1992. Disons-le, j’ai 10 ans et pas l’ombre d’une idée de qui est Metallica. Mon éveil musical ayant eu lieu bien plus tard. Ce qui explique que je sois de la fiesta de ce soir, Metallica ayant invité tout le monde pour fêter les 20 ans du Black Album (qui est en fait l’album éponyme du groupe), en voilà une belle session de rattrapage ! Et là, c’est pas de l’affiche avec les bobos de The Kills clairement sacrifiés au Stade de France. Non, les flamands font les choses à fond avec Werchter et si je ne vois absolument rien des premières parties composées de Ghost (qui semblait assez sympa visuellement des photos trainant sur le web), Gojira (oui, j’ose) et Channel Zero (que je ne connais pas), c’est que j’avais barbecue. Oui, barbecue. Et puis au fond, je m’en fous, c’est moins ma came, déjà tomber sur Mastodon en arrivant me prouve que le métal n’est pas ma base musicale initiale et qu’il me faut généralement plus de temps pour l’appréhender correctement. Et ce, même si le groupe bénéficie de très bons retours sur le dernier album.
Le site de Werchter est déjà bien bondé et fixé par un soleil de plomb. Les hommes bedonnant côtoient les aficionados de la salle de muscu tout en ayant un point commun, la plupart sont rouges d’un soleil de feu qui aura bien alimenté les bars qui auront bien alimenté les hommes. Et les femmes. Souvent légèrement vêtues. c’est beau un concert en été.
Premier constat, la scène est énorme, même si la structure est toujours la même avec LiveNation, par contre, la balance sur Mastodon n’est pas géniale, heureusement, elle se fera de plus en plus irréprochable, le son de Soundgarden le démontrant vite. n’empêche, voir Soundgarden en 2012, même si la tournée n’a pas de valeur artistique, permet de constater que Chris Cornell semble vouloir se racheter une crédibilité s’appuyant sur son ancienne gloire et ses cheveux longs. Exit les mèches blondes et Timbaland ce soir ! Et si The Kills ont essuyé une forêt de doigts en guise d’accueils de la part du CE des proctologues métalleux de France, apparemment réunis au premier rang lors du passage des Mets au Stade de France, ici que nenni. Certes, le public n’est pas en folie mais on sent que certains comme moi, sont presque tout autant venus voir Cornell et sa bande que les four horsemen.
Le set est propre, sans fioritures et permet de se jeter dans les oreilles des « Rusty Cage« , « Black Hole Sun » ou encore « Jesus Christ Pose » avec plaisir car les titres sont toujours aussi efficaces.
Une heure de live plus tard d’une totale sobriété de la part du groupe et d’autres minutes dédiées au changement de scène, c’est Clint Eastwood qui fait son apparition sur les écrans géants de la scène, un extrait du film « Le bon, la brute et le truand » s’appuyant sur le son d’Ennio Morricone est la traditionnelle intro du groupe. On devine alors que le plan de Clint déambulant dans un énorme cimetière ne fait qu’annoncer l’arrivée imminente du groupe. Et c’est sur le titre « Hit the Lights » que le set démarre. Une valeur sûre, puisque le titre m’aura hanté durant 24h à l’aise, le groupe souhaite clairement chauffer son public (« Master of Puppets« , « Ride the Lightning » ou encore For Whom the Bells Toll).
Quelques titres qui vont faire leur effet avant de claquer le Black Album dans son intégralité en mode rewind, la fin servant de début de set pour conserver les valeurs sûres en guise d’apothéose. La scène finale révélant un écran géant qui permettra aux personnes du fond de profiter du spectacle malgré très certainement la taille de fourmis du groupe vu de l’autre côté du site de Werchter. Le son est là, impeccable, et les 4 musiciens se révèlent très à l’aise, l’expérience parle, le set est pro, très pro, rien à redire, à aucun moment on ne décèle un quelconque raté. Hammet et Trujillo arpentant régulièrement les différentes estrades s’avançant au sein même du public. Seul Ullrich se retrouvera quelque peu confiné derrière cette batterie à marteler son matos comme une brute pendant que Hetfield viendra chanter sur les côtés de la scène, ce qui est toujours sympa, à mon sens, que de penser au public et de tenter de s’en rapprocher un minimum sur de grosses dates.
Force est de constater d’ailleurs que la date contient bon nombre de fans hardcore du groupe, à même de chanter couplet après couplet, heureusement le son écrase tout, y compris ces gentils loustics amateurs de air guitar. Oui, de air guitar car de façon surprenante, chacun dispose de son petit espace vital permettant de ne pas avoir à subir le bidon poilu et poisseux du voisin de concert torse nu collé à vous. Pas comme lorsque je suis allé chercher des bières.
d’ailleurs et pour l’anecdote, parmi ces flamands, j’ai vu passer une espèce extrêmement rare puisque l’un d’eux était vêtu d’un maillot de basket de l’équipe des Chicago Bulls et le nom du joueur était celui de… Rose ! Et oui, le voilà le fameux flamand rose. Le voici, le voilà, fameux flamand rose (véridique !)
n’empêche que les métalleux sont des durs au cœur tendre, parce que franchement, le titre qui a eu le plus succès en termes de vidéos/photos de portables n’est autre que « Nothing Else Matters« , certains allant même chercher leurs nanas (voire leur pote) danser un petit slow (chez toi lecteur, fais un cœur avec tes mains). En tout cas, on est contents d’être là. Tous ! Les mecs bourrés, les sobres, les nanas déchirées à la Marie Jeanne, Fêter ces 20 ans d’un album mythique fait plaisir, d’autant plus que le groupe déroule du « Unforgiven« , du « Sad But True » ou encore « Enter Sandman » qui lui permettront de conclure une première fois le show avec du gros hit bien gras comme il faut. Pas con hein, ce Black Album à l’envers !
Pour son retour, les Mets vont alors balancer tous leurs trucs pyrotechniques pour nous en mettre plein la vue, lance-flammes énormissimes sur les grues avant et pendant « Battery« , détonations et feu d’artifice pour l’introduction de « One » qui sera même gratifié d’un show laser pendant.
Pour « Seek and Destroy« , le groupe lâchera d’énormes ballons pour que le public touche les « Metallica’s balls« . Mais il est déjà temps de s’enfuir pour ne pas rester bloqués 1h en tentant de fuir Werchter en voiture avant le départ des 52 000 personnes présentes.
Finalement quand on quitte le site, on ne regrette que quelques petites choses, la réalisation vidéo à la ramasse, c’est dommage de ne pas diffuser certains moments scéniques comme celui où les trois guitaristes s’alignent pour effectuer un même mouvement de balancier, des moments de complicité plaisant à voir uniquement si on est assez grand ou près pour les voir sur scène (ça va, j’avais les deux)… Car au-delà de l’aspect ultra carré du groupe, on prend plaisir à les voir prendre du plaisir entre eux, de constater que derrière cette lourde machinerie (que certains de mes amis dont des ex-true fans du groupe ont appelé « barnaüm de l’entertainment« ), ce sont toujours 4 mecs qui prennent plaisir à être là. Et on peut dire que James ne manque pas de rappeler à quel point ils tiennent à leurs fans, « the Metallica’s family« .
Et si on veut chipoter avec des aspects négatifs, j’avoue ne pas avoir été convaincu par le show laser qui n’avait rien à envier à Jean-Michel Jarre pendant « One » et du point de vue moyens scéniques, j’ai trouvé que le groupe était en deçà des moyens déployés par d’autres papys comme AC/DC. Certes les Mets sont peut-être moins universels car plus heavy, mais de fait, il a manqué un truc, un je ne sais quoi d’insaisissable. Le petit truc qui aurait fait de ce show, le show ultime. Mais cela correspond aussi peut-être à une volonté du groupe qui ne souhaite pas mettre le doigt dans cet engrenage ou préfère se contenter de quelque chose de plus sobre car cela lui correspondrait plus.
Mais le sentiment qui prédomine est bien la satisfaction parce que ces mecs restent une référence, 2h15-30 de live, z’ont pas fait semblant. Alors merci d’avoir fêté ces 20 ans qui m’ont permis de rattraper mon retard, c’était quand même du très très bon. Et ajouter Metallica et Soundgarden à la liste des groupes vus en live, je trouve que ça le fait.
Hit the Lights
Master of Puppets
Ride the Lightning
For Whom the Bell Tolls
Hell and Back
[u]The Black Album[/u]The Struggle Within
My Friend of Misery
The God That Failed
Of Wolf and Man
Nothing Else Matters
Through the Never
Don’t Tread on Me
Wherever I May Roam
The Unforgiven
Holier Than Thou
Sad But True
Enter Sandman
Encore:
Battery
One
Seek & Destroy
Spoonman
Gun
Jesus Christ Pose
The Day I Tried to Live
My Wave
Ugly Truth
Fell on Black Days
Outshined
Beyond the Wheel
Rusty Cage
Black Hole Sun
Slaves & Bulldozers
