Groezrock ✖︎ Plusieurs champs ✖︎ Meerhout (Belgique)

Nous y revoilà, il est déjà venu le temps des [s]cathédrales[/s] de l’événement alternatif le plus attendu de l’année : le Groezrock ! Après quelques heures de route depuis Paris et un passage rapide dans l’hôtel le plus perdu du pays (on est chez VisualMusic on ne dort pas au camping), on arrive sur l’aire de jeu de nos prochaines 48h. Pas de changement particulier à signaler depuis l’année dernière, sinon une nouvelle tente acoustique “Fender”, qui nous vendra son lot de frissons plus tard dans la journée.

Cette édition 2012 est celle de la “maturité” pour votre équipe. C’est aussi une façon d’assumer pleinement qu’un festival ne signifie pas nécessairement d’avoir à courir sans relâche de façon à tout entrevoir. Même si l’affiche proposée cette année est celle se rapprochant le plus de mes écoutes quotidiennes, autant ne pas gâcher les prestations des groupes qui comptent réellement.

Et comment mieux commencer qu’avec les rois du punk-rock mélodique, Belvedere, qui montent sur la main stage dès 15h. Pour les avoir vus le soir précédent, lors de leur premier reunion show à Paris, on peut clairement le dire : ils sont là et n’ont pas lâché leurs shorts dickies. Même si on était heureux de voir le chanteur Steve Rawles pendant ces dernières années avec les très bons This Is A Standoff, rien ne vaut la perfection des tubes de Belvedere qui ont plutôt bien vieilli. Pour ceux qui ne lisaient pas VisualMusic en 2002, les canadiens représentent le côté le plus technique et mélodique du punk-rock, et on est bien heureux de retrouver leur vitesse difficilement imitable 7 ans après leur séparation. Une bonne occasion de conseiller leur album culte “Fast Forwards Eats The Tape” pour ceux qui ne l’ont pas découvert à l’époque.

Passage éclair sur la Impericon Stage (anciennement Eastpak), deuxième plus grande scène. Le groupe s’appelle For Today et je me sens violé par les 45 secondes passées devant leur metalcore privé d’intérêt quel qu’il soit.

On traîne et pose quelques questions à Verse avant de se retrouver sur la Etnies Stage pour la venue de The Wonder Years. La bande de Pennsylvanie m’avait déjà mis de sacrées claques lors de la tournée Pop Punk’s Not Dead en ouverture pour New Found Glory en Californie et il était inconcevable de rater leur passage sur la scène la plus humaine du Groezrock : la seule sans barrières. Ils jouent particulièrement bien et malgré un frontman qui a tendance à se mettre un peu trop en retrait l’ambiance était folle. On a un vrai renouveau du pop-punk grâce à des formations comme The Wonder Years évoluant dans un registre des plus positifs et on repart avec un sourire impossible à cacher.

Il est temps de découvrir la Fender Stage pour la venue de Dustin Kensrue qui nous propose une prestation acoustique avant de jouer avec Thrice le lendemain sur la main stage. La scène est encore plus petite que la Etnies et on regrette que sa configuration permette difficilement d’y voir quelque chose de l’extérieur. Du coup on ne prend aucun risque, vu la probabilité pour que Thrice vienne un jour en France reste relativement nulle, et on y arrive bien à l’avance. Le public est des plus attentifs même si on regrette le génie au premier rang qui a passé 40 minutes à réclamer “Stare At The Sun” et on applaudit l’anglaise qui lui aura répondu qu’il n’est pas un jukebox. Les fans de Thrice sont cependant servis vu qu’il jouera “Come All You Weary”, “The Artist In The Ambulance”, “Disarmed” ainsi qu’évidemment “Stare At The Sun”. Si on apprécie particulièrement redécouvrir en acoustique les chansons de Thrice, c’est pour encore mieux apprécier son talent en écriture solo ou lors des reprises sélectionnées à l’occasion. “Pistol”, “I Knew You Before”, “Blood And Wine” et “Consider The Ravens” nous permettent de redécouvrir son album et de remarquer son talent pour l’écriture de chansons folk. Le choix des reprises est lui aussi intéressant vu qu’on retrouve des chansons de Bad Book, Cold War Kids ou Tom Waits. C’est celle pour « Sigh No More » de Mumford And Sons qui m’a fait perde mes moyens et tout simplement lâcher mon appareil pour apprécier la sincérité de la prestation. J’ai simplement oublié où je me trouvais, j’étais seul et me sentais tout petit à côté de la puissance envoyée par le monsieur et son bout de bois. C’est sans surprise qu’on retrouve un ou deux gros barbus qui ont du mal à lâcher leurs larmes après ce concert, j’aurais pu en faire partie.

Tout perturbé j’en oublie que The Ghost Inside et Set Your Goals jouent en même temps. Je tente un passage rapide vers la scène Etnies mais mes vans ayant décidé en chemin de s’enfoncer dans la boue pour ne pas en ressortir je prends cela comme le signe d’aller simplement me reposer avant un des grands événements de ce Groezrock, le retour de Verse après trois ans d’absence.

La réunion de la bande de Providence étant une telle surprise dans la scène hardcore, je me devais de les rencontrer pour en savoir plus avant d’enfin avoir la chance de les voir sur scène. Je me retrouve avec Sean (chant) et Zak (guitare), et on commence rapidement à parler de leur présence au Groezrock, ce à quoi leur réaction est unanime : « Cela est-il réellement en train de se passer ? Méritons-nous tout ça ? ».

Lorsque je leur demande comment cette reformation a pris forme, Zak prend la parole : « C’est drôle car Jim de Soul Control est celui à blâmer. Si tu veux remettre la faute sur quelqu’un, ou donner un prix.. ou plutôt blâmer quelqu’un c’est Jim » dit-il en rigolant. Il continue son explication : « Il nous a envoyés un texto l’été dernier pour nous dire « Hey les mecs vous devriez venir à ce concert, ne rien annoncer et jouer quelques chansons », et clairement nous n’en étions pas capable dans un délais de 2 jours mais cela nous a permis de nous reparler. De fil en aiguille, on s’est retrouvés dans un studio de répétition, ce qui nous a rapidement conduits à écrire. ».

« C’était un effet boule de neige plutôt bizarre » conclut-il. Je leur fais part de mon étonnement à entendre qu’ils ont directement commencé à écrire en se retrouvant. Sean prend la parole « La première chose que nous avons fait était de traîner ensemble », puis Zak enchaîne « la première fois que nous nous sommes retrouvés dans une pièce avec des instruments nous avons commencé à écrire de nouvelles choses, la “chimie” était là. Je ne sais pas comment ou pourquoi, nous avons juste beaucoup de chance. ».

L’interview se déroulant lors du Groezrock et avant tout communiqué ils m’annoncent que l’album était déjà enregistré et totalement prêt, nous savons désormais qu’il s’appelle “Bitter Clarity, Uncommon Grace” et sortira chez Bridge Nine Records le 16 juillet.

Aggression étant beaucoup plus complet et poussé au niveau de la composition que tout ce qu’ils avaient enregistré avant je leur demande ce que nous pouvons attendre de ce nouvel album. Sean répond : « Je pense qu’il y a certains éléments qui suivent. L’écriture est beaucoup plus “puissante”, les structures vont plus loin aussi. Nous sommes plus vieux donc nous portons plus d’attention aux détails et chacun a vraiment apporté sa touche. Nous somme très heureux de cet album. ».

« Je n’ai aucun idée de ce à quoi je peux m’attendre ce soir, je veux juste crier sur les gens et leur sauter dessus » dit Sean concernant leur set.

Zak réagit concernant ces conditions « J’ai vu quelques vidéos, et je viens d’aller faire un tour sur la scène sur laquelle nous allons jouer, elle a l’air géniale et on est très excité que ce soit celle sans barrières. C’est notre style, on ne sait pas ce qu’on aurait fait avec des barrières. ».

Sean en profite pour raconter l’histoire de cette date « Lorsqu’on m’a envoyé un message pour nous proposer si on voulait jouer ce festival, j’ai répondu qu’à partir du moment où il n’y avait pas de barrière il n’y avait pas de problème. C’est fou pour un gros festival de pouvoir proposer ça ».

Le groupe partant en tournée en Europe cet été avec Soul Control et Ritual, je leur demande si justement le fait qu’ils se soient séparés faisait que les salles dans lesquelles ils vont jouer étaient plus grandes. Zak prend la parole « Justement c’est une chose à laquelle je pensais. Il y a quelques salles qui nous sont familières sur cette tournée mais beaucoup d’autres dans lesquelles nous ne sommes jamais allés. Cette tournée en général sera incontrôlable ». Je finis simplement ce court échange en leur demande si Verse est réellement de retour, ce à quoi je n’aurais pu avoir une réponse plus claire : « C’est aussi vrai que notre nouvel album et les tournées qui arrivent, c’est aussi vrai que cela. ».

Je n’étais pas le seul à les attendre et ils commencent en toute sobriété avec l’intro à la guitare de “Suffering To Live, Scared To Love”, laissent traîner un silence avant de tout lâcher. Pour ceux qui ne les connaissent pas, Verse est un des groupes phares du label Bridge Nine Records, et délivre un modern hardcore des plus émotionnel, et dont l’album Aggression fait partie des plus indispensables du genre. Ils ne perdent pas une seconde et enchaînent avec “Tear Down These Walls”, chanson encore bien plus rentre dedans issue de leur premier album Rebuild et dont le refrain est aisément repris par le public. Comme le veut la tradition des concerts énervés sur la Etnies stage on a le droit à un festival de stage diving de tout type. Certains montent sur scène pour prendre le micro, d’autres tentent diverses acrobaties. La Etnies stage présente les conditions les plus parfaites pour un concert du genre, et imaginez bien que l’enchaînement avec leur chanson la plus connue “The New Fury” n’aide aucunement à calmer les foules.

Verse est un groupe intéressant tant le chanteur Sean Murphy assure la quasi-totalité du travail scénique. Les musiciens sont en retrait et semblent très concentrés sur leur parties. Une fois le public totalement acquis Sean se permet de jeter le micro dans la foule pour aller y faire quelques longueurs, celui qui veut vient chanter à sa place, tout le monde semble compter autant et c’est ce qu’on apprécie. Le groupe joue deux chansons issues de leur album à paraître en juillet et assure grandement à la tâche non évidente devant un public venu surtout reprendre les refrains qu’il connaît. Difficile de trouver une note négative sur ce set, Verse ont prouvé qu’ils étaient bien de retour de part la qualité de leur prestation ainsi que des nouveaux riffs que nous avons pu découvrir. Ils finissent ce beau set avec les trois parties de « The Story Of A Free Man« , et les vidéos parlent bien mieux que des mots. Ce concert permet de rappeler une nouvelle fois que la scène Etnies contribue énormément à la qualité du Groezrock.

Je passe rapidement voir le spectacle déconseillé aux épileptiques de The Dillinger Escape Plan qui assurent l’apocalypse comme ils savent bien le faire. Il est toujours impressionnant de les voir en constant mouvement tout en assurant totalement musicalement, un spectacle particulièrement frustrant pour tous les apprentis guitaristes.

Je rate Face To Face n’ayant pas été conquis l’année où je les ai vus au Warped Tour et arrive un peu tard pour pouvoir prendre quelques photos de Hazen Street. Le All-Star band du hardcore (avec les chanteurs de H2O et Madball notamment) semble totalement assurer la Etnies Stage avec une prestation remontant totalement la qualité assez inégale de leur album. Comme pour H2O l’année dernière, c’est la kermesse sur la scène.

Lagwagon monte en scène à 22h30 et bien qu’étant un grand amateur du punk-mélo de la bande de Joey Cape je n’arrive pas à entrer dans leur set, la fatigue commence à se sentir et j’apprécie donc le spectacle de loin. Rien de très étonnant scéniquement mais la voix est bien là, on reste donc pour chanter « May 16th » avec ses voisins en se souvenant des longues heures passées sur Tony Hawk Pro Skater 2.

Les Parkway Drive jouent sur la scène Impericon à 23h30 et prouvent une nouvelle fois qu’ils sont les maîtres du metal-core dopé aux breakdowns. Les australiens entrent en scène sur les riffs très rentre-dedans de « Unrest » et on ne peut qu’apprécier la prise de niveau entre chaque prestation. Ils jouent, bougent comme il faut et la voix est parfaitement exécutée. Le chanteur Winston McCall se montre très reconnaissant devant un public aussi nombreux, oui, on apprécie un peu d’humilité et de bonne ambiance dans une scène qui se veut beaucoup trop sérieuse. Les notes “Idols And Anchor” sont reprises par tout le chapiteau blindé à base de “ho ho”. Bien que jouant un metal très saccadé et avec peu d’évolution au fil des albums, Parkway Drive l’exécute de la meilleure des façons.

On ne reste pas très longtemps pour ne pas rater la venue de Rancid sur la Main Stage. Il a beau être déjà minuit, on boit une Monster pour se poser tranquillement devant la bande de Tim Armstrong. Pas grand chose à ajouter en comparaison à la fois où je les ai vus à [url]San Francisco[/url] : Rancid est un synonyme de “classe”. Chacun assure parfaitement musicalement et dégage quelque chose de fou. Tim est comme toujours vêtu d’une grande veste en cuir et ils enchainent les tubes pendant quasiment une heure et demie. Un semblant d’été plane sur Meerhout et on est vraiment heureux de terminer cette première journée de la meilleure des façons.