Damien Rice ✖︎ Cigale ✖︎ Paris

Paris, La Cigale – 15.03.2004
Après une première date en octobre dernier à la Boule Noire, c’est la Cigale que l’Irlandais Damien Rice s’en va charmer. Et c’est en compagnie de Josh Ritter que l’homme à la voix de velours affiche complet, où les places se vendent à 80 euros à l’entrée. A croire que même les vendeurs au noir avaient remarqué ce talentueux songwriter…

Suite à une première partie ratée pour cause de mendicité sur la voix publique à la recherche de quelques euros pour s’acheter une place, Damien prend place, en compagnie de Vyvienne au violon, Tomo à la batterie et Shane à la basse, mais en l’absence de Lisa Hannigan, au chant, en congé maladie apprend-t-on rapidement. Un petit « Bonjour » en français de laché, et c’est parti: histoire de conquérir les défenseurs de la langue française, « The Professor« , ancien titre absent de l’album, est joué aux fausses allures de compte pour enfants. Premier électrochoc: sa voix se veut la justesse même allant du chuchotement pur et simple aux aigues des hautes sphères. Tout ça, sans jamais tomber dans le chant forcé. Et rapidement, on se rend compte qu’il aura très peu de mal à combler le vide laissé par Lisa puisque « Volcano » sera applaudi et repris en choeur…

En fond, ce sont quelques magnifiques éclairages qui rendront le contexte encore plus idyllique. On passe d’humeur mélancolique à une atmosphère plus légère, Damien ne se gênant pas pour s’exprimer dans un français certes maladroit mais tellement attendrissant. Mais la lumière s’éteint, à sa demande, vraisemblablement concerné par la mise en scène. Histoire de jouer « Amie » et « Older Chests » dans de bonnes conditions: guitare acoustique et cordes vocales. S’il sait parfaitement utiliser ses organes vocaux, il n’hésitera pas à nous montrer que son doigté n’est pas mis de côté. Entre quelques anecdotes et autres boutades, c’est le fameux « Woman Like A Man » qui est joué, cette fois-ci à la guitare électrique. L’Irlandais s’énerve cette fois l’amplifiant d’émotions. Mais cette tension s’atténue quand arrive une chanson hommage, dédiée à Jacques Brel et à « Ne Me Quitte Pas« . Ainsi, « If You Leave Me Now » se finira très rapidement en sorte d’hymne tsigane où tout le groupe chante en tue tête, comme s’il ne s’agissait-là que d’un concert de comptoir. L’apothéose est finalement atteinte lors de « I Remember« , encore plus frissonnante que sur l’album, où la chaleur monte progressivement jusqu’à ce que la Cigale vibre sous le son de basses amplifiées. Damien, après avoir joué à la human beat box avec sa voix samplée en choeurs, ira même jusqu’à annoncer « J’ai cassé mon… euh mon string« , déclanchant une sorte d’explosion de rire nerveux.

Le set fini, la foule s’empresse de faire savoir son enthousiasme. Et parce qu’il s’agit là « de quelque chose de vraiment emotional« , deux titres sont à nouveau joués, dont un tronqué en trois morceaux. « Halleluja » est ainsi joué, micro coupé, Damien Rice posé tout seul sur scène, entouré de bougies. Sa voix ne peine absolument pas à remplir la salle qui baigne dans un silence quasi religieux. Et tristement, lors d’un second rappel, c’est « Blower’s Daughter » qui est rejouée, toujours en acoustique pour cause de nuisances sonores…

Après un peu plus de deux heures de concert, c’est la tournée européenne de Damien Rice qui s’achève, laissant derrière lui une drôle impression de flotter, d’être dans un monde qu’on ne quitterait pour rien au monde. Et pourtant, il le faudra, ne serait-ce que pour se jeter à nouveau sur l’impressionnant « O« .

Tracklist du show:
1. The Professor
2. Volcano
3. Amie
4. Older Cheats
5. Woman Like A Man
6. Tongue
7. Delicate
8. If You Leave Me Now
9. The Blowers Daughter
10. I Remember

Rappels:
11. Cannonball
12. Eskimo & ColdWater
13. Hallelujah
14. Inconnue

Et entre, beaucoup de blabla toujours bienvenu…