Hellfest ✖︎ Plein Air ✖︎ Clisson

vm5
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Après avoir consulté les augures et les différents sites de prévision météo, tout semblait concorder. Cette année on n’allait pas prendre les bottes. Cette année le k-way allait rester dans la tente. Cette année on pourrait s’asseoir par terre. Cette année, il ferait beau au Hellfest !

Arrivés jeudi pour s’installer et attaquer les festivités en avance, on constate que le camping se remplit bien vite, si vite que l’espace au sol est entièrement occupé une fois le soir venu et qu’il faut user de force et fourberie pour garder un spot aux potes arrivant le lendemain matin.

Le festival s’ouvre vendredi matin sur la plus longue queue du week end, l’entrée restant pour le reste bien plus fluide que les années précédentes. Tout ceci ne nous empêchant pas d’arriver à l’heure pour le concert de Mars Red Sky. Parfaite entrée en matière, Charron utilise ses vagues sonores pour glisser en douceur vers l’enfer, guidé par ses Hovering Satelites. Un bon trip de trente minutes qui nous met dans de parfaites dispositions pour aborder la suite avec le sourire.

La suite, c’est l’autre extrême de la Valley. Si Mars Red Sky représentaient à eux seuls le quota obligatoire de heavy hippies pour cette année, Conan nous arrache à notre rêverie avec une belle paire de basses dans la gueule. Les trois malfrats arrivent sans un mot et l’agression commence avant qu’on ait le temps de se rendre compte de quoi que ce soit. Un passage à tabac de trente minutes en tout. Qu’est-ce que vous voulez ils étaient trois, on n’a rien pu faire. Tout s’est passé si vite, ils sont à peine arrivés qu’ils nous ont cognés quatre morceaux et sont repartis. Non, j’arriverai pas à les reconnaître, ils avaient tous des capuches. Conan nous a fait vibrer, au sens propre plus qu’au figuré et on essayera de les revoir un autre jour, parce qu’il faut bien avouer que trente minutes pour un groupe du genre, ça fait un peu court.

Il est midi au Soleil et sur les montres lorsqu’on se dirige vers la Mainstage 1 pour la première bataille du festival avec les electro coreux nippons de Crossfaith. Les japonais ont trente minutes pour mettre l’ambiance et n’en gaspillent pas une seule. Les morceaux s’enchaînent et le chanteur ne cesse de réclamer circle pits et wall of deaths, on en aura rarement vu autant en si peu de temps. Leur hardcore dansant ne manque pas d’efficacité et fait lever la poussière avec une aisance déconcertante. Opération séduction réussie, ceux qui ne les connaissaient pas encore ont maintenant bien retenu leur nom.

Après une pause bouffe aussi méritée que nécessaire, on retrouve le chapiteau de la Valley pour Royal Thunder. C’est le premier groupe à faire preuve d’une certaine classe, la chanteuse Miny Parsonz ayant choisi d’enfiler une robe du plus bel effet. Mais je vous vois venir, vous allez me dire que je fais un amalgame entre la coquetterie et la classe ! Eh bien non, parce que la classe c’est un tout et que la musique de Royal Thunder, tant par sa modernité que par ses touches classiques, n’en est certainement pas dépourvue. On compte des hymnes aux refrains rock n’ roll tel “Parsonz Curse” mais aussi des morceaux bien plus doomisants comme “Sleeping Witch” qui rappellent le son de certains poids lourds du genre. Le spectre est large, et ils excellent d’un côté comme de l’autre.
On retiendra surtout de leur prestation la performance de Madame Parsonz qui se place clairement parmi les plus grandes chanteuses rock d’aujourd’hui.

La tente continue de se remplir avec l’arrivée des ultra-populaires Kadavar. Alors qu’il est à la mode de parler de revival 70’s, on peut dire que Kadavar pousse le concept à l’extrême avec une reconstitution historique poussée allant jusqu’à rendre hommage aux vêtements et à la pilosité de l’époque. Leur son est immédiatement accessible aux amateurs de Led Zeppelin et du Sabbath (c’est-à-dire tout le monde sauf les mécréants) puisque… c’est le même. Si on ajoute qu’en plus de cela ils sont techniquement excellents et que leurs compositions sont suffisamment intelligentes pour rester intéressantes, on comprendra pourquoi la tente déborde d’un public plus qu’enthousiaste. Kadavar tourne un peu partout un peu tout le temps, alors emmenez y votre papa la prochaine fois qu’ils passeront près de chez vous, on garantit que vous ne serez pas déçus.

Enfin on se dirige vers la première Main Stage pour aller voir Rob Zombie, avec un concert qui nous fera surtout regretter de l’avoir raté au Bataclan la semaine précédente. La scène semble atteindre la limite de sa capacité et le faufilage se fait difficile. Coincé entre des voisins peu motivés pendant un concert de jour, l’ambiance en prend forcément un coup. Le Zombie en chef assume pleinement son rôle de rock star et harangue le public entre les morceaux d’un set best of, tentant de placer un maximum de tubes en une heure tout rond. Un show bien rodé qui fleure le professionnalisme. Rob nous dit qu’on est les plus beaux, emprunte un masque de cheval à un mec du public, encourage John 5 à faire des reprises. Le tout est carré et les seuls bémols ne viendront au final pas de la prestation en elle-même.

Deuxième faufilage, cette fois pour remonter la fosse afin d’aller voir Kylesa, et d’arriver à la bourre, le dernier concert s’achevant au moment où le suivant commence.
On m’avait dit que Kylesa en live c’est souvent moyen parce que Laura se contente de chuchoter là où elle devrait crier. Disons que ce jour-là, le moins qu’on puisse dire c’est que cette critique n’a pas trouvé à s’appliquer. La Laura est bien présente et audible, malgré le volume sonore cataclysmique de ses coéquipiers. Kylesa parvient à produire un son à la fois planant et hyper violent. Un entre deux en théorie pas vraiment logique mais pourtant bien réel : les poilus se mettent sur la gueule en trippant. Ceci se ressent particulièrement sur les morceaux d’ ”Ultraviolet” et leur psyché de combat.

Retour sur la grande scène et faufilage plus intelligent que la dernière fois afin de bien se placer pour la tête d’affiche du jour : Iron Maiden. Les anglais étaient attendus depuis un moment au festival de l’enfer et enfin, cette année ils étaient là. Quelque part, la partie était déjà gagnée dès l’annonce du groupe.
Le concert de ce soir faisait parti de la tournée Maiden England, reprenant le nom et une partie de la setlist de la tournée de « Seventh Son of a Seventh Son« . La tournée ayant débuté en juin 2012, celle-ci a depuis eu le temps de passer par la France et la setlist n’est une surprise pour personne, à deux exceptions près. “Afraid to Shoot Strangers” est remplacée par la bien plus festival-friendly “Revelations”. Bruce essayant de nous présenter ça comme une bonne affaire devra d’ailleurs faire face aux huées [s]du public tout entier[/s] de moi, tout seul. Et l’imparable “Running Free” qui clôturait habituellement le set est remplacée par “Sanctuary”, décision également discutable puisqu’il est plus logique de repartir en faisant chanter tout le monde et que “Sanctuary” ne dispose pas véritablement d’un refrain, en tout cas rien d’aussi efficace que “Running Free” c’est certain.
Pendant deux heures le groupe enchaîne les hits connus de tous, s’arrêtant seulement pour laisser la place aux interventions de son chanteur. Si vous avez déjà vu Iron Maiden en France, vous saurez pourquoi il faut les voir ici et pas ailleurs : le français de Bruce Dickinson. Il est aujourd’hui particulièrement bavard puisque le match France-Suisse se déroule pendant le concert et qu’il a décidé de nous donner le score en direct.
Côté décors les anglais ne se sont pas non plus foutus de notre gueule puisqu’ils sont en configuration maximale pour un festival, sortant même le grand Eddie de “Seventh Son of a Seventh Son” sur “Iron Maiden”.
Comme à chaque fois, le concert s’est ouvert sur “Doctor Doctor” d’UFO et achevé avec ”Always Look On The Bright Side Of Life” des Monty Pythons, après avoir retourné le Hellfest et mis un sourire sur les visages des festivaliers qui déjà se pressent pour partir.

Certains restent tout de même pour voir le petit groupe qui doit enchaîner sur la Main Stage 2, et ils font bien puisque c’est Slayer ! Ils arrivent directement sur “Hell Awaits”, ni bonjour ni merde, l’air de dire que Maiden c’était sûrement bien gentil mais que maintenant la fête du slip c’est fini. Et ils n’ont pas besoin d’en faire beaucoup pour nous en mettre plein la gueule. Tom Araya arbore fièrement une barbe grise qui lui donne l’allure d’un mec qui vient de passer quinze ans dans un bunker et jette des regards de vieux lion au public déchaîné. De son côté Kerry King headbang furieusement malgré son absence de cou. Très peu de communication, Slayer n’est pas venu pour déconner mais bien pour nous péter la gueule à tous, ce qu’ils font sans effort et avec dextérité.
On remarquera une setlist pleine de vieux titres, le “Necrophiliac” (qui pourra te pisser dessus en te faisant écouter du jazz) ayant même été ressorti pour la tournée.

Mais ne restons pas ici plus longtemps, parce que ce soir on a avant tout rendez-vous avec le Wizard !
Le Wizard, on le sent arriver avant de le voir. On peut parler d’une expérience multi-sensorielle puisque les sorciers apparaissent à peine que tout se met à trembler. L’ouverture sur “Supercoven” permet de faire fuir tous ceux qui s’étaient trompés de tente, puis s’en suit un best of composé de morceaux provenant de toute leur discographie. Un concert passé principalement dans le noir, ceci mettant en valeur les projections sur l’écran au fond de la scène, la lumière se rallumant parfois pour nous laisser voir quelques sourires échangés entre Liz Buckingham et Jus Osbourne, mais aussi la moustache du nouveau batteur remplaçant Mark Greening, qu’on n’aura pas encore identifié.
Le son est massif et profond, la setlist parfaite et les musiciens motivés, mais le concert me laisse une impression générale d’inachevé. Peut-être un certain manque de groove dans l’interprétation, ce qui est sûr, c’est que j’en attendais trop.

La journée terminée, je vais boire un coup avec Boris. Ce n’est que trop tard que je vois le sms envoyé par une amie il y a 30 minutes : “Godflesh sous la Valley, MAINTENANT !”. Je cours vers la tente, arrive jusqu’à la scène, pour finalement entendre “We were Godflesh, thank you !” et voir les mecs se barrer. La haine dans le cœur, je retourne au camping pour festoyer et oublier ce bel échec.

Le vendredi de Boris

Arrivé pendant le set de Crossfaith, on s’inquiète comme d’habitude sur la santé mentale des japonais, survoltés sur scène comme Maximum The Hormone en 2011. Mais ce n’est pas vraiment ma cam donc je me dirige vers une source fiable pour mes goûts, la Valley. Caspian y officie, l’ambiance étant à l’opposé de Crossfaith : calme et planante. Pas vraiment engageant pour démarrer un Hellfest, je préfère quitter la tente au bout de quelques titres, tant que je garde l’envie de réécouter sur album. Je récupère alors Satan sur la Main Stage. Rien à signaler, du heavy avec un suraiguë parfaitement maîtrisé, mais toujours rien d’extraordinaire à se caler dans l’oreille.

Il faut attendre Toxic Holocaust pour que tout s’emballe. Déjà vu au Saint des Saints de Toulouse il y a quelques mois, j’étais assez excité à l’idée de les revoir sur une Main Stage de Hellfest où leur thrash devrait avoir bien plus de liberté pour s’exprimer et exploser. Aucune déception : parfaitement placé en bord de fosse, j’assiste à un set sans relâche et varié. Le groupe montre sa joie d’être ici, avec un Joel lançant en début de concert “We finally made it to Hellfest !” et une grosse énergie. La fureur est maîtrisée, bien cadrée par les riffs et un chant toujours aussi incisif : LE concert que je retiens de ce premier jour.

Confirmation des propos de Foofree pour Royal Thunder : séduisant musicalement, le groupe à chanteuse est accrocheur et fait preuve d’une belle prestance sur scène.
Cette année, il n’y avait pas une tripotée de noms qui m’intéressaient réellement. Rob Zombie en faisait parti, mais ça a été une petite déception. Déjà venu fouler les plaines de Clisson en 2011, le grand frère du chanteur de Powerman 5000 nous a calé la complète : solo de guitare, solo de batterie et jeux avec le public. Sauf qu’il n’avait cette fois qu’une heure pour placer tout ça et qu’il n’y avait pas grand chose de nouveau. Reste que les gros titres étaient là, le jeu de scène pendant les titres aussi, on a donc eu droit à du Rob Zombie efficace mais malheureusement sans saveur originale.

Foofree a bien fait le tour d’Iron Maiden et Electric Wizard, pas grand chose à ajouter si ce n’est que je n’ai pas le souvenir d’avoir vu la plaine aussi chargée pour une tête d’affiche pendant Maiden : antennes mobiles saturées, plus aucun appel ou message avant, pendant et après le concert. Pour Electric Wizard, c’était hypnotisant : tellement que mes souvenirs sont flous. Mais c’était bien.

Fin d’une première journée en demi-teinte niveau concerts, dont je retiens surtout Royal Thunder / Electric Wizard pour la Valley et Toxic Holocaust / Iron Maiden pour les main stage.

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