Smashing Pumpkins ✖︎ Trabendo ✖︎ Paris

vm5
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Des calvities naissantes, des T-Shirts Zero usés, des couples inquiets à l’idée d’avoir laissé leur bébé aux grands parents pour la première fois, le public des Smashing Pumpkins n’est pas forcément de première fraicheur même si l’on entend ici ou là des conversations qui feraient plaisir à Billy Corgan : « j’ai découvert avec Oceania et depuis je suis fan » dit une jolie demoiselle pendant qu’un jeunot cherche à impressionner sa cavalière du soir : « c’est la deuxième fois que je les vois ». Le pauvre ne savait pas encore qu’il était placé près d’un fan psychopathe qui chante aussi faux que fort et qui fêtait sa treizième rencontre avec son groupe préféré.

C’est étonnamment à 20h02 que quelques cris attirent l’attention vers la scène sur laquelle Billy Corgan vient de faire son entrée. A la batterie Brad Wilk, à la basse la traditionnelle sirène sexy a cédé sa place au barbu et stoïque Mark Stoermer de The Killers. Le fidèle Jeff se fait attendre et Corgan fait patienter le public en jouant « Frère Jacques ». Quand tout le monde est en place, le groupe envoie tout de suite du lourd avec le récent « One and all ». D’où nous sommes le son est très bon, Corgan très en voix et les guitares tranchantes comme il se doit. « Being Beige » ensuite prend une dimension de mini classique pas forcément appréhendée aux premières écoutes et Corgan semble prendre un grand plaisir sur toutes les nouvelles compos jouées ce soir. Evidemment le public réagit lui plus massivement aux vieilles gloires : « Hummer », « Tonight tonight », « Disarm », « Drown » ou l’enchainement toujours imparable « Zero »/ « Bullet with butterfly wings ». Les chansons de Monuments to an elegy passent parfaitement –mention spéciale à « Drum+Fife »- et le riff de mi-chanson de « Tiberius » ne laisse pas la fosse sceptique. La bonne surprise de ce concert est le grand retour du tryptique « Glass and the ghost chidren » (ou comme entendu dans une conversation post concert « Ghost Children and mirror », ben oui, glass/glace/mirroir/mirror) qui a vu Corgan effectuer quelques pas de danse, une première partie furieuse menée par la basse coulante de l’impassible Mark, la section du milieu chantée par Corgan et le final, juste le grand chauve et sa guitare. Ce n’est pas très compliqué : à chaque tournée, cette chanson change de forme. C’est d’ailleurs le retour des arrangements différents ce soir puisque « Silverfuck » aussi se verra martyrisée entre riff proto metal et chant sautillant du bang bang you’re dead. Le final de « Stand inside your love » file le frisson, probablement la meilleure minute de musique composée par Corgan.

Comme la veille à Londres, un guest star mais pas de Marilyn Manson, ce soir c’est Ninja de Die Antwoord qui vient rapper (enfin faire quelques impros artistiques) sur la cover du « Fame » de Bowie. Brad Wilk assure sans sourciller toutes les parties rythmiques, Jeff est toujours aussi discret et efficace que son prédécesseur et Corgan semble particulièrement s’amuser sur quelques titres (« Fame« , « Glass and the ghost children« , « Being Beige« ). Après une petite heure trente, surprise, le groupe quitte la scène… pour mieux revenir avec l’inédit « Burnt Orange Black« , ballade langoureuse assez intemporelle et… c’est tout. Une petite heure quarante cinq et un rappel au rabais (« Ava Adore » était prévue…) seront là deux éléments amers d’une soirée en tous points réussie même s’il semble étrange de sortir d’un concert à 21h50 quand on a goûté aux shows dantesques de 3h du passé. Que toutefois cette légère impression de conclusion hâtivement arrivée ne gâche pas l’essentiel : nous avons vu Corgan en grande forme –il a d’ailleurs un peu minci- un groupe ne connaissant pas la notion de pilotage automatique (cf : Lille 2013 est loin dans les mémoires), des nouvelles chansons efficaces et dans l’enceinte du Trabendo, on se serait cru dans le clip de « 1979« , le rêve de tous les fans, non?

SETLIST :

One and All (We Are)
Being Beige
Hummer
Tiberius
Tonight, Tonight
Drum + Fife
Glass and the Ghost Children
Stand Inside Your Love
Monuments
Drown
Disarm
Zero
Bullet with Butterfly Wings
Fame (David Bowie cover) (with Ninja)
Silverfuck

Encore:
Burnt Orange-Black

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