Le deuxième jour est celui des courbatures. FF a mis tout le monde sur le cul. En entrant par la case médias, je croise ce cher Robert des BRMC affublé de son matos, d’un cuir épais comme la peau d’un éléphant et d’une tête des grands jours. Je n’ai rien à lui dire donc je lui dis… rien.
Eugene Mc Guiness ouvre sur la grande scène et je me tarde de voir le bonhomme parce que son dernier album réussit bien la balance entre la danse et la balade à l’anglaise. Trois british au look imparable pour un live qui met en jambes avec efficacité et parfait pour un milieu d’aprém’ de festival. On signe déjà pour la version longue à venir en octobre lors de sa tournée commune avec Miles Kane dont il fut le guitariste sur sa tournée précédente.
Grand écart à prévoir puisque les suivants sont les petits foufous de JC Satan. Bordeaux, le pinard, Alain Juppé et son surf-rock déglingué ! Comme si MGMT avait trop forcé sur le Beaujolais, la bande des 6 y va à fond et le public les soutient. Au vu du téléscopage avec le concert précédent, on ne voit que 3 morceaux mais c’est assez pour apprécier et se dire qu’on ne les ratera pas non plus dans un contexte plus étroit et souffreteux.
Autre groupe français en vogue en 2012/13, La Femme aussi connue pour ses accointances avec le surf-rock et le retro. Si à l’écoute de l’album, j’ai vite passé mon chemin malgré des qualités évidentes, il faut avouer que la sauce prend en live grâce à leur énergie. Malgré tout, certains morceaux sonnent mauvais un collant fluo des années 80 et on a du mal à ne pas se demander si ça plane pour eux si vous voyez ce que je veux dire… Vous avez sûrement entendu du clou du spectacle, quand le bassiste a réussi à surfer littéralement sur la foule avec une planche. La boucle est bouclée.
On repart aux Etats-Unis sur la Main Stage avec les trois Black Rebel Motorcycle Club. Du rock de bonhomme un brin rigide qui s’essouffle assez rapidement hélas. La faute à la playlist mettant en avant le dernier album ? Plus lent et bluesy, il ne sonne pas la gaudriole et le set en pâtit. Il reste les tubes, à l’exception de . »Beat The Devil’s Tatoo » qui semble ralentit à un point qu’on sent notre barbe pousser. Le bon vieux Robert a beau aller se frotter au public pour échanger quelques riffs, c’est trop peu trop tard et on est contents que le set se termine.
La foule présente sur Saint Cloud ne trompait pas, NIN serait en terrain connu. Les t-shirts marqués du sceau de Dieu inondent littéralement le Domaine et on sait de source sûre que l’incident de Pukkelpop n’aura pas lieu. Le sieur Trent n’aura pas à chanter face à un mur. Une vingtaine de roadies s’affaire à planter des panneaux de lumières dans tous les coins de la scène. Ces mêmes travailleurs de l’ombre qu’on voyait déjà oeuvrer sur le côté lors du concert d’Eugene McGuiness ! On s’échange des anecdotes entre fans dans la fosse en attendant patiemment que le compte-à-rebours veuille bien s’achever. Soudain, le moment est arrivé et . »Somewhat Damaged » retentit dans les travées ! Une entrée sur un morceau de « Fragile », sans trop en faire le fan que je suis est déjà satisfait. Le son est puissant, la voix est juste et forte et Reznor semble destiné à en découdre au vu des riches encouragements de la foule dès son arrivée. Un cocktail explosif auquel on ajoutera une foule dense et compacte qui s’amuse minute après minute à resserrer l’écart avec les barrières du premier rang. Enchaînant direct avec . »The Beginning of The End » issu de « Year Zero », nous sommes partis pour un concert énergique et avec peu de répit. Les jeux de lumières se veulent plus sobres que sur la dernière tournée mais pas moins sophistiqués. Le clou étant la facilité avec laquelle ses panneaux s’adaptent selon le contexte et permettent à Reznor d’être retranscris en direct sur les écrans via des filtres grâce à une caméra pour un résultat approchant le clip d’. »Only » réalisé par David Fincher. Comme si cette tournée était un best-of, on jongle avec de belles transitions entre Downward Spiral, Fragile ou Pretty Hate Machine avec un public toujours là pour bouger et chanter. . »Closer« , . »Hurt« , . »Piggy« , . »Terrible Lie » auront tous les honneurs d’être repris par la foule. Si on trouvait déjà ça étonnant sur Franz Ferdinand, ça l’est d’autant plus sur un groupe moins accessible et ce dans un pays francophone dont les qualités en anglais ne sont pas toujours des plus flamboyantes. En fin de compte, sur les 3 fois où j’ai pu les voir, Nine Inch Nails n’est jamais apparu aussi efficace, sûr de lui et intense. On en demande plus et une tournée européenne sera sûrement là pour nous récompenser. Les réactions clairement euphoriques du public auront plu à Trent Reznor qui reviendra pour un rappel, Hurt pour ne pas la nommer, et qui en profitera pour préciser que le festival qu’il découvre ici a l’air cool et civilisé, en tout cas bien plus que certains endroits où ils ont pu joué. L’occasion d’enfoncer plus le clou sur l’anecdote Pukkelpop et pourquoi pas de faire un appel du pied aux promoteurs de concerts français…
Enfin, le meilleur spot de la soirée était réservé à Phoenix. Les locaux de l’étape, le retour au bercail, les expressions ne manquent pas pour qualifier ce « retour aux sources » des Versaillais qui bénéficient une demie-heure avant le concert déjà d’une fosse à moitié pleine. En teasing,La Blogothèque nous montre les premières images de leur deuxième vidéo faite avec le groupe sur leurs terres visible le 29. Une arrivée sur une musique institutionnelle étant je pense celle qui nous accueille au Chateau de Versailles, les hourras sont bien là et . »Entertainment » retentit dans les travées. Le son en impose par sa puissance encore une fois sur la grande scène, bien qu’on sent la batterie un poil trop au-dessus de l’ensemble. Disons-le tout de suite, cette remarque est là pour faire chier et rien n’est à reprocher à l’heure et quart que nous avons pu passer avec le groupe. Généreux, à l’aise, conquérant, impressionnant, Phoenix a enchaîné sans relâche jonglant entre ses tubes et ses albums pour un résultat aux transitions travaillées et à l’univers visuel plus que réussi. Un carton plein récompensé par les chants du public sur . »Liztomania« ,. »1901 » ou . »Consolation Prizes« . .Thomas Mars nous le rendra bien avec son habituel slam de fin de concert démarrant de la cabine de l’ingé’ son et avec en guest, la pluie. Un chemin qui commença comme un périple pour terminer en trombe avec un chanteur qui roule en mode essorage à 1200 tours/seconde. L’occasion pour moi de le croiser et de lui mettre maladroitement une baffe dans la gueule en voulant l’aider à regagner la scène. Un finish parfait qui a mis notre showman sur les rotules. On parie que la galette n’était pas loin. Après un tel festin, le public n’était pas près de rendre quoique ce soit.
