Noel Gallagher ✖︎ Casino de Paris ✖︎ Paris

vm5
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« Bonjour, je suis invité par le groupe« 

Il est toujours fort plaisant de se présenter à l’entrée de n’importe quel concert, de prendre un air on ne peut plus méprisant et de réclamer son billet de faveur comme dirait mon père alors que Dieu sait qu’on n’avait pas vraiment l’intention d’assister à ce premier vrai concert solo parisien de Noel Gallagher. c’était sans compter sur une invitation des mecs de Electric soft parade qui visiblement ont gardé eux aussi un bon souvenir de nos aventures communes en 2008. Sans trop de surprise, la salle semblait à moitié remplie d’anglais accrochés à leur bière et prompte à transformer en moment d’hystérie chaque évocation du répertoire d’Oasis.

When you want it, it goes away too fast

Electric Soft Parade fait son entrée sur scène d’une manière des plus anti spectaculaires, les uns après les autres, aussi flegmatique que possible. Depuis 2008 les anglais se sont enrichis d’un nouveau guitariste qui de surcroît a la bonne idée d’apporter une quatrième voix pour les harmonies vocales. Le concert débute comme leur premier album Holes in the wall, à savoir « Start again » (riff et refrain en cascade de guitares et couplets rêveurs) et « Empty at the end » (riff remontant la cascade et refrain hystérique imparable). Tom passe à la guitare avant de lancer la nouveauté « Lily« , probablement l’une des toutes meilleures chansons pop de 2011, et son final de guitares à couper le souffle, grande spécialité du groupe. « Oasis ! ! ! » hurlent quelques fans. « Tu sais qu’ils se sont séparés, c’est fini » répond Alex avant de commencer la pour le coup bien nommée « Misunderstanding » (Weezer couplé à Grandaddy). «Cette chanson s’appelle Number one et elle le sera un jour » dit Alex pince-sans-rire. Encore une fois, une chanson au final époustouflant portée par quatre voix distinctes. On espère un « Cold World« , un « Lose Yr Frown » ou un « A beating heart » mais Electric soft parade annonce sa déjà dernière chanson. c’est le mini tube « Silent to the Dark » qui sera ce soir, comme sur le disque, suivi par un délire instrumental d’une dizaine de minutes. Sympathique mais difficile de ne pas se dire que ces 10 minutes auraient pu nous valoir d’autres perles du répertoire des anglais. Le groupe quitte la scène du casino de Paris sous des applaudissements polis et quasi instantanément mes deux accompagnateurs me disent : « ce groupe devrait dominer le monde avec ses chansons ». Monde de merde.

Times you hate it, it always seems to last

Bon, on exagère, on ne déteste pas les chansons solos de Noel Gallagher mais toujours est-il que par moments, le temps nous a paru un peu long. Les chansons de Nono ne sont pas toujours captivantes (mais ça on le savait avant d’entrer dans la salle) toutefois, sans la production gargantuesque, certaines mal-aimées de l’album solo ont fait plutôt bonne figure, notamment « … Record machine » même s’il faut avouer qu’un parterre d’anglais pintés reprenant le refrain pompier comme si leurs vies en dépendaient cela aide à cacher la petite misère. Une nouveauté de l’album dit expérimental à sortir cette année nous est présentée : « Freaky teeth » et ses accents à la James Bond sous une tonne de guitares laissent espérer de bonnes choses. Contrairement à son frère, Noel ne s’embarrasse pas de fioritures et la setlist pioche pour un gros tiers dans le répertoire d’Oasis qui a rarement aussi bien porté son nom. Cependant, Noel commet ce qu’on ne va pas hésiter à qualifier de fautes de goût. Si la version acoustique de « Wonderwall » version Ryan Adams est une belle réussite, « Supersonic » en version mou du genou, sans la morgue de Liam, est clairement l’un des gros ratés de la soirée. Toujours au rayon « il n’aurait pas dû », les versions de « Half the world away » et « Talk tonight » sont de petites horreurs, la faute à des arrangements FM qui font perdre énormément de charme à ces deux chansons. On dirait du Cranberries. Bref, l’ambiance était pépère, il y en a pour tout le monde, Noel joue en terrain sûr. On serait tenté d’écrire qu’il ne vexe personne mais ce ne serait pas totalement vrai. Plusieurs des grands moments de la soirée ont été les dialogues entre le public et le désormais chanteur.

-Un fan : « Live Forever!!! »
-Noel : « Non on ne la jouera pas. Tu as le disque ? »
-Le fan : « Yeaaaaah! »
-Noel : « Eh bien va écouter Live Forever chez toi ».

Tout le monde a remarqué un nain au balcon, Noel aussi, il lui dédiera « Little by little« .

-Noel : « c’est la dernière chanson »
-Le public râle.
-Noel : « *Non, vous croyez savoir ce que vous voulez mais vous ne savez pas. Vous pensez en vouloir quatre autres mais vous n’en voulez qu’une. Moi je le sais. Et c’est pour ça que je suis là haut sur scène, et que vous êtes en bas dans le public ».
Cet homme est une machine à réponses cinglantes et il conclura avec l’inévitable « Don’t look back in anger » (frissons, bras dessus bras dessous, « I heard you sayyyyyyyy » et tout le tremblement).

Certes on fait beaucoup de critiques mais la soirée a été des plus sympathiques, malgré ses longueurs on ne va pas nier un petit bonheur. Bonheur frustré pour Electric soft parade qui devrait être idolâtré, bonheur amusé pour Noel Gallagher et ses (anciennes) compositions stellaires qui nous feront accepter encore bien des albums solo par moments chiants comme la mort.

(Ce live report est sponsorisé par « The speed of pain » de Marilyn Manson)

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