Quelques mois après, souvenirs du Hellfest.
Samedi
Ce 2ème jour démarre plutôt mal, puisqu’il a plu une bonne partie de la nuit. Le réveil Twingo est donc embué et difficile. L’arrivée sur le terrain ne rassure pas pour le reste de la journée : la quasi intégralité de l’espace devant la Main Stage 1 est une immense marre de boue, toute comme la zone neutre cruciale entre l’entrée et les main stage.
En attendant le concert des Steel Panther, et pour se mettre à l’abri d’une nouvelle averse, une petite reconnaissance au Metal Market s’impose. Et c’est toujours aussi fourni. Il faut clairement se prévoir un budget spécifique, car c’est impossible de ne pas être tenté tant le choix est varié. Et je ne parle que niveau musique ! Car il y a bien-sûr de quoi équiper tous les métaleux démonstratifs, gotho-pouf et autres sexy steam-punkette, ou transformer le métaleux moyen en bête à terroriser les cathos du quartier. Le nombre de labels est ahurissant et on peut se refaire une discographie complète ou chopper l’album du groupe de la veille pour pas grand-chose. Mais il est temps de se remettre en marche et c’est donc parti pour un petite traversée boueuse jusqu’à la Main Stage 1.
Aaah, ce concert des Steel Panther ! Je m’attendais à un truc assez énorme, mais c’était encore au-dessus ! Il y a de quoi combler tout le monde : du bon vieux heavy, du fun, des boobs à la pelle et même le soleil puisque le ciel s’illumine pendant le set. Ils sont tellement convaincants dans leurs rôles (soyons honnête) qu’on plonge complètement pendant le concert. Les blagues et anecdotes fusent dans tous les sens entre les chansons (« non, je ne suis pas gai, j’étais en prison et j’avais besoin de cigarettes »), plus graveleuses et plus drôles les unes que les autres, les anecdotes comme les chansons. Les quelques mots de français sont évidemment du même niveau : « je bande » et « montrez-moi vos nichons », reviennent à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs assez étonnant de voir le nombre de nanas réceptives et obéissantes lorsqu’un chanteur leur demande de lâcher le haut. Musicalement c’est puissant et convaincant : tout le monde s’agite et chante en se marrant. Le show est assuré à 100%.
On trace vite vers la Valley en évitant de se vautrer car Big Business démarre dans la minute. Gros changement de ton par rapport au précédent concert. Un beau son bien lourd et un chant gueulé par une voix enraillée. L’hypnotique Coady Willis officie à la batterie avec un jeu très impressionnant. Je tente par la suite Ufomammut sous la même tente, mais c’est un peu trop doom pour moi et j’y laisse donc Foofree. Mais il ne faut pas attendre longtemps pour que je me réconcilie avec la Valley, Unsane enchaine. Unsane qui récupère Coady Willis, leur batteur étant blessé. Ce n’est pas pour me déplaire car il a vraiment un jeu hallucinant et captivant. On reconnaitra également la jolie bedaine du bassiste de Big Business faire un rapide passage, la tête casquée avec un pack de bière (vide). Au final, un très bel après-midi sous la Valley.
Rien de folichon à se mettre dans l’oreille en attendant Saint Vitus mais ce n’est pas faute d’avoir joué la curiosité en restant un peu (mais vraiment un tout petit peu) devant Within Temptation. C’est donc avec délectation que j’assiste au concert des doomeux historiques de Saint Vitus. Ça parait pas bien compliqué mais ça fonctionne à merveille, les gros titres faisant pas mal monter la température. Encore un excellent moment sur ce Hellfest.
Pour clôturer la soirée, j’intercepte le seul titre que je connais de Machine Head, c’est suffisant. Je me finis avec une heure de Gun’s N roses, ce qu’il faut pour écouter les quelques classiques et ne pas se coucher trop tard pour tenir le dernier jour. Programmer une tête d’affiche principale de 23h30 à 2h, c’est traitre ! Je loupe malheureusement la gamelle et la vexation d’Axl Rose. J’ai également pu observer le gros rassemblement autour de la Warzone pour Refused. Avec tout ce que j’en ai entendu dire par ici, je reste pour quelques titres mais l’appel du siège auto est plus fort.
Dimanche
Le programme du dernier jour est assez léger, rien d’immanquable avant 19h30 de mon côté. Ce qui laisse du temps pour traîner un peu et se reposer. Oui, on a l’impression de beaucoup se reposer mais tenir sans avoir les genoux cassés et sans être trop mort pendant 3 jours en dormant dans une Twingo, c’est pas évident. C’est toujours mieux que le camping d’après Foofree, qui lui est carrément obligé de retourner siester dans l’après-midi.
Pas trop de commentaires sur Black Label Society. Tout bon guitariste qu’il est, Zakk Wylde impose, comme l’année dernière, un bon quart d’heure de branlette au public. C’est d’ailleurs le moment où les vendeurs de nourriture, qui viennent de tous les horizons sauf du métal, sont les plus interloqués. A propos de la nourriture justement, c’est toujours aussi varié mais toujours aussi riche et lourd si on tourne uniquement avec ce qui est proposé sur place.
La surprise aujourd’hui, c’est la présence de Rival Sons, rockeurs hippies un peu paumés dans une affiche qui envoie de la grosse bûche dans ta face. Le concert est très bon mais c’est clairement le groupe qui colle le moins à la prog sur l’ensemble de ce que j’ai pu apercevoir. Les plus purs des métaleux trouveront un argument de plus contre la Valley et l’ouverture grandissante du festival. Mais un peu de légèreté ne fait pas de mal et le groupe est apprécié par le public présent.
La conférence de presse de Ben Barbaud permet d’en apprendre un peu plus sur l’organisation de cette année et le futur du festival. Le site ne devrait pas trop changer sur les 2/3 prochaines années, de gros investissements ayant été faits pour amener le Hellfest à ce niveau. Côté prog, Ben ne cache qu’à demi-mots qu’il aimerait toujours se payer Iron Maiden et quelques grands autres, mais son objectif n’est pas vraiment de tout lâcher sur une grosse tête d’affiche. Et quand on voit le résultat des trois grosses têtes cette année (Megadeth/Gun’s N Roses/Ozzy Osbourne), on ne peut que lui donner raison. Suite à la plainte d’une journaliste sur le bruit dans l’espace presse (situé derrière les main stage), il précise que l’intégralité du site est toujours démontable, toujours aucune installation en dur. C’est assez surprenant quand on voit les aménagements de cette année, mais quelques semaines après le festival il n’y a plus aucune trace du passage des 115 000 festivaliers. En sortant et pour finir sur une belle image, mon collègue aperçoit au détour d’un box d’interview un magnifique sniffage en règle. Les traditions ne se perdent pas.
Le moment attendu pour ce dernier jour, c’est donc Pentagram, 2ème instant doom old-school après Saint Vitus la veille. Le Bobby avec sa tête de rockstar (pas vraiment un compliment ici, surtout vu de près à l’espace dédicace juste après) est en forme, veste en cuir cloutée-pailletée sur le dos. Du pur plaisir, avec 50 mn de rythmiques accrocheuses et de guitares lourdes.
Retour sur la Main Stage 1, mais après avoir vu les Steel Panthers la veille, on a un peu l’impression de se faire chier devant Mötley Crüe. Même avec deux cagoles sur scène, c’est sérieux et pas bien palpitant. On commence ensuite à bien se placer devant la Main Stage 1 et on assiste donc à Slash en diagonale. C’est assez marrant d’entendre 2/3 titres déjà joués la veille, mais ça s’arrête là. Et pour finir en beauté donc, un Ozzy Osbourne comme l’année dernière, mais en très malade. Il ne déçoit pas en tant que chauffeur de salle et sur ses gros titres mais il y aura un point très critique : 1h de concert en moins. Ça fait un peu tâche, d’autant qu’il s’en sortait pas mal et incomparablement mieux que papy Mustaine. Mis à part ça, le show est assuré : du Black Sabbath pour rappeler qu’ils étaient initialement programmés, Slash + Zakk Wylde + Geezer Butler en guests de luxe pour justifier le » And Friends » à côté de « Ozzy Osbourne » sur l’affiche. Petite déception donc pour finir ce Hellfest, mais on refait un petit tour du très joli site tout illuminé (mention spéciale à la torche immense activée à la clôture du site, faisant passer Rammstein pour des joueurs d’allumettes), on verse une petite larme et on se dit à l’année prochaine.
Bilan de ce Hellfest 2012 ? Grosse montée en puissance, mais l’ouverture et le côté familial ne sont pas perdus, couplés avec une affiche variée et accessible. Le nombre de gamins m’a encore impressionné. Il n’y a vraiment pas grand-chose à peaufiner pour atteindre la quasi-perfection car tout est là : une affiche solide et nuancée avec une ambiance magique.
Un très grand merci à Roger et à toute l’organisation du Hellfest, et un bisou à mon consultant métal préféré.
