Après deux jours distribuant les baffes, ce dimanche paraissait bien calme. Gris par le climat avec un ciel plombé par les nuages et terne par sa programmation, on a commencé par Wall of Death. Du rock stoner parisien qu’on appréciait en album et qui se révèle être waterproof en live. Mention spéciale au batteur, usine à meme avec des expressions faciales assez drôles. Un trio plus que sympathique qu’on suivra avec plaisir. S’ensuit les New-Yorkais de MS MR, adoubé par P4K comme nous l’avons dit dans la sélec’ et ayant déjà rendu visite notre capitale ces derniers mois. Carton rouge à vie pour le style vestimentaire et capillaire de la chanteuse qui avait l’air de revenir à la fois d’une rave des années 90 et d’un festival reggae. A ça s’ajoute un déhanché bizarro-gênant et une voix passée au filtre d’un aquarium. Si on additionne l’ensemble de ces points, nous sommes juste en train de passer le plus mauvais set de ce week-end. Ce n’est pas horrible mais c’est loin d’être bon. La seule embellie viendra d’un autre groupe de NY, à savoir une reprise de « Dance Yourself Clean » de LCD Soundsystem. Dénaturée car interprétée aux couleurs du groupe présent ici, on s’accroche aux branches et on passe tout de même un bon moment.
Is Tropical assure la suite des événements pour présenter le sympatoche « I’m Leaving ». 3 morceaux plus tard, on est déçus de ne pas voir le clip de « Dancing anymore » prendre vie devant nous ou au moins la chanson. Les titres choisis sont loin d’être les meilleurs, au contraire. Les très niaises « Lover’s Cave » et « Leave the Party » ont du mal à passionner et le son est assez mal adaptée aux voix de crécelles de nos chanteurs à cheveux longs. On avait hélas senti le vent tourner et Eels était là pour nous sauver de ce mauvais pas. Nous arrivons pendant le moment relou du groupe, entièrement vêtu de joggings Adidas. Monsieur E attaque une cover adaptée des Beatles en chantant « Let It E » et tout ça sonne atrocement fort dans nos oreilles. L’un des rares téléscopages des 3 jours s’avère en réalité une attente du prochain créneau horaire malgré que soit joué « Souljacker Part 1 ». La suite s’annonce bigarrée : devant la hype Parquet Courts, nous suivons la foule vers Skip The Use. A part la fête à la saucisse de Franche-Comté, ils ont joué leur, même, set absolument partout et j’ai réussi à ne pas les voir. L’expérience était donc à faire. La foule est là, les rouges pantalon et t-shirt de Matt Bastard aussi, nous allons donc passer 60 minutes de rock’n’roll ma bonne dame. Deux morceaux plus tard, me voilà à réfléchir à la légèreté de la vie et à ma liste de courses. On sent le concert récité à la seconde près qu’on essaie malgré tout de nous marteler comme fait « pour nous ». On n’enlèvera pas aux nordistes leur efficacité et leur capacité à bouger la fosse mais on se demande bien pourquoi ils nous jouent ce numéro de bonimenteur.
Bref, il est grand temps d’aller voir une autre bande de troubadours appréciée par la plèbe : les Bloody Beetroots. Pas besoin de sortir les dictionnaires, la fosse a jumpé comme rarement. Le domaine de Saint-Cloud doit encore abriter les stigmates de ce concert sous forme de cratère devant la sauce dance-floor bourrine et sur-efficace des bonhommes masqués. On les soupçonne tout de même d’être les plus gros escrocs de la galaxie avec leur piano et leur guitare pour un son qu’on croirait juste d’un bon vieux Macbook et de gros amplis. Mais ce titre d’escroc est déjà en jeu et contesté de suite par Major Lazer. De la dance mal dégrossie, une esthétique dégueulasse et putassière, une science de la transition toute singulière : le pire set du week-end est là devant nous et s’affiche dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Heureusement, cette journée qui a pu ressembler à un chemin de croix parfois aura mérité son existence pour la tête d’affiche de clôture, les System of A Down. Rock en Seine aura conjuré sa réputation de chat noir : pas de mort ou de split, SOAD s’affiche au complet chez nous. « Aerials » ouvre le bal avec un Serj Tankian aux cheveux courts et aux tempes grisonnantes mais à la voix identique à cette année 2002. Tous les albums sont évoqués toujours avec la même maestria et force. Les doutes que j’avais pu avoir sur leur prestation est effacée dès les premières minutes et les avoir choisi en guise de finish est parfait. C’est un putain d’exutoire qui se déroule pour toute la foule qui hurle les paroles tout en sautant le sourire béant. Daron s’autorise quelques blagues avant « Cigaro », réclame 3 « ferocious circle pits » avant « B.Y.O.B » et même s’il a enflé et qu’il ressemble désormais à Zucchero, tout fonctionne. Dédicace au batteur qui nous quittera en dernier avec son gamin (???) à nous jeter. Ce pauvre bougre qui a martyrisé ses fûts sans répit a gonflé pour atteindre au moins 3 fois son volume initial. Comme ça n’a pas entaché sa partition, on ne lui en tient pas rigueur mais on lui conseille de se calmer sur les tartines de saindoux.
A l’heure des conclusions, ce ReS 2013 se situe sans mal dans les meilleurs festivals que j’ai pu faire grâce à des têtes d’affiches en forme olympique, des « petits » groupes qui n’en portait que le nom et un running order bien pensé. Le domaine de Saint-Cloud s’est fait fesser un tel nombre de fois que ça en devenait indécent. Malgré une dernière journée plus délicate, le festival a su montrer qu’il n’était pas une version musicale de la Fashion Week. A l’instar des Eurocks, il a démontré un goût pour la musique de qualité, une bonne ambiance générale et après une journée pluvieuse en 2011 ayant vu le concert d’Arcade Fire écourté, je retournerais en courant à Rock en Seine 2014. Au jeu des pronos, on parie que ces mêmes Arcade Fire seront de la partie accompagnés des Foo Fighters avec un album en route et pourquoi pas Pearl Jam parce que ces 3 groupes avaient déjà fait le bonheur de Werchter 2010…
