Sigur Ros ✖︎ O2 Academy brixton ✖︎ Londres

vm5
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Assister à un live de Sigur Ros peut être vécu de plusieurs façons, indépendantes de notre volonté, et peut rester un des meilleurs souvenirs live vécu, ou au contraire une très grande frustration.

Ce soir-là, la salle était partagée en 4 parties,

la première, qui en avait rien a faire de Sigur Ros (Ce n’est qu’un groupe qui vend des bougies de toutes façons). Ceux-là ont passé la soirée à discuter, sans doute histoire de passer le temps, regardant les zombies qui vibraient au son des islandais. Peut-être ont-ils très mal vécu Black Mask, projet solo d’un des membres de Fuck Buttons, qui avait pourtant la tâche pas trop compliquée d’ouvrir. Les spectateurs ont dû sans doute mal comprendre, vu les applaudissements plus que discrets voire polis à la fin du concert, mais le fait d’avoir une musique lounge en concert, c’est pas terrible pour l’ambiance. Il y avait la panoplie complète, la musique douce, pas trop bruyante, et surtout qui n’allait pas trop vite (10 bpm devait être la moyenne de son set), les lumières et diverses animations projetées sur un voile devant la scène étaient du plus bel effet en tout cas, il ne manquait qu’un cosmopolitan ou un long island avec un petit parasol, avec bien sûr le verre glacé au sucre, et la soirée aurait été parfaite. Et puis bon Sigur Ros c’est connu, c’est chiant, une musique d’ascenseur auquel on ne comprend rien, alors pourquoi arrêter une discussion si intéressante sur Jean-Jacques qui a fait de très bonnes crêpes l’autre jour?

La deuxième catégorie, bien que bien passionnée par ce qui se déroulait ce soir-là, a préféré le vivre à travers les téléphones dernière génération. Et il y en avait ce soir-là des téléphones, de toutes les marques, de toutes les tailles,… de véritables barrières, qui en plus sont d’une utilité quasi inexistante (quel est l’intérêt de prendre 30 sec de vidéo?) Les meilleurs seront ceux qui resteront 30 secondes en l’air, le temps de prendre une photo qui sortira floue, mais qui retenteront l’expérience encore pour le morceau d’après…

La troisième catégorie, plus importante, sera celle qui subira les deux catégories précédentes. S’en suivra pour eux une incompréhension totale sur ce qui s’est déroulé ce soir-là… Quelle partie ont-ils manqué, pourquoi tout le monde semble connecter quand eux tentent de faire abstraction des banalités qu’ils entendent d’une oreille, pour essayer de se concentrer sur ce qui se passe sur scène justement. Eux n’auront que des regrets ce soir-là, plongeant par moment dans l’ambiance, durant ces rares moments ou un “événement” se déroule, par exemple le voile masquant la scène qui tombe pendant « Ny Battery« , le moment où Jonsi tiendra une note pendant presque une minute… Dès que l’intensité retombait, les discussions sans intérêt reprenaient. Quand la scène prenait une autre dimension, et que devant le peu de place qui te permet de distinguer à peu près toute la scène, un téléphone apparaît pour te pixeliser ce que tu vois, tu en as un peu marre, alors 5 devant toi, tu bouges et tentes de t’aventurer plus loin dans la fosse bondée ou tu renonces…

La dernière catégorie enfin, celle qui a assisté à la prestation de Sigur Ros, dans des conditions “normales”, a plongé dans la musique (presque) dès les premières notes. Le groupe avait débuté leur set par un morceau inédit, avec ce fameux voile cachant la scène grâce aux animations projetées. Chaque morceau possédait de plus sa couleur dominante. Le premier grand moment sera justement quand ce voile tombera : de sombre et tamisée, la salle est passé à une lumière aveuglante. La scène était plus que remplie, de 3 membres de base, (le clavier les a quitté peu après l’enregistrement de « Valtari« ), on passe ici à 11 musiciens, dont 3 violonistes et 3 joueurs d’instruments à vent. La setlist sera assez diverse, avec des morceaux pris sur la majorité de leurs albums, ils ont également eu la très bonne idée de ne jouer que « Valtari » du dernier album (ma seule crainte pour ce concert, vu comme cet album est soporifique). Chaque morceau apparaît comme un grand moment (« Sæglópur » me donna de gros frissons par exemple), le fait que la plupart durent plus de 8 minutes ne dérange pas, bien au contraire. Le jeu de scène passe en un instant d’une calme torpeur à une démonstration d’énergie (mention spéciale à Jonsi qui se révèle très intense dans sa façon de jouer avec un archet).

Les différents morceaux sont joués avec une intensité qui plongera la foule dans leur monde, pour une bonne partie de la fosse (aidés par les différentes animations et ampoules servant de lumières disposées sur la scène). Le silence se fait jusqu’à la note finale de chaque morceau, les morceaux inédits captent l’attention d’abord par la surprise, mais également par la différence de sons saturés du reste du répertoire. Le public, loin d’être muet et discret (je ne parle pas de la première catégorie), se transporte dans cette musique, fixant la scène, de peur de perdre quelque chose et savourant ce qu’il voit, mais se réveille et s’agite quand il sent le moment (« Festival« , « Brennisteinn« ,…). Sur ces moments, ça s’agite plus et on passe à un autre type de concert (j’ai fortement pensé à Arcade Fire pour l’énergie à ces moments-là).

Pour cette dernière catégorie, le concert apparaitra comme un moment unique, loin de ce que les gens imaginaient, et surtout qui comble toutes les attentes, en témoigne le groupe qui reviendra après leur rappel pour saluer le public, la foule semblera d’ailleurs ne pas vouloir partir, et mettra du temps pour vider la salle, aidée par la sécurité qui commençait a gueuler sur les nombreux perchés pas encore descendus.

Setlist

Yfirborð
Ný Batterí
Vaka
Hrafntínna
Kveikur
Sæglópur
Fljótavík
E-bow
Varúð
Hoppípolla
Með Blóðnasir
Olsen Olsen
Festival
Brennisteinn

Glósóli
Popplagið

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