Retour sur les bons moments du début d’été avec ce dernier jour de Hellfest 2014(qui n’était pas passé à la trappe).
La vue depuis la grande roue en ce dimanche 22 juin met en évidence la chaleur inhabituelle qui pèse sur le site. A part devant les deux Main Stage où s’époumone Crowbar, peu de monde affronte le soleil et la chaleur caniculaire. Caniculaire de Clisson, certes, mais quand on traîne pendant 10 heures sous un ciel sans nuages, les effets se font vite sentir. A l’opposé, la moindre parcelle d’ombre est exploitée jusqu’à saturation : devant les bars ou les stands de merch, sous les panneaux d’affichages, jusqu’au contour de tous les arbres du site. Et ce n’est que la fin de matinée.
Arrivé pendant le set de Lofofora, on assiste à l’irruption de Maxime Muscat sur scène, avec pour objectif de répandre l’amour parmi le public. Malgré l’accueil chaleureux, le circle pit ne pardonne pas.
Niveau stoner, le Hellfest nous a ressorti une vieille cuvée suédoise en ce début d’après-midi sous la Valley, avec Lowrider. Un album de 1999 au compteur et un retour en 2013, autant dire qu’on n’est pas sur du stoner de première fraîcheur. Les titres restent accrocheurs et avec un son généreux, des gros riffs, de la wahwah sur les soli et de quoi headbanger, la tente est comblée.
Par nostalgie, je tente de rejoindre la Warzone pour Tagada Jones, sans succès. Il me semblait pourtant que sur les premiers plans dispos l’accès était enfin corrigé : chemin qui contourne et arrivée face à la scène. Que nenni, à peine élargi, l’accès par le côté de la scène est l’éternel problème qui nuit à l’affluence de la Warzone. Ce sera pour l’année prochaine.
Je choisis de zapper la conférence de Ben Barbaud pour aller apprécier Black Tusk. Apprécier étant un bien grand mot, le son étant très difficile à cerner, limite bloquant. Je ne sais pas si c’est leur jeu habituel en concert, mais j’ai eu beaucoup de mal à retrouver ce que j’apprécie sur album, le côté foufou du chant crié/aigu. Très orienté basses, le mur de son n’a pas laissé passer beaucoup de sensations.
Court passage sur la Mainstage pour Soundgarden. Sympa, le Chris balance « Black Hole Sun » et « Rusty Cage » rapidement, pas besoin de rester plus longtemps, d’autant que c’est proposé sans folie particulière.
De tout le festival, mon unique concert sous la Altar/Temple n’est ni death, ni black, tout juste métal. Solstafir, troupe de cowboys du grand nord (Islande), est dans un autre registre. Une musique vide, au sens noble du terme : pas creuse, épurée (nuance). Le groupe prend son temps pour créer des ambiances planantes avant de lâcher les chevaux sur des passages plus rythmés. Pour trouver l’image la plus proche, ce serait comme prendre son temps pour vider un bidon d’essence, calmement, avant de craquer l’allumette et tout faire péter. Car oui, ça finit bien par péter un peu à un moment, mais la chevauchée dans le désert blanc est très progressive. On va s’arrêter là avec la métaphore équine, je vais finir par placer licorne dans un report de Hellfest.
Après mon seul concert sous la Temple, place à mon seul concert devant la Warzone, rendue accessible par Black Sabbath sur la Main Stage. L’ambiance est excellente devant Flogging Molly : festive, joyeuse, dansante. Après pas mal de doom et autres trucs bien sombres sur le weekend, le changement de ton est radical. Le groupe balance son punk-rock irlandais avec classe. Violon, banjo et guitares se mélangent créant une ambiance d’interceltique en plein festival de l’enfer. Le public, même fatigué pour cette dernière soirée, se met à danser dans la bonne humeur. Je m’échappe tout de même assez tôt pour me placer et me reposer un peu avant le dernier concert : Unida.
En chemin, je m’arrête deux minutes pour Black Sabbath, parce que quand même. C’est noir de monde, mais deux minutes c’est suffisant pour se dire qu’il vaut mieux faire une croix (inversée) sur Black Sabbath en live. Ce sacré Ozzy n’est définitivement plus tout jeune. L’anecdote de ce troisième jour se passe au même moment sous la Altar, où le bassiste de Soilwork a traversé la scène, littéralement (donc verticalement). Rien de grave, une fois ressorti des abysses de l’autel, le concert a repris.
La sieste sous la Valley est nécessaire et fait du bien : avec la distribution de rabe offerte par les américains, il faut bien ça. Comme Kyuss en 2011, les amateurs de stoner sont comblés pour leur tout dernier concert du weekend, avec un plaisir palpable de chaque côté de la scène. Vers la fin du set, Arthur Seay à la guitare commence à échanger avec John Garcia, dont on lit sur les lèvres la réponse « Sure, go ahead » : Arthur annonce alors que chez eux ils ont l’habitude de jammer, et qu’ils vont donc se lâcher un peu au lieu de suivre la setlist. S’en suit une dizaine de minutes d’impro, pas intégralement inoubliable, mais le geste est appréciable, touche de spontanéité au milieu d’un concert déjà excellent.
Des concerts plein les oreilles ce Hellfest 2014 se termine, toujours plus grand, toujours plus fort. A tous les niveaux, il faut être pointilleux pour des reproches. Reste quelques interrogations pour l’année prochaine, dont certaines ont commencé à trouver réponse. La date, inconnue jusqu’à septembre et dépendante du passage en centre d’examen du lycée tout neuf, n’a finalement pas bougé : troisième weekend de juin (19/20/21). En annonçant la date, l’organisation a également répondu à la question du quatrième jour : il n’y en aura pas. Ce quatrième jour était envisagé pour augmenter la fréquentation sans modifier le site. Car on a bien senti que le site actuel arrivait à saturation. Mais ne pouvant s’agrandir car bloqué entre les vignes, il faudra donc compter sur des optimisations pour accueillir encore plus de monde l’année prochaine. Surtout qu’avec une édition anniversaire des dix ans, il est peu probable que la fréquentation soit en baisse. On reste par contre dans le flou côté affiche pour cet anniversaire : l’objectif de longue date Iron Maiden ayant été atteint, quel sera le prochain gros poisson à ferrer ? AC/DC a été évoqué alors que Metallica serait hors de prix. Les annonces ne devraient plus tarder.
Un grand merci à Roger, à toute l’organisation et aux bénévoles.
Le dimanche de FooFree :
Premier concert de la journée et premier clash : Cobra ou Blues Pills ? Je laisse le chauve avec sa pilule bleue pour aller voir le concert le plus drôle de cette édition 2014. « C’est Cobra et c’est comme ça. Qu’ils aillent tous se faire enculer ». Petit sprint pour aller assister à la demi-heure des Satan’s Satyrs. J’accroche difficilement à leur son et me promet d’y revenir plus tard pour confirmer (ou infirmer) mon impression. Fin du marathon matinal avec une course pour attraper Lofofora qui prouve encore une fois que les français sont capables de remplir les grosses scènes et de foutre autant d’ambiance que leurs comparses anglophones.
On retiendra de l’après-midi le groove de Lowrider et Dozer, la triste inaudibilité de Black Tusk, le thrash de qualité d’Annihilator, le souvenir honteux de Seether et le soleil écrasant qui oblige sur les mainstages à repérer les métalleux les plus corpulents pour profiter de leur ombre.
La soirée débute avec un Soundgarden qui joue absolument tous les morceaux qu’on attend, mais sans conviction et donne un peu l’impression d’aller au boulot contraint et forcé. Je renonce ensuite à Spirit Caravan, vu la semaine précédente à Glazart, pour apprécier ce qui sera mon seul concert de black du week end : Emperor. L’empereur norvégien répand son souffle glacial sur Clisson et après la journée qu’on a eue, on peut dire que ce n’est pas pour nous déplaire.
Journée attaquée par un clash et achevée par un clash ! Celui-ci étant surement le seul vrai clash du festival puisqu’il concerne deux groupes qui partagent le même public : Black Sabbath et Unida. Unida ne commençant qu’après la première heure du Sabbath, je choisis de faire un 50/50, avant de réaliser que le temps de remonter toute la fosse à l’entracte, le risque serait de me gâcher les deux concerts. Le Sabbath est grand. Iommi nous béni de ses saints riffs et Ozzy est plutôt dans un bon jour contrairement à ce que certains ont pu raconter. Le concert s’achève avec un quart d’heure d’avance. Les papys grommellent que c’est pas juste et qu’il faut rembourser leurs invitations tandis que je cours en slalom en hurlant « Unida bordel ! Barrez vous cons de mimes ! ». J’atteins la Valley alors que « Black Woman » commence et je suis comblé. Le groupe enchaine ensuite sur un jam de psychopathe si bien que je ressors de la tente ravi, oubliant presque que Turbonegro clôture le festival. Sprint final pour rejoindre la Warzone où l’heure est clairement à la fête. Les turbojugend dansent, jettent leurs chapeaux en l’air et chantent leurs hymnes dégueulasses à pleins poumons. Le concert s’achève avec un invité de marque : un Nick Oliveri affublé du costume règlementaire qui viendra donner de la voix sur « I Got Erection ».
