentellement une bouteille. Malheureusement nous n’en prendront conscience que le lendemain matin à l’odeur généreuse de houblon dans la voiture/hôtel. Bref.
Niveau organisation, tout est au poil : arrivée sur le parking et garé en à peine 10mn. On s’équipe pour faire face à la pluie persistante et la récupération des pass se fait en 5mn chrono. Tout a dû également bien se passer pour les gagnants des deux concours, n’ayant pas eu de retour plaintif ou de menace de mort après le festival.
Space lord motherfucker
En arrivant face aux mains stage, Maximum The Hormone est déjà en pleine crise : à l’image du look du peuple métaleux, ça part dans tous les genres. Et le groupe ne rassure pas sur la santé mentale des japonais avec des sauts et des gémissements dans tous les sens. Les membres pensent que le japonais est la seconde langue en France, mais malheureusement pour eux la culture anim’ n’est pas si miraculeuse et les nombreuses phrases lâchées entre les morceaux resteront globalement incompréhensibles, même tentées en français. Mais le geste est là et saluable. Niveau son, c’est aussi un joyeux bordel qui mélange à peu près tout ce qui se fait dans le métal « moderne ». Un bon début.
Migration vers la Hard Rock Tent pour Primordial, dont je ne retiendrai que le chanteur au visage ensanglanté (ça c’est trüe m/), contrastant avec des musiciens très en retrait : pas mon truc. C’est ce genre de groupe qui m’a fait douter de mon adéquation avec l’ambiance purement métal du festival. Ma culture métal n’est au final pas si riche et c’est surtout le stoner et les grosses têtes d’affiche cultissimes qui m’ont décidé à venir. Je suis donc empli de doutes à mon arrivée et lorsque j’assiste à certains concerts : suis-je réellement en phase avec tout ça ? En clair, suis-je métal ? La réponse est évidente : on s’en fout. Au Hellfest, on prend son pied en deux secondes sur tout et n’importe quoi. Et si ça ne plait pas, avec toujours deux voire trois concerts simultanés, il y a du choix et de la variété. Et je n’aurais pas pensé être autant surpris par l’ambiance bon-enfant qui règne sur le festival. Tout le monde sourit et est heureux d’être là, sous la pluie aussi intermittente que les bénévoles. Tous les genres se croisent et cohabitent gaiement.
Une petite déception suivra Primordial, puisque je n’arrive que tardivement au set de Karma To Burn. L’occasion d’apprécier le désagrément des tentes : on ne sait pas trop s’il y a de la place dedans, car tout le monde s’agglutine en bordure, donc on se met au bord aussi. Sauf qu’au bord, si par malheur il y a un peu de soleil (car il y en avait un peu) la pupille se ferme, et on ne voit plus grand-chose dedans en dehors des contours. C’est particulièrement visible et désagréable avec la Terrorizer. Mais le plaisir n’est pas gâché pour autant et la demi-heure de Karma To Burn entendue est plus que persuasive pour se pencher plus en détails sur la discographie du trio. Les riffs sont simplement hallucinants et le headbang n’est pas contenable. La tête s’agite toute seule et c’est une marée de bobbleheads synchronisés qui s’agite.
Le concert marquant suivant est un des nombreux moments «je les aurais vu au moins une fois» qui auront ponctué le festival : Iggy & The Stooges. On commence par bien rigoler à la vue du chauffeur de foule qui demande au public de faire du bruit pendant 15mn. Et enfin le vieil homme arrive. Evidemment il ne fait pas son âge à sauter et frétiller partout, et le contraste est flagrant (et un peu joué aussi) avec les Stooges : ultra-énergique Iggy Pop passe son temps à engueuler le groupe, qui lui la joue vieux croulants. Comme on s’y attend, Iggy se tord et convulse dans tous les sens pour finir à quatre pattes, micro en bouche sur « I Wanna Be Your Dog« . Ça c’est du rock. Cette démonstration d’énergie a l’avantage de booster un peu la musique, pas toujours palpitante une fois les classiques passés justement.
Autre grand souvenir, car moment très attendu, Rob Zombie. On nage en plein horror-show avec pas mal de spectacle (accessoires, décor, danseuses), même si j’en espérais un peu plus vu ce qui était annoncé. Pendant que John 5 réalise son semi-marathon à courir entre les différentes estrades, Rob échange pas mal avec le public mais l’ambiance n’est pas folle. Peut-être un léger manque d’entrain du public justement, par exemple personne ne répondra à sa demande pour que quelques demoiselles montent sur scène. Mais le set composé des gros titres est là pour combler le fan que je suis. En fait, j’espérais quelque chose d’un peu plus bestial et violent vu les ambiances glauques et tordues qu’il parvient à créer dans ses films, mais c’est clairement le côté festif et dansant des titres qui ressort sur scène (ce qui rappellerait un peu les Eagles Of Death Metal).
Ne reste plus que Monster Magnet pour finir la soirée en beauté à côté des premiers cadavres. Pas forcément ceux qu’on croit, comme cette quadra que le mari aura bien du mal à séparer de son « ami » et de son pichet. La Terrorizer s’embrume progressivement, c’est bien à du stoner qu’on va avoir droit. Du bon gros stoner à faire frétiller la paire et la cage thoracique. Le volume est d’ailleurs particulièrement fort pour ce concert, ce qui convient très bien aux titres puissants mais planants du groupe. Ça bouge pas mal quand même, le pichet de madame est vite renversé. « Space Lord » est purement jouissif et les oreilles sont bien fatiguées pour ce dernier concert.
Première journée finie, est venu le temps de la première nuit : la pluie a eu raison d’un bon nombre de campeurs, les voitures affichent complet. Je passerai sous silence les détails de la première nuit en mégane.
