Hellfest ✖︎ Plein Air ✖︎ Clisson

vm5
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12 min. de lecture

Dernier jour de ce Hellfest 2015, avec un programme très made in France.

Malheureusement et même avec pas mal de bonne volonté, deux jours de Hellfest dans les pattes ont raison du réveil et c’est loupé pour les français d’Hypno5e : mon écoute se limite au dernier titre en passant au pas de course derrière l’Altar. Mais le timing est parfait pour l’objectif principal : Hawk Eyes et une de leur première date française. La horde de bourrins lève-tôt amassée devant Iron Reagan ne fait pas l’effort de rester, c’est donc face à une Main Stage 1 complètement vide que se présente le groupe. On peut aller s’accouder tranquillement sur la barrière et les mecs de la sécu peuvent aisément repérer le naïf à 30m qui boit sa bière en bouteille comme si de rien n’était. Du coup, le groupe ne fait pas dans l’échange avec le public et le set est avalé d’un trait. J’ai quand même eu droit au sourire du bassiste à la vue de mon T-shirt Chickenhawk mais sinon les titres sont alignés sans blabla. Bien dommage, car la prestation est de qualité, les excellents titres du dernier album aidant. Je partais pourtant sur un a priori négatif, le Live in Amsterdam m’ayant fait un peu peur à l’écoute. Mais pas sûr que le groupe se lance sur une tournée française après un accueil aussi limité.

Direction la Temple pour assister à l’office de The Great Old Ones, histoire d’avoir envie de relire du Lovecraft. Très sombre et immersif, les bordelais parviennent à captiver avec un son pourtant pas des plus accessibles. Sorti de cette torpeur, pas loin à faire pour rester sur du français : Sofy Major sous la Valley, ajouté tardivement à l’affiche. Jolie découverte de mon côté, même si le groupe est actif depuis 2007. Leur énorme son tout en tension est parfait pour se sortir de l’état léthargique après le set ténébreux et planant de The Great Old Ones. De bonnes grosses claques pour se réveiller, avec des rythmiques qui attaquent bien en cette fin de matinée.

Surprise, pour l’évènement stoner du jour (Red Fang) il ne faut pas rester sous la Valley. Et non ! Les gars de Portland ont le droit de prendre le soleil en s’installant directement sur la Main Stage 1. Trop de public attendu et pas assez de place sous la tente ? Tentative d’extérioriser le stoner en dehors de la Valley ? C’est bien le groupe sur qui le tenter, la notoriété de Red Fang étant désormais sans limites. La populace est dense devant cette Main Stage, en parfait contraste par rapport à Hawk Eyes deux heures plus tôt. Malgré l’honneur de cette scène, le groupe ne déroge pas à ses petites habitudes en prenant le temps de se saluer au début du set, comme s’ils jouaient encore dans la petite salle du coin. Bien avancé pour en profiter, c’est une heure de concert bouillant auquel j’ai droit. L’ambiance est folle, le public euphorique et le groupe prend son pied à envoyer ses plus gros titres les uns après les autres. Je ressors trempé de la tête aux pieds, malgré un soleil brûlant. Pari réussi pour l’organisation, le stoner est roi sur une Main Stage.

Pas grand chose où j’ai vraiment été attentif sur le reste de l’après-midi, avec des passages furtifs devant Russian Circles, Grave Pleasures (qui, malgré un nom à passer sous la Altar, est un gentil groupe de Valley) ou Eyehategod, vite quitté pour se placer devant la Warzone.

Car le rendez-vous des français en début de soirée est bien devant la Warzone, bondée. Les Wampas, c’est cette année le groupe qu’il était de bon ton de citer aux gens qui s’imaginent encore qu’aller au Hellfest c’est pratiquer le sacrifice de chèvre au milieu d’un pentacle dessiné avec ses veines et éclairé à la bougie. A l’image de Faith No More, Didier en a d’ailleurs bien conscience. On a donc droit à des ovations pour l’abbé Pierre ou Noël, au milieu d’un gros bordel dans lequel le cinquantenaire passe la moitié du concert dans le public. Il y passe tellement de temps qu’il se fait même apporter une chaise pour être installé confortablement sur le public. Niveau titres, les classiques « Rimini » ou « Manu Chao » y passent forcément, au milieu des plus récents « Les Ravers de Spezet » ou l’honnête « C’est pas moi qui suis trop vieux, votre musique c’est vraiment de la merde !« . L’ambiance est survoltée mais reste bon enfant, surtout en faisant monter une petite fille sur scène pour introduire « Ce soir c’est Noël« . Un final en apothéose en allant se percher sur un stand de bouffe très loin face à la scène, pour finir dans la régie Warzone au milieu de la foule, pour une acclamation face un public hurlant « Didier Wampas est le roi« . Une dernière pensée pour le roadie à Didier, qui arrive à le suivre dans tous ses délires, allant jusqu’à tenir la perche du micro pendant un titre entier alors que le Didier hissé sur une boite de matos joue son morceau. Bref, Les Wampas se sont sentis à l’aise au Hellfest.

Je n’ai rien à ajouter pour ré-alimenter les débats sur Limp Bizkit, ayant vite quitté la Main Stage pour aller voir les vieux de Saint Vitus. Saint Vitus ou la valeur sure pour un concert posé et tripant, avec un doom old-school mais massif. Le drap accroché au plafond de la Valley trouve enfin son sens sur l’ultra-classique « Born Too Late« , puisque nous avons droit à un… lâcher de ballons. C’est ce titre qui boucle le set et le gap générationnel, puisqu’il doit y avoir une grosse vingtaine d’années entre la moyenne d’âge du public et celle du groupe.

En fin de soirée, pas question de s’endormir avec Superjoint (avec ou sans le Ritual). Le style très binaire du groupe de Phill Anselmo ne laisse pas la place à la rêverie, le moindre passage légèrement retenu étant vite bousculé par une accélération soudaine du tempo. Et la grosse voix du philou ne fait pas dans la berceuse non plus. De quoi finir en beauté, car c’est un échec cuisant qui me guette pour la suite. La fin de Superjoint devait permettre d’enchaîner avec NoFx, je presse donc le pas vers la Warzone. Là, un joli cordon de sécurité barre l’accès : Rise Against ayant annulé, NoFx a vu son set avancé. Et à voir le nombre de personnes qui se pointent encore vers la scène, l’info n’a pas assez tourné. Les deux vieilles espagnoles à qui je tente d’expliquer le malentendu ont le regard triste.

Il ne me reste plus qu’à me consoler sur Nightwish, mais ma vision stéréotypée du métal symphonique (et le retour de mes couilles) a vite repris le dessus et je ne tiens que 20 minutes. Je dis donc au revoir au Hellfest et décide de me consoler avec une bouteille de muscadet. Deuxième déception de la soirée, la dernière bouteille de la cuvée Hellfest se vend devant moi. Je quitte donc un Hellfest 2015 légèrement sur ma faim (et soif) mais avec toujours aussi peu de reproches à faire (voire même de moins en moins d’année en année, ce qui est plutôt bon signe). Des conditions optimales, un panel de groupes et de genres très large, de l’herbe partout : ça plus tout le reste, c’est quasi-parfait !

Le dimanche de FooFree :

Ayant de loin excédé mon quota de mots sur les jours précédents, je vais pour ce dernier jour me limiter à une phrase par groupe.

– La joie de voir qu’un bon paquet de métalleux s’est levé pour aller rigoler aux blagues pourries d’Iron Reagan à 10 h 30.
– La tristitude de constater que pour le concert d’Hawk Eyes qui commençait juste après sur l’autre Main Stage on n’était plus qu’une dizaine.
– La joie de constater que The Great Old Ones dispose de fans à fond dans leur délire lovecraftien qui crient « Ia ! Ia ! Cthulhu fhtagn ! » avant leur entrée en scène.
– La joie de voir que Red Fang est maintenant officiellement un gros groupe qui peut se payer une Main Stage sans problème.

C’est encore trop long, et puis ça va faire joie/tristitude/joie, c’est lassant. On va essayer de faire encore plus court:
Hollywood Undead : Linkin Park en pire.
Snot : violente bataille de crottes de nez.
Weedeater : Délivrance 2.
Les Ramoneurs de Menhirs : accès à la Warzone bloqué, pas assez de motivation pour aller se faufiler.
Eyehategod : les rois incontestés du bayou, classique niquage de sœur et maîtrise du larsen.
Cavalera Conspiracy : Ok.

En conclusion et pour revenir sur les aspects techniques, on n’était vraiment pas loin du sans fautes question organisation cette année. Des urinoirs partout et très peu de [s]queues[/s] files d’attente aux chiottes. Ceux qui pissaient contre un mur, c’était vraiment par nostalgie. Même chose pour les stands de bouffe du festival et les buvettes, où la carte de paiement cashless qui remplace les jetons a semblé faire son effet. Le seul reproche qu’on pourra avoir porte sur le son de la Valley, pas toujours impeccable alors que c’était le cas les années précédentes.

L’an dernier le Hellfest s’est imposé comme un des plus importants festivals européens par son affiche, cette année il le confirme par son organisation.

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